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Communiqué de l'AFPS
« Quand la politique entre dans un prétoire,
la justice en sort »
Paris, le 12 février 2010
La sentence que vient d’infliger le tribunal de
Bordeaux en condamnant Sakina Arnaud est exemplaire, sans
contredit possible, du fait que sa décision est une décision
uniquement politique. On se rappelle qu’à l’origine de
l’affaire, la société « Carrefour » avait déposé plainte pour
« dégradation légère » du fait de l’apposition par Sakina
Arnaud d’autocollants dans le magasin « Carrefour » de Mérignac.
Ces autocollants appelaient au boycott des
produits israéliens tant qu’Israël ne se conformerait pas au
droit international. Or sur ordre du garde des Sceaux, autrement
dit sur ordre du gouvernement, la plainte originelle
(« dégradation légère ») a été requalifiée en « incitation à
la discrimination raciale, nationale ou religieuse ». Rien
de moins !
On notera tout d’abord l’incroyable renversement
des termes de la responsabilité auquel s’est livré le Parquet
aux ordres du gouvernement. En effet, qui donc « discrimine »
toute une population occupée, mais aussi toute une partie –
arabe – de la population israélienne ? Ce n’est pas à une
« incitation » que se livrent les autorités israéliennes :
il s’agit de faits quotidiens qu’elles infligent aux
Palestiniens et qui durent depuis décennies, ceci en toute
impunité. Avec ce retournement des termes, l’agresseur devient
l’agressé et la victime devient coupable.
Ensuite quelle est donc exactement cette « race »
discriminée, cette « religion » discriminée ? Israël est un Etat
pluriel qui comporte des Juifs, des Arabes qui sont musulmans ou
chrétiens, des agnostiques et des athées. Les Israéliens ne
constituent pas non plus une « race » pour la raison
fondamentale que les races n’existent pas. Il est d’ailleurs
plus qu’étonnant – et absolument contraire à toute conception
civilisée – que le législateur ait retenu ce terme de « race »
dans une loi tandis qu’est raciste celui qui considère
précisément que les races existent ! Que viennent donc faire ces
éléments troubles et étrangers au débat ? Ne manquait plus que
l’accusation mensongère et nauséabonde du Premier ministre selon
lequel cette campagne viserait les produits « casher ». François
Fillon ne peut citer – et pour cause – aucune preuve de ce
ciblage imaginaire : il s’est donc livré à une diffamation pure
et simple.
En vérité nous sommes face à un
« classique » détestable qui consiste en ceci : critiquer la
politique israélienne ce serait être « antisémite ».
La vérité c’est que « criminaliser » l’action
pour la paix est aux antipodes du service à rendre au droit qui
doit en être la base. Pire : loin d’en éloigner le spectre cette
attitude nourrit ce qu’elle prétend combattre.
La décision du tribunal de Bordeaux est inique
mais aussi dangereuse. Il est donc nécessaire que l’appel décidé
par Sakina Arnaud aboutisse à dire le droit et la vérité et non
pas une certaine volonté politique du pouvoir en place.
Dans cette situation, en disant notre solidarité
à Sakina Arnaud, nous sommes plus décidés que jamais à unir les
forces les plus larges pour que, constatant la défaillance
coupable des Etats dont c’est pourtant le devoir, il soit mis un
terme à l’impunité dont bénéficient les politiques israéliennes
d’occupation et de refus de la paix sur la seule base qui
vaille : le droit international.
Cette décision de justice nous conforte dans
l’idée que les forces hostiles à la paix sont capables de tout.
Nous en tirons les conséquences : loin de nous faire reculer,
ces manœuvres nous incitent à faire de la campagne
« Boycott-Désinvestissement-Sanction » (BDS) une campagne
dynamique et rassembleuse visant au tout premier chef les
produits issus des colonies israéliennes, qui sont présents
abondamment sur le territoire européen et français de manière
frauduleuse et illégale.
A nous, donc, à notre tour de retourner le
recours à la justice pour la mettre au service de ce noble et
salutaire combat : en visant toutes les sociétés et tous les
magasins qui vendent, sous la fausse appellation « made in
Israël », des produits issus des colonies installées en
Cisjordanie – toutes absolument illégales au regard du droit
international – et ceci, qui plus est, au mépris du contenu de
l’Accord d’association Union européenne-Israël comme du droit
commercial européen et français dûment ratifiés.
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