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Communiqué AUDIRP
L’AURDIP condamne l’arrestation par Israël du chercheur et
écrivain palestinien Ahmad Qatamesh
Jeudi 5 mai 2011
L’Association des Universitaires pour le Respect du Droit
International en Palestine proteste avec la dernière énergie
contre la mise en détention administrative depuis le 21 Avril
dernier du chercheur et écrivain palestinien Ahmad Qatamesh et
demande sa mise en liberté immédiate.
Rappelons les faits. La détention administrative est un
héritage des lois d’exception édictées par l’armée britannique
en Palestine mandataire, et elle a été maintenue par les
militaires israéliens lorsqu’ils ont pris le relais des
britanniques. Elle permet au commandement militaire de l’armée
d’occupation de mettre en détention sans jugement et sans limite
de temps n’importe quel Palestinien, sans avoir à formuler
d’accusations précises, et donc sans que la personne concernée
ne puisse savoir ce qui l’a conduite en prison et ne puisse s’en
justifier devant un tribunal. Il s’agit là du déni de justice le
plus total que l’on puisse concevoir. Monsieur Qatamesh en a été
une des victimes les plus connues, puisqu’il a été maintenu six
ans, de 1992 à 1998, en détention administrative, et n’a été
relâché qu’après une longue campagne internationale, tout en
restant interdit de déplacement à l’étranger. Depuis, il s’est
orienté vers la science politique, et est devenu une
personnalité influente en Palestine, où il défend les idées
d’autodétermination et d’action non-violente.
Il a été arrêté le 21 Avril chez lui, à El-Bireh, et placé en
détention administrative. À l’heure où nous écrivons, il n’a été
interrogé que dix minutes, en tout et pour tout, lors de son
arrestation. Il n’y a pas le moindre commencement de preuve que
Monsieur Qatamesh ait exercé autre chose qu’une activité
d’opposition politique non-violente et parfaitement légitime.
Dans ces conditions, l’AURDIP appelle les autorités israéliennes
à le relâcher immédiatement, ou à respecter le droit fondamental
de chacun à être informé des accusations qui pèsent contre lui
et à pouvoir s’en défendre devant un tribunal.
Le 5 mai 2011
Ivar Ekeland
Président de l’Association des Universitaires pour le Respect du
Droit International en Palestine (AURDIP)
Les forces de l’occupation israélienne arrêtent
l’écrivain palestinien Ahmad Qatamesh
Source : PACBI
English version
Jeudi 21 avril à l’aube, un contingent important de soldats
israéliens et d’officiers des services secrets ont attaqué le
domicile de l’écrivain et universitaire Dr. Ahmad Qatamesh, à
Al-Bireh, et l’ont arrêté. Une heure plus tôt, l’épouse de
Qatamesh, sa fille de 22 ans et deux autres cousines, dont une
adolescente de 14 ans, avaient été prises en otage par les
troupes israéliennes dans un autre appartement pour l’obliger à
se rendre. Il a été emmené au centre de détention Ofer, à
Beitunia.
Ahmad Qatamesh est né en 1950 dans une grotte, à Bethléem,
dans une famille de réfugiés expulsés du village Al-Malihah,
près de Jérusalem, pendant la Nakba.
Qatamash est titulaire d’un diplôme en littérature arabe du
Centre de formation pour enseignants géré par l’Unrwa, à
Ramallah.
En 1992, il avait été arrêté en présence de sa fille, alors
âgée de 3 ans. L’accusant d’être un leader national
particulièrement "dangereux", il avait été torturé par le Shabak
israélien pendant cent jours, une expérience qu’il a longuement
relaté dans ses notes de prison, "Je ne porterai pas votre
tarbouche". Le Shabak n’ayant pas réussi à réunir de preuves
l’incriminant, un tribunal israélien a pris une ordonnance de
"détention administrative" contre lui, selon une loi d’urgence
qui autorise Israël à maintenir n’importe qui en prison, sans
charge ni procès, de six mois en six mois renouvelables à
loisir. Cette procédure injuste a été condamnée à maintes
reprises comme une violation des normes de justice
internationalement admises par d’importantes organisations de
défense des droits de l’homme, dont Amnesty International. La
détention de Qatamesh a été continuellement renouvelée pendant
près de 6 ans, faisant de lui le prisonnier à la détention
administrative la plus longue. En avril 1998, après une campagne
de pression publique acharnée par des activistes palestiniens,
israéliens et internationaux et des organisations pour les
droits de l’homme, Qatamesh a enfin été libéré.
