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REMDH
Gaza: Les défenseurs des droits
de l'Homme en prison ?

24 septembre 2008
Le 11 septembre 2008, quatre
défenseurs des droits de l'Homme résidant à Gaza, dont deux
lauréats de prix internationaux, ont été empêchés d’aller à
Bruxelles pour assister à d’importantes réunions avec leurs
homologues européens. Depuis le début du siège de Gaza en juin
2007, presque aucun défenseur des droits de l’Homme n’a eu
l’autorisation de sortir de la bande de Gaza pour participer à
des événements liés aux droits de l'homme.
Le 2 septembre 2008, l’armée israélienne a informé Messieurs
Issam Younis, Directeur du centre Al Mezan pour les droits de
l'Homme, récent lauréat du prix international des droits de
l’Homme de Weimar, Mahmoud Abu Rahma, du centre Al Mezan, Raji
Sourani, Directeur du centre palestinien pour les droits de
l'homme, et Iyad Nasr, du Comité international de la croix
rouge*, que leurs permissions de sortir de Gaza avaient été
refusées « du fait qu’un voyage à l'étranger était impliqué ».
Aucun argument de sécurité n'a été évoqué. Les organisations
palestiniennes et européennes des droits de l'Homme ont alors
demandé à l'Union Européenne et aux Etats Membres d’intervenir
pour leur permettre de participer à ces événements, où leur
présence, en tant que représentants de la société civile
palestinienne, était cruciale. Le 10 septembre, à la suite
d’interventions de plusieurs fonctionnaires d'Etats Membres de
l'UE, les autorités israéliennes déclaraient que deux des quatre
demandes avaient été acceptées. En dépit de cet accord officiel,
aucune autorisation nécessaire pour quitter Gaza n’a finalement
été délivrée.
Israël refuse fréquemment les demandes de défenseurs des droits
de l’Homme de sortir de Gaza pour assister à des événements, que
ce soit en Cisjordanie ou à l'étranger, la plupart du temps pour
des « raisons de sécurité ». Un motif impossible à vérifier
étant donné que les pièces utilisées par les services compétents
pour prendre leur décision ne sont pas accessibles. Pour sortir
la bande de Gaza, une demande doit être soumise deux semaines à
l’avance mais même avec les bons documents le processus reste
incertain, en raison de nouvelles règles et procédures décidées
par les militaires israéliens au dernier moment. De nombreux
défenseurs des droits de l'Homme ont d’ailleurs réussi à obtenir
une autorisation de sortie dans un premier temps, avant de voir
cette même autorisation rejetée juste après, ce qui rend peu
crédibles les raisons de sécurité invoquées par Israël.
Le Réseau Euro-Méditerranéen des droits de l'Homme (REMDH),
Avocats Sans Frontières (ASF) et l'Observatoire pour la
protection des défenseurs des droits de l'Homme (un programme
commun de la fédération internationale des droits de l'Homme –
(FIDH) et de l'organisation mondiale contre la torture – (OMCT)
condamnent la décision des autorités israéliennes. Elle dénie
non seulement le droit de circuler librement aux défenseurs des
droits de l’Homme, mais empêche également des membres de la
société civile palestinienne reconnus pour leur indépendance de
faire entendre leurs voix et leurs inquiétudes dans les forum
internationaux. Les empêcher de mener à bien leurs travaux
librement est inacceptable. C’est de plus totalement
contre-productif dans le contexte actuel de conflit et
d’instabilité politique dans les Territoires Palestiniens.
En accord avec les directives de l'Union Européenne sur des
défenseurs de droits de l'Homme, qui reconnaissent l'importance
« d’assurer la sécurité et la protection des défenseurs des
droits de l’Homme”, le REMDH, ASF et l’Observatoire appellent
l'UE et ses Etats Membres à :
Tenir Israël responsable de ce type d'incident, et de tout
autre incident concernant la libre circulation des défenseurs
des droits de l'Homme .
Demander à Israël, puisqu'il contrôle le mouvement des
personnes voyageant à l’intérieur comme à l’extérieur des
Territoires Palestiniens, d’assurer que des permis soient
fournis à chaque fois qu’une demande légitime est présentée par
des défenseurs des droits de l'Homme de Gaza pour mener à bien
leurs travaux, et pour leur permettre de participer aux
conférences que ce soit dans les TPO ou à l'étranger, en accord
avec les conventions internationales.
* Ces personnes avaient été invitées par l'organisation suédoise
Diakonia et l'organisation belge Avocats Sans Frontières (ASF) à
participer à une conférence sur l'application du droit
humanitaire international en ce qui concerne les Territoires
Palestiniens Occupés (TPO) les 13 et 14 septembre 2008. Elles
avaient été également invitées par l'organisation irlandaise
Trocaire à participer à une session sur son travail sur Israël
et les TPO programmée pour avoir lieu entre le 14 et le 19
septembre. En outre, M. Raji Sourani était invité par le Réseau
Euro-Méditerranéen des droits de l'Homme (REMDH) et la
fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) pour
participer à une délégation, composée d'organisations
israéliennes et palestiniennes en vue de rencontrer des
fonctionnaires de l'UE et de ses Etats Membres.
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