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Communiqué du CADTM
Le CADTM dénonce le soutien criminel du FMI à la
dictature hondurienne
Vendredi 21 août 2009
Le 28 juin dernier, un coup d’Etat
militaire a eu lieu au Honduras. Le président élu Manuel Zelaya
a été contraint de quitter le pays par la force. De
l’Organisation des États américains (OEA) à l’Organisation des
Nations unies (ONU), en passant par l’Union Européenne et le
président des Etats-Unis Barack Obama, tous ont fermement
condamné ce coup d’Etat orchestré par les secteurs
réactionnaires de la société : l’armée, l’oligarchie, l’Eglise,
le pouvoir judiciaire, les médias dominants.
Or le nouveau président autoproclamé
Roberto Micheletti a été jugé parfaitement fréquentable par le
FMI, en dépit des violations continues des droits de l’homme et
des libertés fondamentales perpétrées au Honduras depuis fin
juin. En effet, le FMI a approuvé le 28 août dernier un prêt de
150 millions de dollars au gouvernement putschiste du Honduras,
lui apportant de ce fait un soutien financier qui lui permet de
perdurer au pouvoir. Une seconde tranche de 13,8 millions de
dollars pourrait même être débloquée au cours des prochaines
semaines |1|.
Le CADTM condamne les agissements
scandaleux du FMI, qui une fois de plus n’hésite pas à soutenir
des dictatures en toute connaissance de cause, du moment
qu’elles servent les intérêts des grandes puissances qui
contrôlent le FMI. Cela rappelle étrangement le coup d’Etat
d’avril 2002 au Venezuela, qui avait vu le patron des patrons
Pedro Carmona prendre le pouvoir par la force et recevoir très
vite le soutien du FMI. En descendant dans la rue, le peuple
vénézuélien avait provoqué la fuite de Carmona et le retour du
président élu Hugo Chavez. Au Honduras comme au Venezuela, le
FMI n’hésite pas à apporter un soutien officiel à des régimes
autoritaires et illégitimes.
Le soutien du FMI à des régimes illégitimes
et répressifs ne se limite pas à ces deux pays. Le FMI a
notamment soutenu financièrement Augusto Pinochet au Chili,
Mohamed Suharto en Indonésie, Joseph-Désiré Mobutu au Zaïre,
Jorge Videla en Argentine, et il continue de soutenir Denis
Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville, Idriss Déby au Tchad, etc.
Depuis la crise de la dette au début des années 1980, le FMI
s’appuie notamment sur ce type de régimes autoritaires pour
imposer des programmes d’ajustement structurel aux conséquences
dramatiques pour les peuples du Sud : réduction drastique des
budgets sociaux et des subventions aux produits de première
nécessité, ouverture des marchés et mise en concurrence déloyale
des petits producteurs avec les multinationales, production
tournée vers l’exportation et abandon du principe de
souveraineté alimentaire, privatisations massives, fiscalité
aggravant les inégalités… En proposant le lancement d’une
consultation populaire pour ouvrir la voie à un processus
d’Assemblée constituante, le président Zelaya s’était
définitivement mis à dos l’oligarchie hondurienne qui a décidé
de le renverser par la force. Par son soutien financier, le FMI
cautionne donc ce coup d’Etat. Ainsi, malgré les condamnations
unanimes de la « communauté internationale » et la résistance
populaire au Honduras, le président Zelaya n’a toujours pas pu
regagner son pays.
Même s’ils ont suspendu une aide militaire
de 16,5 millions de dollars au Honduras, les Etats-Unis ont
organisé la médiation du président costaricain Oscar Arias,
promue par la secrétaire d’Etat Hillary Clinton. Cette médiation
tente d’imposer un compromis inacceptable, comprenant : le
retour du président Zelaya mais avec des pouvoirs réduits et
partagés avec les putschistes dans le cadre d’un gouvernement de
« réconciliation et d’union nationale » en attendant les
prochaines élections présidentielles ; une amnistie générale
pour les délits politiques en relation avec ce coup d’Etat ;
l’interdiction de toute consultation populaire appelant à une
Assemblée constituante.
Le FMI, dirigé par le socialiste français
Dominique Strauss-Kahn, finance une dictature militaire qui
piétine les normes constitutionnelles et les droits humains
fondamentaux. Pour le CADTM, la dictature au Honduras doit être
dénoncée et combattue, tout comme le FMI. Voilà pourquoi le
CADTM demande l’abolition immédiate du FMI et son remplacement
par une institution radicalement différente, transparente et
démocratique, dont la mission serait centrée sur la garantie des
droits humains fondamentaux
La solidarité avec le peuple du
Honduras doit être renforcée
Le dimanche 28 juin, le président du Honduras Manuel Zelaya a
été séquestré puis expulsé du pays par les militaires. Le CADTM
a condamné ce coup d’état orchestré par les secteurs
réactionnaires de la société (l’armée, l’oligarchie, l’Eglise,
le pouvoir judiciaire, les médias dominants) et le Pentagone. Ce
coup vise à mettre fin brutalement aux aspirations de
changements du peuple hondurien, investi dans le lancement d’une
consultation populaire pour ouvrir la voie à un processus
d’Assemblée constituante. Les putchistes servent aussi les
intérêts géopolitiques de Washington qui veulent empêcher un
renforcement de l’ALBA, l’Alternative bolivarienne pour les
Amériques, à laquelle le Honduras venait d’adhérer rejoignant
ainsi l’alliance constituée par le Venezuela, Cuba, la Bolivie,
l’Equateur, le Nicaragua et la Dominique.
Afin de participer au soutien à la lutte de résistance du peuple
hondurien, le CADTM a envoyé, en concertation avec la
coordination internationale de soutien à la lutte au Honduras,
une mission de deux personnes sur place. Il s’agissait
d’accompagner les manifestants, de faire connaître à l’étranger
leurs actions et leurs opinions. La délégation du CADTM a
également amené une aide financière au front de résistance. Dans
la colonne de gauche vous trouverez notamment les compte-rendus
envoyés par Cécile Lamarque et Jérôme Duval envoyés spéciaux du
CADTM. La solidarité avec le peuple du Honduras doit être
renforcée.
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