En traitant d’antisémite Siné,
Bernard-Henri Lévy joue sur
l’amnésie, car ceux qui mentent ont
une voix plus forte, tout au moins
dans les médias dominants.
Il faut se rappeler que Siné
avait repris en 2008 une
déclaration d’un responsable de la
LICRA dans un article de Libération,
où il affirmait qu’un fils Sarkozy
se proposait de se convertir au
judaïsme pour pouvoir épouser une
fille Darty. "Il ira loin, ce petit" [*],
a simplement commenté Siné.
Jamais cet article de Libé n’a
été attaqué ni démenti à notre
connaissance, mais c’est l’article
de Siné qui a été pris pour prétexte
par Philippe Val pour licencier Siné
de Charlie. Et la justice elle-même
a reconnu qu’il n’y avait rien
d’antisémite dans les propos
ironiques de Siné.
Déjà l’accusation
d’antisémitisme, opprobre absolue,
était utilisée pour disqualifier un
opposant, un gêneur, en l’occurrence
un empêcheur de passage tranquille
de Val au sarkozysme.
Notre ami Michel Warschawski ne
s’y était pas trompé, qui bien
qu’assez imperméable (comme d’autres
y compris parmi nous) à l’humour
Charlie (ou à l’humour Siné), avait
choisi de devenir le correspondant
de Siné hebdo à Jérusalem.
Le recueil de ses chroniques paru
chez Syllepse a été préfacé par
l’UJFP.
BHL fait comme si, dans la
mémoire sociale, c’est la version de
Val qui était vérité.
Au risque d’atteindre le
point Godwin nous dirions
volontiers que BHL est adepte du
principe "Calomniez, calomniez, il
en restera toujours quelque chose".
L’UJFP appelle à signer la pétition
de soutien à Siné.
Mais BHL ne s’arrête pas là et se
pousse du col pour la promo de son
livre. En déclarant que Tsahal est
l’armée la plus éthique du monde, à
propos de l’entrée de deux soldats
israéliens qui se sont « égarés »
dans le camp de Qalandia et ont été
délivrés par l’opération Hannibal,
BHL montre une capacité
d’aveuglement ou de mensonge
particulièrement gratinée.
Il choisit d’ignorer tous les
éléments qui rendent ridicule une
version officielle de deux pauvres
soldats non armés se perdant
involontairement dans un camp
palestinien malgré toutes les
pancartes et tous les
avertissements. Tout montre qu’il
s’agit d’un test grandeur nature,
d’une escarmouche délibérée pour
maintenir le climat de tension et
d’angoisse. Et bien sûr BHL ignore
tous les rapports concordants de ces
dernières années concernant les
comportements de plus en plus
contraires au respect des droits
humains commis par des soldats et
des officiers avec la bénédiction de
l’encadrement.
Or c’est cet individu, qui traite
Siné d’antisémite et défend
l’éthique de l’armée coloniale, qui
se permet de traiter de
« fascistes » les militants de la
campagne citoyenne non violente
Boycott Désinvestissement Sanctions,
notamment
interviewé par Paul Amar sur i24.
Fascistes ceux qui dénoncent
l’apartheid, l’épuration ethnique,
la colonisation ?
Fascistes ceux qui demandent le
respect du droit international ?
Fascistes les militants
anticolonialistes israéliens
victimes de lois réprimant leur
liberté d’expression ?
A l’heure où tous les
observateurs constatent l’extrême
droitisation de la politique
israélienne, à l’heure où les
courants colons religieux tiennent
des discours explicitement racistes
voire génocidaires, à l’heure où le
film d’Amos Gitaï a rappelé au monde
entier l’image de Nétanyahou à la
veille de l’assassinat de Rabin
discourant avec au dessus de lui un
portrait de Rabin en officier nazi
et une banderole « Mort aux
arabes ! », les gesticulations de
BHL nous inspirent dégoût et mépris.
Mais la vraie question est
peut-être : quand les médias
dominants cesseront-ils de présenter
ce faussaire comme un intellectuel,
quand arrêteront-ils de ne lui poser
que des questions de complaisance ?
Bureau national de l’UJFP, le 5
mars 2016