Communiqué
Allocution d’Emmanuel Macron :
Aucune « décision structurante et
historique »
pour la transition écologique et
sociale !
Attac
Mercredi 28 novembre 2018
Les « décisions structurantes et
historiques » qu’Emmanuel Macron avaient
annoncées ont fait long feu. Emmanuel
Macron confirme sa politique économique
et fiscale profondément inégalitaire et
injuste, tout en refusant de changer de
braquet en matière de transition
énergétique. Ce qui devrait être fait
aujourd’hui est repoussé à plus tard,
sans que rien ne soit proposé pour
répondre de façon structurelle au
caractère injuste et inefficace d’une
fiscalité carbone dont les entreprises
les plus polluantes sont largement
exonérées, comme le montre
la note que nous publions ce jour :
« basculer la fiscalité carbone sur les
entreprises les plus polluantes et
jusqu’ici largement exonérées ».
Le 16 octobre
dernier, lors d’une allocution
télévisée, Emmanuel Macron avait affirmé
vouloir prendre rapidement des
« décisions structurantes et
historiques » en matière de transition
énergétique et de lutte contre les
dérèglements climatiques. Aucune des
annonces rendues publiques par Emmanuel
Macron et François de Rugy ce
27 novembre lors de la présentation des
grandes lignes de la Programmation
pluriannuelle de l’énergie ne peut
malheureusement être qualifiée ainsi,
l’exécutif préférant annoncer un
changement dans la « méthode de
travail » plutôt que prendre les
décisions courageuses et visionnaires
dont nous avons urgemment besoin.
Alors que les
scientifiques ne cessent de répéter
qu’il faut changer de cap aussi
rapidement que possible, Emmanuel Macron
a tenu à affirmer qu’il n’allait pas
modifier le sien. Pour la nième fois, le
Président de la République a annoncé la
fermeture des trois dernières centrales
à charbon du pays, qui ne représentent
pourtant que 2,3 % de la capacité de
production électrique installée (3000
MW) et à peine 1,4 % de l’énergie
produite : les fermer ne pose aucun
problème technique, l’enjeu est limité
et la réduction des émissions attendue
est assez faible.
« Nous devons
sortir des énergies fossiles » claironne
Emmanuel Macron, oubliant de rappeler
que son gouvernement a autorisé la
multinationale Total à forer au large de
la Guyane pour trouver de nouveaux
gisements de pétrole, qu’il a mis en
œuvre le CETA qui n’est pas
climato-compatible et qui favorise
l’importation d’hydrocarbures, qu’il
vient de confirmer la construction de
sept nouvelles autoroutes dont le
très contesté contournement ouest de
Strasbourg et qu’il refuse de taxer le
kérosène et le fioul lourd. On ne peut
que regretter qu’aucune annonce relève
l’ambition de la France en matière de
lutte contre les dérèglements
climatiques, ce que l’installation d’un
haut conseil pour le climat – qui va
contribuer à gaspiller le temps
disponible – ne saurait masquer.
En matière de
transition énergétique et de réduction
de la part du nucléaire dans le mix
électrique du pays, Emmanuel Macron se
contente, pour l’essentiel, de
repousser à plus tard ce qui devrait
être fait maintenant : hormis
Fessenheim, il n’aura pas à gérer la
fermeture de centrales nucléaires
pourtant vieillissantes dans le cadre de
ce quinquennat et, comme chacun sait, ce
qui est remis au quinquennat suivant est
donc rendu très hypothétique. Il en
découle de grandes incertitudes sur la
capacité de l’État à tenir ses
engagements en matière de déploiement
des énergies renouvelables qui nécessite
une forte réduction de la place du
nucléaire dans le mix électrique.
Il est par ailleurs
étonnant d’entendre Emmanuel Macron
affirmer vouloir donner plus d’ambition
à l’isolation des bâtiments existants
quand sa propre loi de finance 2019
prévoit de priver l’Agence nationale de
l’habitat de 130 millions d’euros de
budget. Là où l’Anah devait recevoir
550 millions d’euros issus de la mise
aux enchères des quotas de carbone, le
gouvernement propose de réduire ce
montant à 420 millions d’euros et de
récupérer le restant pour financer le
budget général et, donc, financer une
politique fiscale favorable aux riches
et au capital.
Enfin, Emmanuel
Macron était attendu sur le dossier de
la fiscalité carbone et de l’injustice
sociale qui découle de l’application de
la taxe carbone sur les carburants.
Plutôt qu’apporter des réponses
structurelles et des alternatives au
tout-voiture et à l’étalement urbain,
comme le rapprochement des services
publics, la relocalisation des activités
et le développement massif des
transports en commun et mobilités douces,
le Président de la République s’est
contenté de proposer, sans la détailler,
une mesure, une « taxe flottante » qui a
fait la preuve de son inefficacité dans
un passé récent.
Rien qui ne
permette de répondre à la colère
populaire exprimée par le « mouvement
des gilets jaunes » et aux critiques
suscitées par l’application d’une
taxe carbone injuste sur le plan social,
inefficace pour réduire les
consommations à court-terme et épargnant
le mode de vie extrêmement polluant des
plus riches. Dans
une note publiée ce jour, Attac
France propose ainsi un basculement
de la fiscalité carbone sur les
entreprises les plus polluantes,
jusqu’ici largement exonérées de toute
fiscalité carbone efficace et
contraignante, et, a minima
un moratoire sur toute nouvelle
augmentation de la fiscalité carbone en
direction des ménages, artisans et
petites entreprises. Le temps que soit
mise en œuvre une politique fiscale
redistributive permettant de réduire les
inégalités, réduire l’empreinte
écologique des plus riches et des
entreprises les plus polluantes et
développer les alternatives au
tout-voiture et à l’étalement urbain.
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