Communiqué -
CADTM
Soutien à
la résistance du peuple grec
contre la dictature des créanciers !
Lundi 3 mai 2010
Le
nouveau plan d’austérité annoncé dimanche 2 mai est une
véritable catastrophe pour la population grecque , les salariés
du privé comme du public, les retraités et les privés d’emplois.
Gel des salaires et des retraites de la fonction publique
pendant 5 ans ;
Suppression de l’équivalent de 2 mois de salaires pour les
fonctionnaires ;
Diminution de 8% de leurs indemnités déjà amputées de 12% par le
précédent plan d’austérité du gouvernement dirigé par le PASOK ;
Le taux principal de la TVA qui, après être passé de 19 à 21%,
est porté à 23%, (les autres taux augmentent aussi (de 5 à 5.5%
et de 10 à 11%))
Les taxes sur le carburant, l’alcool et le tabac augmentent pour
la 2 ème fois en 1 mois de 10%
Les départs anticipés ( liés à la pénibilité du travail) sont
interdits avant l’âge de 60 ans ;
L’âge légal de départ à la retraite des femmes est porté de 60 à
65 ans d’ici 2013.
Pour les hommes, l’âge légal dépendra de l’espérance de vie ;
Il faudra 40 ans de travail (et non plus 37, hors études et
chômage) pour avoir une retraite à taux plein ;
Cette retraite sera calculée, non plus en fonction du dernier
salaire mais selon le salaire moyen de la totalité des années
travaillées (soit l’équivalent d’une baisse du montant net de la
retraite de 45 à 60%°)
L’Etat réduira ses dépenses de fonctionnement (santé, éducation)
d’1, 5 milliards d’euros.
Les investissements publics seront réduits aussi d’1,5 milliards
d’€.
Un nouveau salaire minimum pour les jeunes et les chômeurs
longue durée est créé ( soit l’équivalent du CPE rejeté en
France par la jeunesse et les syndicats))
C’est une
aubaine pour les marchés financiers et le capital !
Les transports, l’énergie et certaines professions réservées à
l’Etat seront libéralisés et ouverts au privé (privatisations) ;
Le secteur financier (banques principalement) bénéficiera d’un
fonds d’aide mis en place avec l’aide du FMI et l’UE ;
La flexibilité du travail sera renforcée ;
Les licenciements seront facilités.
L’économie grecque est placée sous contrôle du FMI.
La
Grèce, restant dans la zone euro, ne pourra pas dévaluer sa
monnaie, ni jouer sur les taux d’intérêt. La dette ne sera pas
restructurée non plus, les institutions financières européennes
en détiennent les 2/3. Ces mêmes banques continueront à
emprunter auprès de la Banque Centrale européenne à un taux de
1% pour prêter aux Etats (moyennant rémunération). En
contrepartie de ces mesures, les pays de la zone euro vont
prêter un par un une aide de 100 à 135 milliards d’€ sur 3 ans à
la Grèce à un taux de 5% (45 milliards cette année). Les Etats
riches et les banques vont donc faire de l’argent sur le dos du
peuple grec. Christine Lagarde, ministre français des finances,
prévoit un bénéfice de 150 millions d’euros par an. Pratiquant
ainsi, ils vont accroître la dette publique pour permettre à
l’Etat grec de payer ses créanciers spéculateurs !
La crise
grecque est la démonstration grandeur nature de la triple
dangerosité du FMI, de l’Union Européenne et des marchés
financiers.
Le FMI,
décrié à juste titre pour ses catastrophiques « plans
d’ajustement structurels » refait surface dans la zone euro,
après avoir sévi ces 2 dernières années dans plusieurs ex-pays
de l’Est. Il utilise aujourd’hui les mêmes procédés qu’hier
adaptés aux mêmes commanditaires : les marchés financiers et les
transnationales. Aujourd’hui comme hier, c’est sa véritable
nature de pompier pyromane qui est révélée en plein jour.
L’UE et
sa commission ont également réaffirmé leurs paradigmes au
service de la « concurrence libre et non faussée ». La Banque
Centrale Européenne n’est pas au service des populations de
l’Europe mais uniquement à celui des banques et des organismes
financiers. Les marchés financiers, après avoir provoqué et
précipité la crise grecque, via les agences de notation
rémunérées par les grandes banques américaines, veulent tirer
encore plus de profits de leurs stratégies spéculatives. Le
gouvernement PASOK, l’Union Européenne et le FMI lui en servent
l’occasion sur un plateau.
Derrière
l’industrie financière, il y a les multinationales de
l’industrie, du commerce et des services.
