Communiqué
Omar Barghouti recouvre provisoirement
la liberté de voyager
Comité National Palestinien BDS
Dimanche 7 août 2016
L’interdiction de voyager imposée par le
gouvernement israélien au cofondateur de
BDS, Omar Barghouti, a été
temporairement suspendue pour deux mois
lors d’une audience au tribunal du
district de Haïfa, le 19 juillet 2016.
Barghouti
était sous le coup d’une interdiction de
déplacement depuis avril 2016,
manifestement fondée sur l’allégation
par l’État que « le centre de sa vie
n’est pas en Israël ». Des ministres
israéliens et des porte-parole officiels
ont cependant explicitement affirmé que
les activités de défense des droits
humains de Barghouti au sein de
BDS étaient le véritable motif de
cette interdiction anti-démocratique.
Face à l’échec du
ministère de l’intérieur israélien à
prendre les dispositions juridiques
requises avant de décider de renouveler
les documents de voyage de Barghouti,
son avocate, Gila Barzili, a
proposé au tribunal que le ministère
accorde au moins à Barghouti un
renouvellement temporaire de ses
documents de voyage jusqu’à ce que les
obligations requises soient remplies. Le
procureur général a accepté cette
proposition.
L’examen des
preuves présentées au nom de
Barghouti – qui montrent que son « centre
de vie » est bien dans ce qui est
actuellement Israël – et le fait de lui
accorder une audience sont considérés
comme des droits élémentaires auxquels
il est habilité, avant que l’État ne
décide quelque mesure que ce soit de
violation de ses droits humains.
Le tribunal du
district de Haïfa a décidé que le
ministère de l’intérieur doit procéder
au ré examen de la demande de
renouvellement des documents de voyage
de Barghouti et que jusque là il
a le droit d’avoir un renouvellement de
passeport.
À peu près au même
moment, Barghouti a été informé
qu’il était lauréat, avec Ralph Nader,
du Prix Gandhi pour la Paix 2016,
sur demande de l’organisation
étatsunienne Promoting Enduring Peace
(Promouvoir une Paix Durable). Le
Prix Gandhi pour la Paix a été
attribué depuis 1960 à des personnes
ayant « contribué de façon
particulière à la paix mondiale, par la
création d’une écologie durable et de la
justice sociale ».
Prenant la parole
au nom du Comité National Palestinien
BDS (le BNC), la plus large
coalition de la société palestinienne à
la tête du mouvement mondial BDS,
Mahmoud Nawajaa a réagi à la
décision en disant :
« Cette
suspension temporaire de l’interdiction
de voyager faite par Israël à Omar
Barghouti est clairement le reflet de
l’impact de la condamnation mondiale de
cette interdiction et de la guerre que
mène Israël en toute impunité,
d’espionnage et de propagande contre
BDS ».
« Si l’on évoque
les pires jours du Maccarthisme, Israël,
tout comme ce qu’a fait le régime
d’apartheid d’Afrique du Sud, irrite le
courant progressiste et étend
involontairement l’attractivité de
l’appel BDS au sein de ce
courant, à un niveau jamais encore
atteint ».
« La guerre
d’Israël contre BDS est comme un
retour de flamme. Elle a déclenché la
reconnaissance longtemps attendue des
gouvernements européens et des
organisations de défense des droits
humains du droit de plaider et de faire
campagne pour les droits des
Palestiniens au moyen du boycott contre
Israël ».
Nawajaa a conclu :
« Mais ne nous
endormons pas. Il ne s’agit là que d’un
délai de procédure dans le processus en
cours de punition d’Omar par Israël pour
sa défense des droits humains des
Palestiniens. Nous incitons les gens de
conscience dans le monde à intensifier
leurs efforts pour contrer la guerre
répressive d’Israël contre BDS,
étant donné que seule une pression
effective et soutenue peut avoir un
impact significatif. Nous appelons les
militants de BDS à continuer leur
action exaltante pour le développement
du mouvement pour la liberté, la justice
et l’égalité pour les Palestiniens. »
Notes
Information de base
sur les poursuites contre Omar
Barghouti et la guerre juridique
d’Israël contre le mouvement BDS.
1. Omar
Barghouti et son avocat ont été
informés directement (en personne) au
bureau d’Acre du ministère de
l’intérieur, le 19 avril 2016 que le
ministère avait rejeté sa requête de
renouvellement de ses documents de
voyage (avec son permis de retour).
2. Barghouti
est un résident permanent d’Israël
depuis 1994. Depuis 22 ans il vit à Acre
avec sa famille, en toute légalité et
sans avoir contrevenu à la loi en quoi
que ce soit.
3. Étant donné que
Barghouti est de nationalité
jordanienne, il doit sortir et rentrer
dans le pays avec des documents de
voyage israélien, qui doit être
régulièrement renouvelé (tous les deux
ans en moyenne). Jusqu’à cette récente
vague de répression israélienne
anti-démocratique contre le mouvement
BDS en général et contre
Barghouti en particulier, ce dernier
n’avait jamais rencontré de problème
concernant le renouvellement de ses
documents de voyage.
4. En refusant de
renouveler ses documents de voyage,
Israël lui a imposé de fait une
interdiction de voyager. C’est le
premier pas vers la révocation de son
statut de résident, ainsi que les
autorités israéliennes en ont clairement
informé l’AFP, l’AP et autres media. Le
procureur général étudie la possibilité
de cette révocation.
