Communiqué
Le racisme d’État n’existe pas ? :
la preuve
UJFP
Vendredi 15 décembre 2017
Un jour. C’est le temps qu’a tenu la
journaliste et militante décoloniale
Rokhaya Diallo au Conseil national du
numérique. Mounir Mahjoubi, secrétaire
d’Etat chargé du numérique, a en effet
annoncé la « recomposition » du Conseil,
le gouvernement ayant déclaré la
journaliste persona non grata. La
présence de Rokhaya Diallo troublerait
la « sérénité » dont a besoin le CNN
pour mener à bien sa mission.
Ce qui est reproché à Rokhaya Diallo,
c’est de participer, par son travail et
son militantisme, au développement d’une
compréhension politique du racisme et,
par conséquent, du champ de
l’antiracisme politique. Cheval de
bataille du gouvernement, il lui est
notamment reproché l’utilisation de
l’expression « racisme d’État ».
Rappelons que le ministre de l’Éducation
Nationale JM. Blanquer vient d’intenter
un procès au syndicat Sud-Éducation 93
pour l’utilisation de la même
expression. Cela alors que le syndicat
prévoit d’organiser un stage de
formation sur l’antiracisme à l’école,
dont deux ateliers pensés en non-mixité.
En écartant Rokhaya
Diallo, le gouvernement Philippe-Macron
poursuit son offensive réactionnaire. Il
s’agit bien, pour le gouvernement,
d’étouffer le développement de
l’antiracisme politique qui se structure
en France en tentant, entre autres, de
réduire au silence ceux qui pose la
question du racisme structurel, y
compris du racisme d’État. Le limogeage
de Rokhaya Diallo fait directement écho
au procès contre Sud-Éducation 93, à la
campagne médiatique et politique contre
Houria Bouteldja, Edwy Plenel, Alain
Gresh.
Non-mixité, racisme
d’État, blanchité, racisé. Autant
d’expressions que le gouvernement
souhaite voir disparaître et auxquelles
on pourrait ajouter : violences
policières, islamophobie, antisionisme.
Ces mots désignent avant tout des
réalités sociales, des oppressions
réelles, des rapports de domination qui
structurent la vie de millions de
personnes. Ils témoignent d’une société
intrinsèquement inégalitaire dans
laquelle les classes populaires
immigrées et/ou racisées sont reléguées
en marge et exposées à la pire des
exploitations. Est-ce un pur hasard si
plus de la moitié des personnes
emprisonnées en France sont musulmanes ?
Et c’est bien cela que le gouvernement
ne veut pas voir mis au grand jour.
L’UJFP emploie et
continuera d’employer l’expression de
racisme d’État pour témoigner du rôle de
l’État et de ses institutions dans la
production et la diffusion du racisme.
L’UJFP apporte tout
son soutien à Rokhaya Diallo et dénonce
fermement sa mise à l’écart.
Le Bureau national
de l’UJFP, le 15 décembre 2017
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