Ont pris la
parole lors de ce
rendez-vous, cinq
protagonistes
majeurs de cette
affaire d’État :
•Dan Van
Raemdonck, le
Secrétaire général
de la FIDH ;
•Christophe
Marchand, l'avocat
belge de Bahar
Kimyongür ;
•Le Sénateur Écolo
Benoit Hellings ;
•Lieven De Cauter,
Philosophe à la
KUL ;
•Bahar Kimyongür, en
direct via skype
depuis Marina Di
Massa où il est
assigné à résidence
dans l'attente d'une
décision de la
justice italienne
quant à son
extradition.
Voici le
compte-rendu des
prises de parole de
chacun de ces
intervenants,
combiné à
différentes vidéos
développant leurs
argumentaires :
Dan Van Raemdonck
(Secrétaire Général
de la FIDH) :
«5000 personnes
ont déjà signé la
pétition
www.freebahar.com.
Il faut faire
exploser ce
chiffre !»
Pour le Secrétaire
général de la
Fédération
Internationale des
droits de l'Homme,
ça suffit ! Depuis
des années, des
États européens
acceptent de donner
suite aux demandes
d'extradition
formulées par la
Turquie à l'encontre
de Bahar Kimyongür,
alors que ces
demandes portent
atteinte à la
liberté
d'expression, alors
que le citoyen belge
a déjà été acquitté
en Belgique et que
les Pays-Bas ont
refusé –dès 2006–
son extradition.
Dan Van Raemdonck a
introduit la
conférence de presse
de ce lundi 20
janvier 2014
consacrée au cas
Kimyongür en
soulignant que cette
affaire prouve que
le régime turc tente
de museler la
contestation sociale
non seulement dans
son propre pays mais
également à
l'étranger.
«Que nos politiciens
n'aient pas encore
compris que la
question de la
liberté d'expression
est essentielle
constitue un
véritable scandale,
étant donné tout le
travail
d'information qui
est mené par les
associations de
défense des droits
de l'Homme à ce
sujet. Ou ils sont
bêtes ou ils ont un
autre agenda», s'est
offusqué Monsieur
Van Raemdonck. Le
linguiste a insisté
sur le fait que seul
une évolution du
rapport de forces
serait susceptible
de faire changer les
choses en la
matière.
Le professeur à
l'ULB a donc clôturé
son intervention en
encourageant la
société civile à
faire croître la
mobilisation autour
de cette affaire. Il
a également appelé
tous les citoyens à
signer la pétition
en ligne contre
l'extradition de
Bahar Kimyongür sur
www.freebahar.com
En 10 jours à peine,
5000 personnes, dont
de nombreuses
personnalités comme
Noam Chomsky, ont
déjà apposé leur
signature au bas de
ce texte. «Il faut
exploser ce
chiffre», a lancé
Dan Van Raemdonck
qui est le
porte-parole de la
pétition.
Vous pouvez
visionner la vidéo
de la prise de
parole de Dan Van
Raemdonck sur :
http://www.youtube.com/watch?v=IUL5Mv7c-CU
Maître Christophe
Marchand, avocat
belge de B.
Kimyongür :
«Pour aider
Kimyongür, la
Belgique doit
exercer une pression
maximale sur la
Turquie et prendre
une initiative
législative.»
L'avocat Christophe
Marchand est revenu
–au cours de la
conférence de presse
organisée par la
FIDH, la LDH et le
CLEA– sur la saga
judiciaire vécue par
Bahar Kimyongür.
Il a rappelé que son
client a d'abord
fait plier le
parquet fédéral
belge qui tentait,
en le poursuivant,
d'étendre la loi
antiterroriste à la
liberté
d'expression. Ce
sont ensuite les
Pays-Bas qui ont
refusé de donner
suite à la demande
d'extradition de la
Turquie. Récemment,
l'Espagne l'a libéré
mais une procédure
d'examen de la
demande
d'extradition turque
est en cours dans ce
pays ; de même qu'en
Italie où Bahar
Kimyongür est
actuellement assigné
à résidence. Il
s'agit, selon la
défense de Kimyongür,
d'une forme moderne
d'emprisonnement. Le
citoyen belge est de
la sorte banni dans
un endroit reculé.
L'avocat s'est
également plaint des
pouvoirs limités des
juges en ce qui
concerne les
extraditions, une
matière diplomatique
qui dépend du bon
vouloir des
gouvernements.
Maître Marchand
remarque ainsi que
l'UE «avance» en
matière de
répression mais
qu'elle recule au
niveau des libertés.
Selon lui, le
meilleur moyen de
mettre fin à
l'acharnement
judiciaire subi par
Kimyongür réside
dans le fait que les
États, et en premier
lieu la Belgique,
fassent pression sur
la Turquie afin
qu'elle retire le
mandat d'arrêt
international
délivré à l'encontre
du ressortissant
belge et que son
signalement Interpol
puisse être effacé.