5. Human Rights
Watch a condamné cette interdiction
de voyager et a déclaré : « le refus
d’Israël de renouveler le document de
voyage de Barghouti apparaît comme une
tentative de le punir d’exercer son
droit à s’engager dans un militantisme
politique pacifique, en ayant recours à
son arsenal de contrôle bureaucratique
sur la vie des Palestiniens ».
6. Cette
interdiction de voyager concrétise de
fait une partie des menaces prononcées
contre Barghouti et contre
d’autres défenseurs des droits humains
(DDH) par quatre ministres israéliens
lors de la plus importante conférence
anti-BDS organisée à Jérusalem le
28 mars 2016, après qu’Israël ait échoué
depuis plus de 10 ans à affaiblir la
croissance impressionnante du soutien à
BDS. La menace la plus sérieuse a
été celle « d’assassinats civils
ciblés » contre des « leaders »
de BDS, pouvant s’appliquer à des
dirigeants de BDS n’importe où.
7. Amnesty
International a condamné ces menaces
et a exprimé sa préoccupation quant à « la
sécurité et la liberté » de
Barghouti et a soutenu son droit en
tant que défenseur des droits humains à
faire campagne « pour tenir Israël
responsable des violations des droits
humains et d’autres violations du droit
international » et pour revendiquer
« l’utilisation de moyens non
violents dans cette action ».
8. Dans une
déclaration officielle à l’AFP, une
porte-parole du ministère israélien de
l’intérieur a dit : « Le ministre
(de l’intérieur) entend se pencher
sur le statut (de Barghouti). Il
vit à Ramallah la plupart du temps et ce
qui détermine en partie le statut de
résident permanent c’est le lieu où se
trouve le centre de vie. Ses activités
(BDS) entrent aussi en ligne
de compte ».
9. Cette
interdiction de voyager et la
perspective de la révocation du statut
de résident permanent de Barghouti
interviennent en pleine campagne de
répression menée par Israël et ses
groupes de pression partout dans le
monde pour délégitimer BDS et la
solidarité avec la Palestine en général
et pour viser les défenseurs des droits
humains palestiniens, israéliens, et
internationaux qui revendiquent et
mènent des campagnes non violentes via
BDS, pour les droits des
Palestiniens, sous l’égide du droit
international.
10. À part son
usage déclaré des services de
renseignement pour espionner des
citoyens et organisations occidentaux
actifs dans la défense des droits
humains, Israël a réussi, par du
lobbying auprès de gouvernements « amis »,
à ce que soient votées des lois anti-BDS,
que soient mises sur « listes noires »
des personnes et des organisations qui
soutiennent BDS et que soient
prises d’autres mesures répressives,
anti-démocratiques, contre leurs propres
citoyens impliqués dans BDS.
11. Cela a eu pour
effet de saper les droits civils, la
liberté de parole et le droit
d’association et a installé un
environnement répressif en France, au
Royaume Uni, en Allemagne, Italie,
Autriche, [Belgique – NDLR] et ailleurs,
qui fait penser aux heures les plus
sombres de l’ère du Maccarthisme aux
États-Unis.
12. Le journaliste
et avocat constitutionnaliste, Glenn
Greewald, connu pour avoir fait
connaître l’affaire de la surveillance
par la NSA, a décrit cette série de
mesures draconiennes savamment
orchestrées contre le mouvement de
BDS comme « la plus grande menace
sur la liberté d’expression en Occident ».
13. Des
organisations américaines de défense des
droits civils de premier plan telle
l’Union Américaine pour les Libertés
Civiles, ont pris une position de
principe sans équivoque de soutien au
droit d’appeler à et de s’engager dans
des campagnes en vue de boycotter Israël
et de désinvestir de sociétés impliquées
dans les violations par Israël du droit
international et des droits des
Palestiniens.
14. Les
gouvernements suédois, néerlandais et
irlandais ont pris publiquement la
défense du droit de revendiquer et de
faire campagne pour les droits des
Palestiniens dans le cadre du droit
international au moyen de BDS, et
des organisations telles qu’Amnesty
International et la
Fédération Internationale des Droits de
l’Homme (FIDH) ont fait de
même.
15. Plus de 23 000
personnes ont signé une pétition de
BDS adressée à l’ONU
concernant le droit au boycott, #RightToBoycott,
et un témoignage sur le sujet a été
présenté au dernier Conseil des Droits
Humains de l’ONU.
16. À la suite
d’autres organes américains de la grande
presse, le Los Angeles Times a récemment
publié un éditorial promouvant le droit
de s’engager dans le boycott d’Israël en
tant que « forme protégée de la
liberté d’expression ».
17. En Europe, plus
de 350 organisations de la société
civile, de partis politiques et de
syndicats ont manifesté leur plein appui
au droit d’appeler au boycott contre
Israël.
18. L’Internationale
Socialiste (Socialist International,
SI) a reconnu BDS comme stratégie
efficace pour combattre l’occupation
israélienne et le déni des droits des
Palestiniens
19. Plus de 30
députés européens ont appelé Federica
Mogherini, Haut Représentant de l’UE
pour les affaires étrangères, à prendre
des mesures assurant la liberté
d’expression du mouvement de BDS
à direction palestinienne pour la
justice et l’égalité et à reconnaître à
Omar Barghouti, un des fondateurs
de BDS, la qualité de défenseur
des droits humains.
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