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IFEX
Les journalistes à bord de la flottille attaquée parlent;
un journaliste a perdu la vie dans l'attaque
Mercredi 9 juin 2010
Dans le sillage du raid israélien contre la flottille qui
transportait de l’aide humanitaire à Gaza le 31 mai, les
journalistes retenus en garde à vue qui ont été remis en liberté
donnent des relations de première main des mauvais traitements,
des interrogatoires et de la confiscation d’équipement par les
Forces de défense israéliennes (FDI), selon ce que rapportent le
Comité pour la protection des journalistes (CPJ), la Fédération
internationale des journalistes (FIJ) et Reporters sans
frontières (RSF). Un journaliste a été tué dans cette attaque
mortelle. Par ailleurs, les autorités israéliennes ont monté et
distribué des portions de séquences vidéo prises à des
journalistes étrangers.
Au moins 60 journalistes de partout dans le monde se trouvaient
à bord. Tous les journalistes qui ont été détenus ont été
expulsés d’Israël, et nombre d’entre eux parlent de ce qu’ils
ont enduré. Les récits de mauvais traitements lors du raid
révèlent que les journalistes ont été empêchés, de la manière la
plus brutale, de faire leur travail.
La journaliste Muna Shester, qui travaille pour l’Agence de
nouvelles du Koweït (Kuwait News Agency, KUNA), a rapporté à RSF
qu’un photographe qui a protesté et qui avait critiqué les
soldats a été passé à tabac. « Je l’entendais crier », a dit
Shester. « Les cameramans, photographes de presse et reporters
ont été maltraités parce qu’ils filmaient ou prenaient des
photos du raid ». Les journalistes ont été fouillés, menottés et
laissés en plein soleil pendant cinq heures, a-t-elle dit.
Le photographe d’Al-Jazeera Issam Za’atar a précisé qu’il était
en train de filmer le raid lorsqu’un soldat israélien l’a frappé
de sa matraque paralysante. Za’atar s’est fait casser un bras et
son appareil-photo a été endommagé. Une fois en détention,
a-t-il dit au CPJ, il a subi un « interrogatoire long et
épuisant ».
La pire violence, cependant, a été infligée au journaliste turc
Cevdet Kiliçlar, qui a été tué d’une balle à la tête, et au
cameraman indonésien Sura Fachrizaz, blessé gravement d’une
balle à la poitrine, d’après la FIJ et RSF.
Paul McGeough, correspondant du « Sydney Morning Herald », a
déclaré que les reporters ont été traités avec un « irrespect
absolu ».
« Notre travail nous demande d’aller chercher les histoires et
de révéler ce qui autrement ne le serait pas », a déclaré
McGough dans une entrevue téléphonique affichée sur le site web
du journal. « Comme le démontre le traitement épouvantable de la
flottille par Israël, il faut des journalistes sur place pour
porter témoignage, pour révéler ce qui se passe là-bas. »
Les soldats israéliens ont confisqué les appareils-photos,
caméras, bandes magnétiques, téléphones satellitaires et
téléphones mobiles, dit Othman Battiri, producteur principal à
Al-Jazeera.
Les FDI ont rendu publiques sur leur chaîne de YouTube des
sections révisées des séquences vidéo le 2 juin. « Israël a
confisqué le matériel journalistique, puis l’a manipulé pour
servir ses intérêts », dit le CPJ. L’Association de la presse
étrangère en Israël qualifie cette opération de « grave
violation de l’éthique journalistique ». La FIJ et son affiliée,
la Fédération nationale des journalistes d’Israël (National
Federation of Israel Journalists, NFIJ), ainsi que d’autres
membres de l’IFEX prient instamment les autorités de rendre
l’équipement confisqué.
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communiqués
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