Paris, le 25 avril 2006
Le 10 avril 2006, les ministres des affaires étrangères
de l’Union européenne ont confirmé la décision de la Commission
européenne de suspendre les aides directes à l’Autorité
palestinienne depuis l’entrée en fonction du gouvernement Hamas.
Cette mesure est grave par les conséquences qu’elle entraîne ou
va entraîner. On sait que le peuple palestinien est dans une
situation économique très difficile.
Les Etats-Unis et le Canada avaient déjà pris la décision de
suspendre leur aide, et Israël avait bloqué le versement à l’Autorité
palestinienne des taxes sur les produits transitant par leur
territoire.
L’objectif affiché de ce gel des aides financières est de
contraindre le Hamas à reconnaître le droit à l’existence de
l’Etat d’Israël et les accords signés à Oslo.
Une Autre Voix Juive est convaincue qu’il n’y a de solution au
conflit du Proche Orient que dans le respect des droits nationaux de
tous les peuples de la région. Tout ce qui nie la légalité
internationale et la déclaration universelle des Droits de l’Homme,
que ce soit du fait du gouvernement israélien, ou du gouvernement
palestinien, va à l’encontre des intérêts des deux peuples.
C’est pourquoi Une autre voix juive approuve l’exigence
internationale de voir le Hamas renoncer à l’objectif de
destruction de l’Etat d’Israël, et à toute forme de terrorisme
visant des civils en Israël. Il ne s’agit pas là de concession
à la droite israélienne ou à l’administration Bush, mais
d’une condition fondamentale à la réalisation des droits
nationaux palestiniens, pour lesquels nous luttons.
Mais la suspension des aides directes à l’Autorité palestinienne
est inacceptable, dangereuse, et aggravera toutes les tensions. Les
subventions doivent être rétablies au plus vite, sous des formes
appropriées. La suspension des aides va à l’encontre du but
proclamé, et cela pour trois raisons.
• La première est que,
une fois de plus, on fait supporter aux peuples, en l’occurrence
le peuple palestinien, des souffrances terribles pour n’avoir pas
voté comme le souhaitaient les bailleurs de fonds. C’est la
permanence de l’esprit colonial des grandes puissances.
• La seconde est que
les chances de réaliser l’objectif visé par cette action sont
minces. Il est même à redouter qu’elle produise l’effet
inverse, renforce l’influence de l’islamisme en Palestine et
dans le monde, fournisse un alibi de plus au terrorisme.
• La troisième est le
coup supplémentaire porté à l’Autorité palestinienne dont le
Président, Mahmoud Abbas, a subi camouflet sur camouflet depuis son
élection, n’obtenant aucun résultat dans ses demandes réitérées
de négociations jusqu’aux dernières élections en Palestine,
n’obtenant aucun soutien actif, à commencer par celui que l’Union
européenne aurait dû lui apporter.
Le chemin de la paix est plus que jamais entravé, par la politique
du Hamas , par la punition inhumaine infligée au peuple
palestinien, également par la poursuite par Israël des assassinats
ciblés de militants palestiniens, et par la fixation unilatérale
d’une frontière avec la Cisjordanie par Israël.
Le gouvernement israélien a en effet présenté le plan dit de «
convergences » pour définir cette frontière avant la fin du
mandat de Georges W. Bush en 2008. Ce plan exclut des pourparlers de
paix. La feuille de route est « enterrée ».
Nous réaffirmons solennellement que la paix doit résulter de négociations
politiques, pour que deux Etats, palestinien et israélien, puissent
coexister avec des garanties internationales.
L’existence d’Israël a été reconnue par les accords d’Oslo
: elle n’est pas à négocier. Il en est de même des droits du
peuple palestinien à se doter d’un Etat indépendant et viable.
Nous considérons aujourd’hui, devant l’obstruction au dialogue
entre les parties au conflit, qu’il est indispensable de réunir
une conférence internationale sous l’égide de l’ONU afin de régler
les différends et d’aboutir à une paix définitive.
Collectif d'animation Une autre voix juive, Paris, le 25 avril 20006
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