De manière générale,
le juriste estime
nécessaire une
évolution du droit
belge et du droit
européen, afin que
les décisions des
juges en la matière
soient applicables
dans toute l'UE
(ainsi, la décision
hollandaise contre
l'extradition de
Bahar Kimyongür
pourrait valoir dans
toute l'Europe).
Christophe Marchand
invite donc la
Belgique à prendre
une initiative
législative en ce
sens dans les plus
brefs délais.
Pour visionner
l'intégralité de
l'intervention de
Christophe
Marchand :
http://www.youtube.com/watch?v=lyBRtUBRNS4
Benoit Hellings
(Sénateur) :
«Le gouvernement
belge doit arrêter
d'entretenir des
liens de dépendance
avec le régime
d'Ankara».
Au cours de la
conférence de presse
organisé à Bruxelles
ce lundi 20 janvier
2014 à propos du
«cas Kimyongür , le
Sénateur Écolo
Benoit Hellings est
revenu sur le rôle
trouble joué par la
Belgique dans cette
affaire et sur les
diverses
interpellations
parlementaires qu'il
a faites dans ce
cadre.
Il a ainsi rappelé
qu'un accord de
coopération en
matière de
«sécurité» avait été
récemment signé par
la Belgique et la
Turquie. Celui-ci a
été mis en œuvre en
mai 2013 (au moment
où débutaient les
révoltes du parc
Gezi à Istanbul,
mouvement populaire
auquel le
gouvernement AKP a
répondu par la
force, une
répression qui a
entraîné la mort de
6 personnes et plus
de 8500 blessés).
Le 22 mai, Joëlle
Milquet s'est rendue
en Turquie. Dans son
communiqué, la
ministre de
l'Intérieur s'est
félicitée des
résultats de cette
rencontre entre
polices : la Turquie
promettait de
stopper les
djihadistes belges
se rendant en Syrie
via son territoire ;
la Belgique
s'engageait à
renforcer la lutte
antiterroriste
(notamment vis-à-vis
du DHKP-C).
Cet élément a mis la
puce à l'oreille du
Sénateur puisqu'en
Belgique quand on
parle du DHKP-C, on
pense immédiatement
à Bahar Kimyongür
(entre 2005 et 2009,
ce dernier a, en
effet, été poursuivi
–puis acquitté– au
cours de 4 procès et
3 cassations dans
cette affaire).
Quelques jours après
la visite de la
ministre belge, le
28 mai, la Turquie a
d'ailleurs relancé
son mandat d'arrêt
international contre
Kimyongür... et le
17 juin 2013, le
citoyen belge a été
arrêté en Espagne
sur cette base.
Le Sénateur se
demande donc s'il ne
s'agit pas d'un
donnant-donnant
entre la Turquie et
la Belgique. Un
donnant-donnant
tronqué, dans lequel
la Belgique est
demandeuse et la
Turquie fait ce
qu'elle veut
puisque, au moment
où Kimyongür risque
d'être extradé, les
autorités du royaume
doivent reconnaître
que la Turquie n'a
intercepté «que» 20
combattants belges
en route vers la
Syrie sur les 200
officiellement
recensés.
En fait, pour le
parlementaire,
l'affaire Kimyongür
renvoie aux
problèmes plus
généraux que sont
d'une part,
l'interconnexion de
multiples bases de
données policières
qui permet ce genre
d'arrestation et
d'autre part,
l'approbation par la
Belgique d'une série
de lois qui créent
des liens de
dépendance vis-à-vis
de la Turquie.
«C'est à cause de
cela que des
militants, des gens
qui n'ont en rien
commis des actes
terroristes, sont
enfermés sous des
prétextes
fallacieux. Si
l'opposant
politique, Bahar
Kimyongür, en est
l'illustration la
plus évidente, il y
a un risque de voir
ces affaires se
multiplier», s'est
inquiété le
responsable Écolo.
Pour conclure son
intervention, Benoit
Hellings a réaffirmé
sa volonté de
modifier le regard
que les autres
parlementaires
portent sur cette
affaire ; en
espérant que le cas
de Bahar puisse leur
faire prendre
conscience de
l’importance du
combat pour la
liberté
d'expression.
Pour découvrir
l'intervention
filmée du sénateur
Benoit Hellings :
http://www.youtube.com/watch?v=WDVtyqUOyl0&feature=youtu.be
Lieven De Cauter
(philosophe) :
«La guerre contre
le terrorisme agit
comme un bulldozer
qui détruit la
liberté
d'expression.»
Selon le professeur
de la KUL, on
assiste depuis 2001
à une
criminalisation de
l'activisme dont la
presse et le public
ne sont pas
conscients puisque
ce processus est
masqué par la
«guerre contre le
terrorisme».
En Flandre, c'est
évident puisqu'il
n'y a aucune
réaction dans la
presse autour du cas
d'un citoyen belge
qui est en prison en
Italie pour des
raisons politiques.
Lieven De Cauter
estime qu'il faut
briser ce mur du
silence.
Il a tenté de le
faire dans la presse
flamande en étant
même prêt à payer
pour que sa Carte
blanche à propos de
l'affaire Kimyongür
soit publiée sous
forme de publicité.
