Communiqué
Rapport du GIEC : la responsabilité est
politique
EÉLV
Lundi 8 octobre 2018
Le très attendu rapport du groupe
international d’experts sur le climat
est paru ce 8 octobre. Quatre ans après
celui qui servit de base aux
négociations de la COP21 et donna
naissance à l’Accord de Paris, ce
nouveau rapport sur l’objectif des 1°5C
de réchauffement global moyen sonne
l’alarme avec encore plus d’urgence que
le précédent. Si certains pays ont tenté
d’en interdire ou d’en censurer la
sortie, les conclusions sont pour le
moins sans appel : il y a urgence à
agir. Le
réchauffement climatique, contrairement
à ce que nombre de gouvernements et de
lobbies cherchent à faire croire, n’a
rien d’une fatalité. Il est le produit
de l’action humaine, le fruit de
décisions de responsables qui ont
préféré la politique de l’autruche à
l’action afin de mieux laisser le marché
décider au détriment du vivant et de la
santé. Faire face à ce dérèglement
implique des décisions globales et
systémiques : la faute comme la solution
sont politiques.
L’Accord de Paris
soulignait déjà la nécessité d’agir de
front, à travers le monde, dans un
sursaut commun pour la survie de
l’humanité. Trois ans après, la courbe
n’est pas infléchie. La France en
premier lieu, dont le gouvernement est
habile à donner de grandes leçons à
l’international sur la nécessité de
lutter pour le climat, est revenue en
catimini sur ses engagements, du
nucléaire aux émissions de carbone, et a
fait de l’inaction la base de sa
politique environnementale. En réponse,
la société civile s’organise et saisit
la justice pour faire valoir, qui son
droit à respirer un air sain, qui son
droit à une terre fertile.
Ce qui se joue en
cas de dépassement de l’objectif des
1,5°C de réchauffement global, c’est le
bouleversement des conditions de vie
partout sur le globe : au-delà d’un
certain seuil, les écosystèmes seront
déséquilibrés et le monde basculerait
dans l’inconnu. Le phénomène le plus
attendu est la hausse du niveau des
mers, mais si le point de rupture est
atteint, ce sont de nombreux phénomènes
météorologiques et saisonniers qui
pourraient changer complètement.
Le fait que les 10%
les plus riches de la population
mondiale soient responsables de
quasiment la moitié des pollutions alors
que les 50% les plus pauvres ne sont
responsables que de 10% des pollutions
témoigne d’un conflit d’intérêt patent
sur les politiques à mettre en oeuvre.
De fait, ces 10% qui dominent l’économie
répètent à l’envi et à grand renfort de
moyens que l’écologie serait une
politique punitive. Les écologistes
répondent que la seule punition réelle
et palpable est celle qui, par notre
inaction, condamne des millions de
personnes aujourd’hui et des milliards
demain. Augmentation de la faim dans le
monde, manque d’accès à l’eau de par sa
raréfaction, morts dues à la pollution,
pauvreté, perte de la biodiversité, …
autant de fléaux bien réels qui ne
feront que s’aggraver et toucher de plus
en plus de personnes si nous n’agissons
pas.
Europe Écologie –
Les Verts rappelle que les campagnes de
culpabilisation à l’encontre de la
population sont un moyen de faire
oublier que la responsabilité comme la
solution sont politiques. Les
multinationales qui, par leur action
prédatrice, accaparent les terres et
polluent eau, terre et air et les
responsables politiques qui les laissent
agir ont une immense responsabilité dans
le gâchis actuel et la catastrophe
potentielle. Alors que la France octroie
des exonérations d’impôts parfois
totales à ces entreprises et à leurs
actionnaires, Europe Écologie – Les
Verts rappelle que c’est leur action qui
a l’impact le plus lourd sur le climat
et que ce n’est pas à la population, par
l’impôt et au prix de sa santé, de payer
pour leurs crimes à l’encontre de
l’environnement.
La France et
l’Europe ont les moyens d’agir et des
leviers activables rapidement pour
enclencher l’urgente et nécessaire
transition requise pour rester sous la
barre des 1,5°C degrés de réchauffement.
La préservation des zones humides (lacs,
rivières, mangroves, etc.), des forêts
et des espaces naturels dans leur
ensemble est une priorité tant leur
capacité à capter naturellement le
dioxyde de carbone est forte. C’est
l’action humaine qui les fait
disparaître, c’est aux politique de les
protéger, pas de céder aux sirènes
américaines qui voudraient accaparer des
terres utiles pour instaurer des
captations chimiques de CO2.
Ré-ensauvager l’Europe, taxer les
pollueurs de façon drastique afin de
changer les modes de production,
rediriger cet argent vers celles et ceux
qui en ont le plus besoin, aider
l’agriculture industrielle à faire la
transition vers une agriculture
biologique et durable, mettre en place
le principe pollueur-payeur, en finir
avec les projets destructeurs d’espaces
naturels et agricoles comme le
contournement ouest de Strasbourg et
tant d’autres… autant de solutions à
portée de main qui ne demandent qu’un
peu de courage politique pour être mises
en œuvre, créer de l’emploi stable et
local et préserver la planète du
réchauffement global.
Julien Bayou et
Sandra Regol, porte-parole nationaux
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