Moins de deux mois après le succès de la
journée de la Terre du 29 mars au cours de laquelle des
oliviers ont été plantés symboliquement dans plus de
cinquante villes, en présence d’élus locaux, plus de 4000
personnes ont ainsi répondu présent à l’appel de la
plateforme des ONG françaises pour la Palestine qui
organisait à Paris, au parc des expositions de la porte de
Versailles, avec le soutien d’organisations syndicales (CGT,
FSU, UNEF) et de nombreuses autres organisations, une grande
initiative de 16 heures à 23 heures sur le thème « Paix
comme Palestine : 60 ans après, la paix par le droit ». Une
initiative qui a aussi reçu le soutien de nombreux élus et
personnalités.
Entre expositions, films, concerts, les
participants ont écouté avec attention les intervenant-e-s
palestiniens, israéliens, européens invités. Ils se sont
montrés particulièrement attentifs à un débat sur
l’histoire, notamment, affirmant le droit à l’établissement
de la vérité historique. Avi Shlaim, l’un des « nouveaux
historiens » israéliens, a ainsi estimé, « en tant que
chercheur et en tant qu’être humain », que le droit
international doit s’imposer à tous. Cela vaut du droit au
retour, comme du retrait d’Israël de tous les territoires
occupés. Elias Sanbar, historien, poète et essayiste
palestinien et ambassadeur palestinien auprès de l’Unesco, a
dit son accord. Le droit au retour, comme tous les droits,
n’est pas négociable : ce qui l’est en revanche, c’est son
application, a-t-il rappelé.
Au-delà, c’est l’Europe qui a été
interpelée, pour qu’elle assume enfin ses responsabilités
historiques, pour qu’elle ne se contente pas du seul rôle
économique auquel elle a accepté d’être reléguée et joue
enfin un véritable rôle politique, pour faire respecter par
Israël les droits humains en Palestine et pour qu’elle fasse
appliquer le droit, seul capable de permettre à la paix de
voir le jour. C’est en
substance ce qu’ont rappelé, chacun à sa façon, Véronique de
Keyser élue socialiste au parlement européen, Etienne Pinte,
député UMP des Yvelines et vice-président du groupe d’étude
sur la Palestine à l’Assemblée nationale, Hind Khoury,
déléguée générale de la Palestine en France, Ziad Abu Amr,
ancien membre du conseil législatif et ancien ministre
palestinien, Stéphane Hessel, ancien résistant, diplomate et
écrivain… D’autres, comme Francis Wurtz, député européen des
Gauches unies européennes ou Monique Chemiller-Gendreau,
juriste internationaliste (qui ont renoncé à leur temps de
parole tant étaient riches les débats), abondent dans le
même sens. Gideon Levy, journaliste au quotidien israélien
Haaretz, a mis en lumière les responsabilités israéliennes
et interrogé les démocraties occidentales sur leur silence
quant au siège imposé par Israël à toute la population
palestinienne de la bande de Gaza. A l’instar d’autres
intervenants, il a souligné la nécessité d’un dialogue avec
le Hamas, qui fait partie, quoi qu’on en pense, des
représentants du peuple palestinien.
Depuis sa prison en Israël, le député
palestinien Marwan Barghouti a fait parvenir un message aux
participants dans lequel il affirme : « Notre sacrifice pour
la liberté ne faiblira pas et ce sacrifice pour la liberté
n’est pas de moindre grandeur que l’exercice de la liberté
elle-même. »
Un tel succès est en tout cas un
message clair adressé tant à l’Europe qu’à la France à la
veille de la présidence française de l’Union européenne :
l’Europe doit enfin agir. Soixante ans après la Naqba, elle
doit enfin faire pression sur Israël pour que les droits
nationaux du peuple palestinien soient reconnus et mis en
œuvre. Une condition sine qua non de la paix, indispensable
à tous les peuples de la région.