Si nous
stigmatisons à juste titre les fonds spéculatifs, les agences de
notation et l’industrie financière, nous ne perdons pas de vue
que ce n’est que l’arbre qui cache la forêt ! Cette spéculation
débridée qui étrangle les populations pauvres n’a été rendue
possible que pour 2 raisons principales :
Les déréglementations successives des marchés financiers depuis
les années 1980 ;
Les choix volontaires et conscients du grand patronat de
destiner leurs nouveaux profits vers la spéculation plutôt que
vers la production et l’emploi. Cette accumulation de nouveaux
profits trouve, elle, son origine dans une nouvelle répartition
des richesses au bénéfice des profits et au détriment de la part
revenant aux salariés. Cette part à baissé d’environ 10% de PIB
en 25 ans en moyenne dans l’ensemble des pays développés.
Cette orientation économique, portée par l’idéologie
néolibérale, est la cause principale de la crise économique et
financière que nous connaissons aujourd’hui.
Les
différents gouvernements
qui se sont succédés depuis 30 ans, en Grèce comme dans les
autres pays du Nord, portent aussi une lourde part de
responsabilité dans l’augmentation des dettes publiques. Les
politiques fiscales, menées en faveur des ménages les plus aisés
et des grandes entreprises (impôt sur le revenu, le patrimoine
et impôt sur les sociétés), ont considérablement diminué les
recettes budgétaires et aggravé les déficits publics, obligeant
les Etats à accroître leur endettement.
Les
responsables de la crise sont épargnés et c’est le peuple à qui
on présente l’addition.
Dans le
plan d’austérité PASOK–UE-FMI imposé au peuple grec, il n’y a en
effet que des mesurettes sans effet pour établir le début d’une
justice fiscale et absolument rien pour lutter contre l’évasion
fiscale des profits des grandes entreprises.
Les « solutions » du PASOK, de l’UE et du FMI précipitent la
Grèce vers l’approfondissement de la crise. Une récession
minimale de 4 points du PIB est déjà programmée pour 2010. Les
petits artisans et commerçants, les petites entreprises vont
connaître une longue suite de faillites et de fermetures
d’activités. Le chômage va exploser et les couches populaires et
les classes moyennes vont voir leur pouvoir d’achat tomber en
chute libre. Les inégalités vont s’accroître et les droits
humains fondamentaux (accès à l’énergie, à l’eau, à la santé, à
l’éducation…) sont menacés pour la partie la plus pauvre de la
population.
La
colère du peuple grec est aussi la nôtre. Le CADTM soutient sans
réserve les mobilisations contre le plan d’austérité.
Des
solutions alternatives existent !
Le remboursement de la dette publique de la Grèce doit être
immédiatement suspendue et un audit public de celle-ci doit être
mené pour décider de sa légitimité ou de son illégitimité.
Des mesures d’annulation doivent être prises et les revenus
financiers de la dette doivent être taxés à la source au taux
maximal de l’impôt sur le revenu.
Des mesures fiscales peuvent immédiatement être prises pour
rétablir la justice fiscale et lutter contre la fraude.
Aujourd’hui, selon les comptes du Trésor grec, les
fonctionnaires (désignés comme boucs émissaires) et les ouvriers
déclarent plus de revenus que les professions libérales
(médecins, pharmaciens, avocats) ou encore que les dirigeants
des banques !
La quasi-totalité des grandes entreprises (armateurs, …)
déclarent leurs profits dans des pays à fiscalité plus
avantageuse (Chypre notamment) ou les cachent dans les paradis
fiscaux. L’église orthodoxe continue à bénéficier d’exorbitantes
exonérations fiscales sur le patrimoine et l’immobilier
De l’argent, en Grèce, il y en a, mais pas là où le plan
d’austérité veut le prendre ! Au CADTM, nous sommes solidaires
du peuple grec qui sera en grève générale mercredi 5 mai
prochain. Partout, en Grèce comme dans les autres pays
européens, la solidarité par la mobilisation doit s’amplifier.
Aujourd’hui, c’est la Grèce mais chacun sait que demain ce sera
le Portugal, l’Irlande ou l’Espagne. Après-demain, toute la zone
euro peut basculer, y compris les pays les plus « riches » de
celle-ci.
Nous
nous félicitons des premières déclarations solidaires et du
début des mobilisations de soutien devant les ambassades
grecques. Il faut aller plus loin !
Le
mouvement social européen dans son ensemble doit être aux côtés
du peuple grec ! les populations européennes ont tout à y
gagner !
Le
CADTM, à son niveau y contribuera !
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