Cela lui a été
refusé. Il a porté
plainte au Conseil
du journalisme...
qui n'y a pas donné
suite.
Et le professeur
d'université de
s'interroger : «Si
Bahar Kimyongür
s'était appelé Jan
Janssens, la presse
aurait-elle osé se
taire pendant deux
mois ?»
Pourquoi la
situation est-elle
bloquée de la
sorte ? Certes, les
accords entre la
Belgique et la
Turquie entrent en
ligne de compte,
convient Lieven de
Cauter. Mais, il va
plus loin. On le
sait, la Belgique a
déjà essayé de
livrer Kimyongür à
la Turquie, en 2006,
via les Pays-Bas (à
cet égard, Bahar a
déposé une plainte
«contre x». Un juge
d’instruction mène
actuellement une
enquête dans ce
cadre et interroge
des personnes). Le
philosophe ne
prétend pas
démontrer
l'existence d'un
lien de causalité
entre cette affaire
et la situation
actuelle de Bahar.
Mais il est
néanmoins nécessaire
de s'interroger sur
ce silence
médiatique quand il
est évident que des
membres de «l’État
profond belge» (des
hauts responsables
de la police
notamment) seraient
extrêmement soulagés
de voir Bahar
disparaître alors
qu'ils vivent cette
instruction comme
une épée de Damoclès
au-dessus de leur
tête.
Monsieur De Cauter a
insisté, au cours de
la conférence de
presse, à de
multiples reprises :
«La société civile,
les mondes politique
et judiciaire
doivent briser ce
mur du silence.»
Car, selon lui, la
guerre contre le
terrorisme agit
comme un bulldozer
détruisant les
droits de l'Homme et
la liberté
d'expression.
Et le philosophe de
conclure, «si Bahar
éprouve des
sympathies pour le
DHKP-C, c'est une
erreur de sa part.
Mais, la liberté
d'expression
n'existe que si on a
le droit d’exprimer
des opinions
fausses !»
Écoutez
l'intervention du
philosophe Lieven De
Cauter dans son
entièreté, sous
format vidéo :
http://www.youtube.com/watch?v=qwXFOkq6WAI
Bahar Kimyongür :
«Je suis un
''Snowden
artisanal'' et quand
vous êtes un
dissident en Europe,
on vous détruit !»
Après avoir
chaleureusement
remercié toutes les
personnes qui le
soutiennent, Bahar
Kimyongür a, au
cours de la
conférence de presse
organisée ce 20
janvier par la FIDH,
dénoncé avec
véhémence le
caractère
«politique» de la
«guerre menée contre
le terrorisme».
«Erdogan est le chef
d'une organisation
terroriste
internationale.
Milquet et Reynders
laissent partir des
djihadistes vers la
Syrie via la
Turquie. Et là,
personne ne dit
rien. Mais moi,
parce que je dénonce
cette situation, ce
terrorisme, ça me
coûte ma liberté !
Je dénonce le
terrorisme et on
m'accuse d'être un
terroriste», s'est
indigné Kimyongür.
«Je suis muselé au
sein même de l'Union
européenne : c'est
une honte et ça
renforce ma
détermination. Je
suis un ''Snowden
artisanal''. Je
continuerai à être
un lanceur d'alerte.
Je continuerai à
m'opposer à
l’embrigadement de
nos jeunes au sein
des groupes
fascistes d'Al
Qaeda», a martelé le
citoyen belge via
Skype depuis Marina
Di Massa où il est
assigné à résidence
sous la menace d'une
extradition vers la
Turquie.
Sa conclusion fait
réfléchir : «J'ai de
plus en plus
l'impression qu'en
Europe, les droits
fondamentaux, c'est
du pipeau et la
lutte contre le
fascisme, du blabla.
Quand vous êtes un
dissident en Europe,
on vous détruit ! La
guerre contre le
terrorisme est
politisée : si
j'avais été un
opposant cubain ou
iranien, tout le
monde se serait
mobilisé.»
«À quoi me sert ma
nationalité belge, à
quoi me sert
l'Europe, si je ne
suis pas protégé ?
Est-ce que je vais
devoir aller vivre
dans un des sept
pays du monde où
Interpol ne peut pas
intervenir ?
Devrais-je partir
vivre en
Micronésie ?», a
ironisé Kimyongür...
Pour visionner la
prise de parole de
Bahar Kimyongür dans
son intégralité :
http://www.youtube.com/watch?v=4D-Tl2wowBo
Chère amie, Cher
ami,
Nous sommes
persuadés que vous
mesurez la gravité
de la situation dans
laquelle se trouve
Bahar Kimyongür.
Nous espérons que
ces analyses et
prises de position
vous apporteront des
arguments
supplémentaires pour
vous engager à nos
côtés en faveur de
la liberté
d'expression... et
éviter de la sorte,
l'extradition de
notre ami Bahar vers
la Turquie.
Le Comité pour la
Liberté
d’Expression et
d’Association (CLEA)
www.leclea.be
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