31 juillet 2006
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
MDE 02/002/2006
L¹attaque dévastatrice sur Cana fait apparaître clairement qu¹un
cessez-le-feu total et immédiat est nécessaire de toute urgence.
Les mesures prises par Israël pour suspendre temporairement les
raids aériens sur le sud du Liban sont insuffisantes. Les deux
parties au conflit ont fait preuve d¹un mépris flagrant pour les
lois de la guerre et les civils des deux bords paient un lourd
tribut tandis que se multiplient les crimes de guerre, a déclaré
Amnesty International ce lundi 31 juillet.
« Au vu du mépris flagrant affiché par les deux parties pour les
principes humanitaires fondamentaux, il apparaît que seul un
cessez-le-feu effectif, total et immédiat sera en mesure de protéger
les civils des deux bords dans ce conflit, a déclaré Irene Khan,
secrétaire générale d¹Amnesty International.
« Il est tout à fait honteux que les gouvernements qui exercent
une influence sur Israël et sur le Hezbollah et pourraient aider à
mettre fin à cette crise continuent d¹accorder la priorité aux
intérêts politiques et militaires plutôt qu¹à la vie de civils
innocents. »
Amnesty International appelle la communauté internationale à négocier
de toute urgence un cessez-le-feu total et immédiat et à demander
une réunion des Hautes Parties contractantes aux Conventions de Genève
; les attaques telles que celle de Cana doivent faire l¹objet d¹enquêtes
indépendantes et impartiales et les personnes soupçonnées de
crimes de guerre doivent être
traduites en justice.
Les chargés de recherche d¹Amnesty International au Liban qui se
sont rendus à Cana peu après le bombardement ont trouvé des
secouristes sortant des décombres des cadavres d¹enfants et
fouillant désespérément à la recherche de survivants. À l¹hôpital
de Tyr, Mohamed Qasem Shalhoub, dont la femme, la mère et cinq
enfants âgés de deux à onze ans ont été tués, a expliqué qu¹il
se trouvait dans une pièce au sous-sol où dormaient 17 enfants,
dont un seul a survécu. Une autre survivante, dont le frère et la
s¦ur ont été tués, a expliqué à Amnesty International qu¹elle
et sa famille étaient hébergés depuis dix jours dans cette
maison, ne sortant dans la journée que pour se laver et que les
forces israéliennes, dont les drones survolent fréquemment le
village, devaient être au courant de leur présence.
« Les appels lancés aux parties en guerre pour qu¹elles obéissent
aux lois de la guerre et protègent les civils n¹ont pas été
entendus. Israël lance des attaques ciblées et disproportionnées
sur des civils et des travailleurs humanitaires, tandis que le
Hezbollah continue de lancer des roquettes sur des centres de
population civile israélienne », a déclaré Irene Khan.
Selon les autorités israéliennes, le Hezbollah se serait servi
intentionnellement des civils de Cana comme « boucliers humains ».
Le droit international humanitaire interdit expressément le recours
à la tactique consistant à utiliser des boucliers humains pour empêcher
une attaque dirigée contre des objectifs militaires. Toutefois, le
droit international humanitaire précise aussi clairement que même
si l¹un des deux camps s¹abrite derrière des civils, une telle
violation du droit international « ... ne dispense [pas] les
Parties au conflit de leurs obligations juridiques à l¹égard de
la population civile et des personnes civiles ».
Les informations selon lesquelles Israël aurait averti tous les
civils habitant au sud de la rivière Litani de quitter la zone
montre combien le concept d¹avertissement effectif est déformé.
Un tel avertissement donné à plus de 400 000 personnes ne peut que
semer la panique parmi la population civile et en aucun cas
favoriser sa mise en sécurité. Beaucoup de personnes pensent qu¹elles
ont plus de risques d¹être attaquées sur la route. Certains ne
peuvent simplement pas partir. À plusieurs reprises, les forces
israéliennes ont lancé un avertissement aux résidents de
certaines localités du sud du Liban et ont lancé des attaques sur
ceux qui fuyaient. Le bombardement sans répit, par Israël, des
routes et des ponts rend aussi extrêmement difficile aux civils du
sud du Liban une fuite vers le nord pour obéir aux injonctions israéliennes.
Au regard du droit coutumier international, lancer de façon
intentionnelle des attaques disproportionnées sans discrimination
ou cibler intentionnellement des civils ou des biens de caractère
civil constitue un crime de guerre.
« Le concept de « zones de tir libre » est incompatible avec le
droit international humanitaire. L¹attaque de Cana est
symptomatique de la façon dont le conflit a été mené jusqu¹à
présent et montre que, soit Israël ne prend pas les précautions nécessaires
pour épargner les civils, soit il a intentionnellement lancé une
attaque disproportionnée contre des civils », a déclaré Irene
Khan.
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