Communiqué
Le manifeste de la haine islamophobe
UJFP
Le 28 mars
dernier, la marche blanche en hommage à
Mireille Knoll
avait réuni des milliers de personnes à
Paris. LP/Guillaume Georges
Mardi 24 avril 2018
Un manifeste « contre le nouvel
antisémitisme » écrit par Philippe Val
a été signé par 300 personnalités. Vous avez dit
antiracistes ?
Qui sont ces
éminents antiracistes qui nous viennent
en aide ? Il y a Manuel Valls, qui
expliquait en septembre 2013 que « les
Roms ont vocation à retourner en
Roumanie ou en Bulgarie ». Il y a
Nicolas Sarkozy qui a passé son
quinquennat à pourchasser les
sans-papiers et dont un ministre
déclarait à propos des Arabes : « Quand
il y en a un, ça va, c’est quand il y en
a plusieurs que ça peut poser des
problèmes ». Il y a Laurent Wauquiez qui
fait du copier-coller de Marine Le Pen
sur l’immigration. Il y a Alain
Finkielkraut qui déclarait sur l’équipe
de France de football : « Elle n’est pas
black-blanc-beur, elle est
black-black-black, ce qui fait ricaner
toute l’Europe ».
On pourrait
continuer longtemps cet inventaire à la
Prévert. Bien sûr, ces braves gens vont
s’étrangler si on parle de racisme
d’État ou de racisme structurel
encouragé par l’État, par les
administrations, par la politique de
ségrégation territoriale...
L’antisémitisme
en France
L’antisémitisme,
c’est notre histoire intime. L’attribuer
aux musulmans est une contre-vérité
meurtrière. Pétain, Laval et les auteurs
de la rafle du Vel d’hiv n’étaient pas
musulmans. En cette période, ils
disaient des Juifs ce qu’aujourd’hui
certains disent des immigrés :
« inassimilables », « n’ont pas vocation
à vivre en France ». Prenez ce qu’on dit
aujourd’hui des Noirs, des Roms, des
Arabes et des musulmans et mettez à la
place le mot « juif ». Vous avez les
discours des années 30 et on sait où
cela a mené.
Simplisme et
contrevérités.
Quand on parle de
racisme, on ne parle pas comme au café
du commerce, à moins de vouloir faire
des simplifications populistes comme le
Front National. D’où sortent ces
chiffres abracadabrantesques : « les
Français juifs ont 25 fois plus de
risques d’être agressés que leurs
concitoyens musulmans. 10% des citoyens
juifs d’Île-de-France… ont été
contraints de déménager » ? Nos
statisticiens amateurs ont sûrement fait
des recherches sur les violences subies
par ceux qui habitent dans ce qu’ils
appellent avec mépris « les quartiers ».
Le texte parle de
la « radicalisation islamiste ». Nous y
voilà. Toutes les études sur les auteurs
d’attentats antisémites ou sur ceux qui
sont partis en Irak ou en Syrie montrent
que le cheminement a été majoritairement
un passage par la délinquance et la
prison puis la découverte d’un discours
« radical ».
Épuration
ethnique ?
On pourrait croire
que les signataires de ce texte parlent
du nettoyage ethnique de 1948 contre les
Palestiniens, cause d’une guerre
coloniale qui dure depuis des décennies.
Eh bien non ! Ces gens confondent
sciemment antisionisme et antisémitisme.
Ils essaient de faire croire que tous
ceux qui critiquent Israël, à commencer
bien sûr par la « gauche radicale » et
les « musulmans », sont des antisémites.
La guerre du
bien contre le mal
Les signataires de
ce texte s’inscrivent dans la logique du
discours de Georges W Bush contre l’axe
du mal » en 2002. Le mal pour eux, c’est
bien sûr l’islam. Pas tout l’islam, pas
le roi d’Arabie Saoudite. Ce régime
féodal et patriarcal est dans le camp du
« bien ». L’ennemi, c’est le musulman
des quartiers.
L’islam, voilà
l’ennemi
Nos signataires
veulent expurger les textes religieux
coraniques de propos inacceptables.
Pourquoi ne demandent-ils pas aussi aux
Chrétiens de retirer des Évangiles le
texte qui dit que les Juifs demandent
aux Romains de tuer Jésus ?
Nous autres, Juifs, pouvons leur
proposer d’en profiter pour nettoyer
certains textes de la Torah repris par
les colons passés depuis longtemps aux
« travaux pratiques » sur le terrain de
la Palestine : « Annihilez les
Amalécites du début jusqu’à la fin.
Tuez-les, et dépouillez-les de toutes
leurs possessions. Ne leur montrez
aucune pitié. Tuez sans arrêt, l’un
après l’autre. Ne laissez aucun enfant,
aucune plante, aucun arbre. Tuez leur
bétail, des chameaux aux ânes ». Ils
vont sûrement exiger qu’on cesse
d’assimiler les Palestiniens aux
Amalécites.
Vivre ensemble
dans l’égalité des droits.
C’est la seule
issue non barbare, en France comme au
Proche-Orient. Nous refusons la
division, la stigmatisation, le racisme
sous toutes ses formes. Et nous serons
toujours au côté des victimes de ce
racisme.
Le Bureau national
de l’UJFP le 24 avril 2018
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