Ahmad Qatamesh a obtenu sa maîtrise et plus tard son doctorat
en science politique d’une université néerlandaise par
correspondance car les autorités de l’occupation israélienne lui
interdisent de voyager. Il est devenu ensuite directeur de thèse
pour plusieurs étudiants palestiniens de la même université. Il
est l’auteur de plusieurs ouvrages sur des sujets divers,
littéraires, politiques et philosophiques, et il fut un
conférencier recherché dans les universités locales et les
centres de recherche locaux. Depuis 2010, il enseigne à la
Faculté de Lettres de l’université d’Al-Quds.
Son épouse, Suha Barghouti, membre du conseil
d’administration de l’association de soutien aux prisonniers et
aux droits de l’homme Addameer, de la Société du croissant rouge
palestinien et membre du comité directeur du Réseau des ONG
palestiniennes (PNGO), considère son arrestation comme "une
tentative de faire taire ses critiques et d’empêcher sa
conception catégorique sur l’émancipation et l’autodétermination
de se répandre davantage dans l’opinion publique palestinienne."
Elle appelle les organisations pour les droits de l’homme à
faire pression sur les autorités israéliennes pour qu’il soit
libéré immédiatement, et tient les autorités israéliennes pour
pleinement responsables de sa sécurité et de son bien-être. Sa
fille, Haneen, qui était en congés scolaires, fait ses études à
l’Université américaine du Caire, et a parlé de l’expérience
traumatisante vécue lorsque les soldats israéliens l’ont prise
en otage, disant : "Ils ont essayé de m’intimider en exploitant
ma profonde angoisse de ne plus voir mon père, mais je leur ai
fermement fait face et je leur ai rappelé le sort de tous les
pouvoirs coloniaux sur notre terre. En réponse, leur commandant
a hurlé que j’étais aussi "obstinée" que mon père."
Gerarda Ventura, Vice-Présidente de la Plateforme d’ONG
Euromed, a exprimé la profonde solidarité de la société civile
européenne avec les Palestiniens comme Ahmad Qatamesh, qu’elle a
appelé "un des intellectuels les plus sensibles que j’ai jamais
rencontrés," dans leur lutte civile pour "la liberté, la justice
et la paix."
L’avocat d’Addameer, qui a pu rendre visite à Qatamesh le
lendemain de son arrestation, a déclaré qu’il n’avait pas été
interrogé et qu’il avait été informé qu’il serait sous le coup
d’un ordre de détention administrative. Ce qui veut dire qu’à
nouveau, le Shabak n’a aucune preuve lui permettant de monter un
dossier contre lui et prouve qu’il a bien entendu été arrêté
pour ses écrits et son activisme, et non pas pour des raisons
"de sécurité", comme l’ont prétendu les autorités israéliennes.
Faisant l’éloge de Ahmad Qatamesh, "un excellent écrivain, un
chercheur scrupuleux et un partisan des droits de l’homme (...)
luttant pour la liberté et le respect des droits fondamentaux,"
le Docteur Mustafa Barghouti, membre du Conseil législatif
palestinien, a condamné son arrestation par Israël comme "une
tentative honteuse de le museler par une attaque injustifiable
sur sa liberté d’expression."
La famille d’Ahmad Watamesh a appelé les agences
internationales et les organisations pour les droits de l’homme
à travailler à sa libération et à celle de tous les prisonniers
politiques palestiniens. Elle appelle aussi à la fin de la
draconienne politique de détention administrative, basée sur des
lois d’urgence mises en place par le Mandat britannique, comme
un violation flagrante des libertés et des droits de l’homme, en
particulier le droit à un procès juste et équitable.
Traduction : MR pour
ISM
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