Communiqué du MRAP
Intervention militaire
internationale en Libye :
Le MRAP appelle aux respects des normes internationales
Paris, le 19 mars 2011
Le17 mars dans la nuit, le Conseil de
sécurité de l'ONU (avec 10 voix favorables sur 15) a adopté la
résolution 1973 qui, exigeant du gouvernement libyen «un
cessez-lez feu immédiat», autorise «toutes
mesures nécessaires […] pour protéger les populations et les
zones civiles menacées d'attaque en Jamahiriya arabe libyenne, y
compris Benghazi,
tout en excluant le déploiement
d'une force d'occupation étrangère sous quelque forme que ce
soit et sur n'importe quelle partie du territoire libyen».
Elle autorise
également sous certaines conditions la création sur la Lybie
d'une «zone d’ exclusion
aérienne» en
vue de «protéger les populations et les zones civiles menacées d'attaque»,
ainsi que l’ application de l'embargo sur les armes et le gel
des avoirs. Cette résolution va permettre des frappes ciblées ou
des interventions militaires aériennes auxquelles la France va
prendre part.
Après avoir massacré des
manifestants à l 'arme lourde et par les bombardements de son
aviation, le Colonel Kadhafi s'apprêtait à massacrer les
opposants à son régime retranchés à Benghazi.
Le MRAP dénonce la dérive meurtrière d'un dictateur, longtemps courtisé
pour son pétrole, prêt à tout pour se maintenir au pouvoir qui,
agissant de la sorte, devra répondre devant la Cour Pénale
Internationale des crimes de guerre et des crimes contre
l'humanité que son armée a commis
ou commettrait dans les jours et semaines à venir.
Le MRAP dénonce encore
une fois le rôle joué par les puissants réseaux internationaux
liés à la production et la vente d'armes. La France, toujours
présente dans le peloton de tête des pays exportateurs, a elle
aussi fourni les armes utilisées par le Colonel Kadhafi contre
son propre peuple.
Le MRAP dénonce
également l'hypocrisie de l 'Union européenne et de ses pays
membres - notamment de l'Italie et de la France qui en sont
aussi conjointement responsables - pour avoir érigé la
Jamahiriya arabe libyenne du Colonel Kadhafi en «vigile de la
forteresse Europe». La rive nord de la Méditerranée n'avait pas
hésité à lui donner pour mandat de contenir les arrivées de
migrants du continent africain qui tentent de rejoindre
«l'Eldorado» européen, S'efforçant de fuir la misère entretenue
par des élites corrompues de leur pays d'origine et pourtant
soutenues pendant des décennies par les gouvernements européens.
Après
l'annonce, non suivie d'effets, d'un cessez le feu de la part du
ministre libyen des affaires étrangères Moussa KOUSSA, la planification d'une opération en Libye s'accélère. Le MRAP exprime son
inquiétude face à toute intervention qui risque de ne pas se
limiter à la stricte protection des populations civiles.
Les exigences de l’éthique
autant que la mémoire
de l’Histoire récente
nous imposent de garder présentes
à l’esprit
les violations graves des droits
humains et, plus généralement
des normes du droit international (crimes de guerre ou crimes
contre l’humanité)
commises tant en Irak qu’en Afghanistan par des forces
internationales. Elles imposent également de regretter
que les Etats membres des Nations Unies s’ abstiennent de
pratiquer, lorsque sont violés les droits des peuples, l’embargo
effectif sur les armes.
Les changements démocratiques et sociaux réclamés
en Libye -
à la suite des mouvements citoyens
de Tunisie et d'Egypte -
ne sauraient être imposés de l’
extérieur par des interventions militaires étrangères.
Le MRAP réaffirme sa profonde
conviction
que seule la voie politique est
susceptible d’ apporter une issue
durable et juste aux conflits.
Par ailleurs,
Le MRAP invite l'Union européenne,
et singulièrement la France, a faire preuve de cohérence: il est
incompréhensible que l'on offre ici l'éventuel recours aux
frappes militaires pour «libérer un peuple» alors qu'ailleurs on
envoie des armes pour essayer de le réprimer. Le MRAP s'étonne
notamment du silence complice qui entoure au même moment la
répression du mouvement populaire au Bahreïn.
Le MRAP invite le
Gouvernement de la France à saisir l 'opportunité des événements
en cours dans les pays arabes pour se livrer sous le regard des
citoyens à une réflexion globale permettant d'établir un bilan
de sa politique étrangère passée et de dégager les lignes de
celle qui pourrait être une politique étrangère digne du pays
qui a été par le passée la «Patrie des droits de l'homme» et qui
porte toujours à cet égard une responsabilité internationale
particulière en sa qualité de membre permanent du Conseil de
sécurité de l'ONU.
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