Liban
Liban : la souveraineté nationale
entre le vrai et le faux !
Émile Lahoud
Jeudi 27 mars 2014
La « souveraineté nationale » n’est pas
une vaine expression servant à disserter
sur les textes de toutes sortes de
chartes et de constitutions. Elle est
synonyme du concept de l'État, lequel se
fonde sur un territoire, un peuple, une
doctrine nationale ou un système
politique.
La souveraineté suppose la
« force », parce qu’aucun État n’est
souverain s’il ne justifie des raisons
de cette souveraineté sur son propre
territoire, tout autant que face aux
autres États. Autrement dit, nul État
n’est à même d’imposer le respect de son
indépendance, de sa libre décision, de
l’intégrité de sa terre et de son
peuple, s’il ne dispose de la
force capable de dissuader toute
agression d’où quelle vienne et de
quelle que nature qu’elle soit.
Depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale, le concept de Souveraineté
nationale s’est confondu en quelque
sorte avec la "Légitimité
internationale", du fait de la création
de l’Organisation des Nations Unies et
de sa Charte constitutive qui réaffirme
la souveraineté de chaque État et son
droit à se défendre en cas d’agression,
comme elle réaffirme le droit à
l’autodétermination en vertu duquel
chaque peuple se détermine librement au
sein d’une patrie correspondant à un
« État reconnu ».
Partant de là,
qu’en est-il de la souveraineté
libanaise ?
L'histoire moderne du Liban -
c'est-à-dire depuis sa libération du
mandat français - indique que le concept
de souveraineté a périodiquement varié
sans jamais prendre racine sur les deux
piliers de la force et de la doctrine
nationale, tant et si bien que certains
en sont arrivés à déclarer que « la
force du Liban résidait dans sa
faiblesse » ; ce qui signifie que, pour
ces gens là, la souveraineté n’est que
jeu de mots, distanciation, ou apparence
n’ayant rien à voir avec la dignité
d’une nation.
Cette approche ne tient plus depuis que
le Liban est tombé dans le feu allumé et
nourri par le conflit israélo-arabe,
notre ennemi usurpateur ayant interprété
notre souveraineté de cette même façon.
Il s’est autorisé à s’approprier notre
terre ainsi que nos richesses
naturelles. Il a frappé notre peuple
pacifique en détruisant nos
infrastructures lors de « promenades
militaires » censées assurer le confort
à ses troupes.
Mais le peuple s'est réveillé du sommeil
dicté par les théoriciens de la
prétendue « faiblesse protectrice » pour
suivre les voies de la Résistance et de
son Droit naturel à se défendre
lui-même, à défendre sa terre, et à
défendre sa souveraineté. Un droit
confirmé par les conventions
internationales et régionales, y compris
par la « Charte arabe des droits de
l'homme » [1].
Ce peuple a soutenu sa valeureuse armée
dont la doctrine s’est édifiée sur la
base du « Connais ton ennemi » ; à
savoir, l’entité ennemie usurpatrice et
le terrorisme. C’est ensemble qu’ils ont
repoussé l’agresseur, et c’est ensemble
qu’ils sont sortis victorieux lors d’une
formidable épopée libératrice offrant à
la nation arabe, toute entière, une
première victoire historique dans son
conflit avec l'entité usurpatrice : la
libération, par la force, d’une terre
arabe précieuse au Sud-Liban et dans sa
Bekaa occidentale
en 2000, suivie d’une victoire
écrasante contre l'agression israélienne
en 2006.
Ces actions nationales et fondamentales,
d’une grande qualité, ne peuvent
permettre que quiconque nous ramène en
arrière, ni permettre de nous priver de
la saveur de nos droits nationaux
récupérés à bout de bras par les héros
de l'Armée et de la Résistance.
Tel est ce peuple tenace auquel les
responsables, chargés de la gestion de
ses affaires, devraient témoigner
beaucoup d’admiration et de fierté au
lieu d'user d’une phraséologie
métaphorique issue de concepts erronés
de la souveraineté nationale, qu’ils
prétendent défendre. Étranges, les
méthodes de ces gens qui professent une
politique apaisante convenant aux juges
de paix mais répugnantes pour les
peuples victorieux de leurs ennemis !
La force ne signifie pas la loi de la
jungle. Elle est l’un des éléments de la
dignité et de l'invulnérabilité de
l’État, si nous réussissons tous
ensemble à la maintenir et à nous
abstenir de la disqualifier par une
argumentation bancale et douteuse.
Il est très dangereux de détourner ou de
dissimuler le vrai concept de notre
souveraineté nationale, d’autant plus
que ce concept a prouvé sur le terrain
qu’il était le plus approprié, le plus
sûr, et le plus efficace, pour repousser
l'agression et permettre à notre peuple
d’aller plus loin, la tête haute.
La soumission est synonyme
d’humiliation. Celui qui a refusé
l’ignominie et qui a pratiqué la
dignité, nul ne pourra le ramener aux
époques de l’humiliation nationale. Et
si le destin d’un peuple est de résister
et de se fortifier par lui-même, c’est
bien parce que la soumission qu’il
endure le concerne en premier.
Aujourd’hui, c’est la Syrie qui donne un
sens supplémentaire à la notion de
souveraineté en résistant face à une
guerre universelle menée contre l’État
syrien, aussi bien à l’intérieur de ses
frontières que dans les forums
internationaux et régionaux.
Mais c’est le terrain qui dicte sa loi
dans ce pays frère et le plus proche de
nous. Son peuple s’est rassemblé autour
de ses dirigeants fermement décidés à
gagner la victoire, et autour de sa
vaillante armée qui écrit avec le sang
de ses martyrs et de ses blessés une
épopée mémorable, qui entrera dans la
légende pour raconter la défense de sa
terre et de sa souveraineté.
La trahison des tenants de l’Ottomanisation,
par le terrorisme, ont remporté un
succès temporaire
contre la ville de Kessab et ses
habitants [2]. Nombre d’entre eux sont
d’authentiques Syriens pacifiques
d’origine arménienne, une communauté qui
a connu les massacres dont ils ont été
capables à une époque que nous pensions
révolue.
Mais Kessab résistera contre cette
nouvelle agression ottomane et ses
terroristes férus d’assassinats et de
destruction. Elle témoignera du concept
de la souveraineté nationale ancré dans
chacun des citoyens de ce peuple luttant
contre l’injustice et l’agression.
Puisse Dieu aider les âmes faibles, pour
qu’elles réussissent à se débarrasser du
fléau de la peur et s'habituer à l'ombre
qui ne cache pas la lumière du soleil.
Général Émile
Lahoud
Président de la République libanaise de
1998 jusqu’en 2007
25/03/2014
Source : Al-Binaa [Quotidien libanais]
Communiqué
du Bureau d’information de Son
Excellence le Général Émile Lahoud
http://www.al-binaa.com/index.php?option=com_content&view=article&id=103471
Traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Notes :
[1] La Charte
arabe des droits de l'homme
http://www.humanrights.ch/fr/Instruments/Regionaux/Arabe/index.html
[2] Des
activistes turcs condamnent les attaques
en cours à Kessab
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=98470
Le sommaire de Mouna Alna-Nakhal
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dossier Liban
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