Communiqué de l'IFEX
Les membres de l'IFEX protestent contre l'interdiction, par
Israël,
des médias étrangers à Gaza
Mercredi 10 décembre 2008 Le ministère de la Défense d'Israël a
réimposé l'interdit fait aux journalistes étrangers d'entrer
dans la Bande de Gaza, en dépit des protestations des membres de
l'IFEX et des dirigeants des grandes organisations de nouvelles,
et d'un appel à la Cour suprême.
L'interdit a été levé le 4 décembre, après des semaines de
protestations de la part des médias, mais il a été réimposé le
lendemain dans le cadre de mesures plus vastes de fermeture de
la frontière de Gaza en réponse aux attaques à la roquette des
Palestiniens.
ARTICLE 19 compare l'interdit aux tactiques utilisées par la
junte militaire birmane. « La levée de l'interdit pendant une
journée n'est rien d'autre qu'un autre tour cruel dans le
traitement du peuple palestinien. Cela nous rappelle le blackout
des informations imposé par les autorités birmanes dans le
sillage de la Révolution de safran puis, de nouveau, après le
cyclone qui a frappé le pays en mai 2008 », dit ARTICLE 19.
Le porte-parole du ministère de la Défense, Peter Lerner, a
déclaré que la décision de laisser entrer les journalistes dans
la Bande de Gaza serait revue chaque jour. D'après AP, des
officiels israéliens ont dit que l'accès serait rétabli lorsque
les Palestiniens allaient cesser leurs attaques au-dessus de la
frontière.
« La liberté de mouvement des journalistes doit être garantie
en tout temps », dit Reporters sans frontières (RSF). « Les
autorités israéliennes ne doivent pas être en position de
choisir ce que la presse peut et ne peut pas couvrir. »
Les autorités israéliennes ont imposé le 5 novembre un «
blackout des nouvelles » au milieu d'un épisode de frappes
israéliennes contre les militants et les roquettes
palestiniennes. La veille, elles avaient étendu leur blocus de
Gaza pour empêcher d'y laisser entrer de la nourriture, du
combustible et des denrées essentielles, y compris des
provisions livrées par l'ONU.
D'après AP, le premier ministre Ehud Olmert n'a pas répondu à
une lettre du 21 novembre de dirigeants d'entreprises de presse
du monde, dont le président d'AP Tom Curley, le rédacteur en
chef de Reuters David Schlesinger, le directeur de la rédaction
du « New York Times » Bill Keller, le président de ABC News
David Westin et la directrice de BBC News Helen Boaden. Toutes
ces personnes ont fait part de leur grave préoccupation devant «
le déni d'accès, prolongé et sans précédent, des médias
internationaux à la Bande de Gaza ». La lettre de RSF au
ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, pour protester
contre cet interdit est elle aussi restée sans réponse.
Selon RSF et ARTICLE 19, le blackout représente la tentative
d'Israël pour gérer la couverture internationale des nouvelles
concernant le déclin des conditions humanitaires à Gaza. Un
porte-parole du ministère de la Défense a déclaré aux reporters
que la couverture internationale exagérait les souffrances des
Palestiniens.
L'Association de la presse étrangère basée à Tel-Aviv a
demandé à la Cour suprême d'Israël de renverser l'interdiction
de déplacement, faisant valoir qu'elle constitue « un coup grave
et mortel porté à la liberté de la presse et aux autres droits
fondamentaux, et qu'elle donne le sentiment déplaisant que
l'État d'Israël a quelque chose à cacher. » la Cour a fixé à la
fin de ce mois-ci une date d'audience sur la question.
Le gouvernement israélien a interdit aux journalistes
israéliens d'entrer à Gaza depuis le début du blocus israélien,
il y a plus de deux ans, par crainte pour leur sécurité. Les
reporters étrangers étaient autorisés à y entrer, mais sont
soumis à des vérifications de sécurité, à l'autorisation
gouvernementale et à la censure militaire.
Ces dernières années, un certain nombre de journalistes ont
été tués ou blessés par les forces de sécurité israéliennes
pendant qu'ils couvraient le conflit, notamment Fadel Shana, un
cameraman palestinien qui travaillait pour Reuters, tué en avril
2008.
Depuis l'entrée en vigueur de l'interdit de voyage, la
couverture à Gaza est laissée en grande partie aux employés
palestiniens sur place et à une poignée de journalistes
étrangers qui sont déjà là, dit AP.
Par ailleurs, le Centre palestinien pour le développement et
la liberté des médias (Mada) rapporte de graves restrictions
imposées aux reporters palestiniens ces derniers jours - reflet
de la tension croissante entre le Fatah et le Hamas. L'agence de
nouvelles indépendante Ramatan a suspendu le travail à ses
bureaux palestiniens pour protester contre le harcèlement de ses
bureaux en Cisjordanie, tandis que des journalistes indépendants
rapportent être attaqués et arrêtés. « Le harcèlement va jusqu'à
des pressions exercées sur les journalistes pour éviter qu'ils
ne couvrent les événements internes », dit le Mada. Pour en
savoir plus sur les attaques récentes, aller à :
http://www.madacenter.org
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