Communiqué
Lutter contre les violences
policières :
l’enjeu de la transparence
et du débat démocratique
EÉLV
Mardi 2 juin 2020
Samedi 23 mai,
Camélia Jordana a dénoncé les violences
policières sur le plateau de l’émission
“On n’est pas couché ». Au plus haut
niveau de l’État, le ministre de
l’Intérieur, a appelé à “une
condamnation sans réserve” de ces
“propos mensongers et honteux.” Les
écologistes expriment toute leur
inquiétude quant à un déni du problème
systémique des violences policières et
au refus d’un débat démocratique sur
cette question, alors même que seuls la
transparence et le dialogue
permettraient d’endiguer le phénomène.
Depuis cette
séquence, une bonne partie des médias,
nombre de politiques et des syndicats de
police se sont ligués contre la
chanteuse, et le syndicat policier
Alliance a décidé de saisir le
procureur.
Pourtant, le 6 mai
dernier, deux policiers ont été
condamnés à quatre ans de prison, dont
deux fermes, pour avoir roué de coups un
adolescent de 16 ans dans un quartier
populaire du Nord de Marseille. En avril
dernier, la diffusion d’une vidéo de
policiers tenant des propos racistes
lors d’une interpellation a suscité une
vague d’indignation sur les réseaux
sociaux : “un bicot comme ça, ça nage
pas. Ça coule. Tu aurais dû lui
accrocher un boulet au pied”. Il y a
quelques jours, une nouvelle vidéo
montre une intervention violente des
forces de l’ordre dans un quartier de
Lille : coups de matraques, lacrymogène
à bout portant et insulte à caractère
raciste « FDP bougnoules ».
Malgré cette
multiplication de témoignages de
violences policières, nous n’avons
observé que très peu de réactions de la
part du gouvernement. Lorsque Camélia
Jordana alerte sur le fait qu’il y a
“des milliers de personnes qui ne se
sentent pas en sécurité face à un flic,”
elle met le doigt sur un point que le
Gouvernement a choisi d’ignorer :
aujourd’hui, il existe un malaise autour
de la question des violences policières
et le gouvernement choisit d’éviter le
débat de fond, contribuant à fragiliser
le dialogue entre police et population
et la cohésion sociale.
Dans un avis rendu
le 12 mai, le Défenseur des droits a
dénoncé des contrôles et des violences
policières discriminatoires
“systémiques” ciblant des jeunes adultes
d’un quartier populaire du 12e
arrondissement à Paris.
Ces inégalités
territoriales manifestes ne garantissent
pas un droit à la sécurité pour tou·te·s
: les quartiers populaires ne demandent
ni paternalisme ni traitement de faveur,
mais le respect du pacte républicain.
Les familles y vivant souffrent d’une
sous-dotation de services publics par
nombre d’habitants et d’une insécurité
dont elles sont les premières victimes.
Il est temps de sortir des logiques
sécuritaires d’affichage.
La question des
violences policières n’est pas le fait
d’individus, mais bien d’un contexte qui
les autorise, protège celles et ceux qui
les commettent, et réduit les victimes
au silence. Dans le même temps, nombre
de policiers s’inquiètent aujourd’hui de
ce que l’opinion publique leur soit
défavorable, beaucoup sont victimes
d’insultes ou des tensions locales et
certains sont parfois blessés dans le
cadre de leur travail. Pour protéger
certain·e·s, le gouvernement choisit de
jeter l’opprobre sur toute une
profession.
Europe Écologie Les
Verts attend donc du gouvernement qu’il
condamne le déferlement de propos
racistes, sexistes et menaçants à
l’encontre de Camélia Jordana, et
appelle à un débat démocratique pour
mettre fin aux violences policières.
Alain
Coulombel et Éva Sas, porte-paroles
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