Communiqué
Inviter Netanyahou à la commémoration du
Vel d’Hiv : une faute morale et
politique
AFPS
Mardi 11 juillet 2017
On ne peut que se réjouir de voir le
président de la République donner une
certaine solennité au 75ème anniversaire
de la rafle du Vel d’Hiv, par laquelle
plus de 13 000 Juifs, dont 4 000
enfants, ont été arrêtés chez eux par la
police française, avant d’être déportés
et exterminés par les Nazis. C’est une
des pages les plus sombres de notre
histoire, que nous devons, non seulement
commémorer, mais continuer à analyser,
pour que jamais plus des crimes de cette
nature ne puissent se reproduire.
Mais inviter à cette commémoration
l’actuel Premier ministre du
gouvernement israélien, Benyamin
Netanyahou, est une faute morale et
politique.
C’est d’abord une
faute morale d’inviter à cette
commémoration ce fauteur de haine (déjà
en première ligne de la campagne
haineuse contre Yitzhak Rabin, dans un
climat qui a contribué à son assassinat
en 1995), à la tête depuis 2009 d’un
gouvernement d’extrême-droite,
responsable de crimes de guerre tels que
l’offensive de 2014 contre Gaza et la
colonisation accélérée des terres
palestiniennes : la place de ce
personnage est sur les bancs de la Cour
Pénale Internationale, pas sur le perron
de l’Élysée.
Faute morale
accentuée par la personnalité de
Netanyahou : dans son délire
anti-palestinien et anti-arabe, il a osé
dire en octobre 2015 qu’Hitler n’avait
pas le projet d’exterminer les Juifs,
mais seulement de les expulser,
provoquant le scandale jusque dans son
propre camp. Et en quittant Paris, il
ira rendre visite au Premier ministre
hongrois Viktor Orban, son comparse
d’extrême-droite, qui fait l’éloge du
régent Horthy, responsable de la
déportation vers les camps de
concentration nazis de 500 000 Juifs de
Hongrie….
Faute politique
aussi, d’inviter officiellement en
France le chef d’un gouvernement qui
clame ouvertement son mépris du droit
international, et qui a même refusé de
se rendre à la conférence de Paris le 15
janvier 2017, qualifiée de « nouveau
procès Dreyfus » ! À l’heure où Israël
accélère la colonisation de la
Cisjordanie et de Jérusalem Est,
resserre le blocus de Gaza, bafoue le
droit international en toute impunité,
l’urgence est aux signaux clairs pour
marquer que cette impunité doit cesser.
Faute morale et
politique, enfin, car le travail de
mémoire que nous devons poursuivre est
celui de notre pays tout entier, au-delà
de toute frontière communautaire réelle
ou supposée. Les Français qui se
reconnaissent comme juifs sont des
Français, ils ne sont pas les
représentants d’un État étranger.
Lorsque Netanyahou se comporte comme le
représentant des Français juifs, quand
il cherche, avec ses soutiens
inconditionnels en France, à les
instrumentaliser au service de la
politique israélienne, il agit contre la
cohésion de notre pays. Et lorsque le
président de la République lui donne par
cette invitation l’occasion de le faire,
il crée la confusion, il dénature la
lutte nécessaire contre l’antisémitisme
et contre le racisme sous toutes ses
formes, il encourage la scandaleuse
ingérence de l’État d’Israël dans les
affaires de notre pays.
Partout, en France,
des voix s’élèvent contre l’invitation
de ce criminel, qui bafoue chaque jour
le droit international, aux
commémorations de la rafle du Vel d’Hiv.
Le président de la République saura-t-il
les entendre ? L’enjeu est de taille, il
n’est pas seulement diplomatique, il
concerne au premier chef notre pays dans
sa cohésion et dans le regard qu’il
porte sur son histoire.
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