UJFP
Section de l’UNION JUIVE FRANÇAISE POUR LA PAIX
Les accords de Charm El-Cheikh sous l’égide de
l’administration américaine ont éveillé un immense espoir et un
désir de paix en Israël et en Palestine qui, s’ils étaient déçus,
provoqueraient un désespoir dangereux et un basculement vers des
solutions sanglantes.
L’UJFP tient cependant à rappeler les quelques points qui grèvent
largement les chances d’aboutissement des négociations telles
qu’elles sont menées :
Affirmer que le but premier de ces négociations doit être de
juguler le terrorisme, correspond à faire croire que la cause première
du conflit n’est pas l’occupation, à occulter qu’il y a un
occupant et un peuple occupé, à occulter tout le sens du conflit.
Poser en priorité absolue la sécurité de l’occupant c’est désigner
l’occupant comme victime et rendre accessoire la violence de la répression
coloniale à l’œuvre dans les territoires occupés.
Faire croire que le gouvernement palestinien élu après la mort du
Président Arafat pourrait renoncer aux aspirations de liberté et
de souveraineté nationale et aux droits de son peuple est
mensonger, et laisse en fait à Mahmoud Abbas la même latitude que
celle laissée précédemment à Arafat : la renonciation des
Palestiniens à leurs droits ou la guerre en leur faisant porter la
responsabilité de l’échec des négociations. D’autres peuples
de cette région sont pris au piège du projet impérialiste du
Grand Moyen Orient qui prétend leur apporter démocratie et sécurité
à la force des baïonnettes, et ne s’intéresse visiblement pas
au développement ou à la paix.
Faire croire qu’il est possible d’aboutir à un accord durable
en laissant le gouvernement Sharon-Pérès achever le découpage de
la Cisjordanie est un mensonge. Faire croire que la continuité
territoriale et la viabilité de l’Etat palestinien seront assurés
par un réseau de routes et tunnels reliant les « morceaux » est
un mensonge. N’oublions pas que la première reconnaissance est
celle d’Israël sur la frontière d’avant 67 par L’OLP en
1988. Il ne peut y avoir de solution sans le retrait d’Israël sur
cette même frontière.
Ce qui se passe en ce moment sur le terrain, les 3500 logements, les
zones d’activités commerciales et industrielles, le Parc de
France programmés sur le territoire de Maale Adoumim (ce que l’on
appelle le plan E1) vont s’ils sont réalisés couper la
Cisjordanie en deux et parachever la configuration du futur état
Palestinien conformément à la vision de Sharon, et de ce fait entériner
l’irréversibilité de l’occupation.
Le parc de France fait partie quant à lui, et comme son nom
l’indique, d’une campagne qui cible directement la France, menée
par le KKL (fonds national juif) défini selon ses propres termes
comme : …« le bras exécutif du peuple juif pour la rédemption
et le développement de la terre d’Israël… »
Il est chargé de lever les fonds en France pour financer entre
autre ce projet, et voici la fonction de ce parc décrite sur son
site internet :
…« Le "Parc de France" ou la consolidation de Jérusalem
par le renforcement de la "couronne verte" de Maale
Adoumim … Ce parc municipal à venir, ceindra de son panache les
principales portes orientales de Jérusalem ainsi que la sortie nord
de Maale Adoumim. Il bordera en beauté la frange ouest de la route
qui relie la capitale à la Mer morte… »
Faire croire que l’on va vers la paix en poursuivant
l’humiliation et l’oppression quotidiennes, l’édification du
mur, la spoliation de la terre et la colonisation est un mensonge.
Le faire au nom de la France est de plus inacceptable.
N’oublions pas ce que Sharon a répété plusieurs fois
publiquement en quatre ans : « La guerre de 48 n’est pas terminée.
» N’oublions pas ce que Dov Weissglass, son conseiller personnel,
déclarait publiquement il y a quelques mois dans Ha’aretz au
sujet du plan de désengagement de Gaza : « Le désengagement
c’est le formol qui est nécessaire pour qu’il n’y ait pas de
processus politique avec les Palestiniens » et encore : «
C’est la Judée-Samarie (la Cisjordanie, NDLR), pas Gaza, qui est
aujourd’hui la zone d’intérêt national. »
Ne pas voir ni entendre tous ces signes c’est se rendre complice
de ceux qui cultivent des illusions meurtrières pour les deux
peuples. La stratégie actuelle détruit méthodiquement la société
palestinienne et menace à terme l’existence du peuple israélien
dans la région.
Il serait temps que les forces qui aspirent à la paix ouvrent les
yeux pour que la politique qui a mené à l’impasse actuelle ne se
reproduisent pas : il est urgent d’exiger le gel immédiat de
toute la colonisation, déjà planifiée ou non, et la nomination
immédiate d’un observatoire international de contrôle dans les
territoires occupés. Israël ne peut continuer à dévorer à
pleines dents ce qui est l’enjeu même de la négociation. Nous
demandons au gouvernement français d’intervenir dans ce sens et
d’empêcher en particulier que soit planté au nom de la France et
avec des fonds français un parc destiné à parachever
l’annexion des terres palestiniennes autour de Jérusalem.
31/03/05
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