Communiqué
Raid israélien
dans un camp de réfugiés de Cisjordanie
: les responsables des homicides doivent
rendre des comptes
Amnesty International
Jeudi 29 août 2013
Trois
hommes ont été tués par balles lundi 26
août en Cisjordanie occupée lors d'un
raid mené dans un camp de réfugiés
palestiniens pour procéder à des
arrestations. Tout porte à croire que
ces homicides sont illégaux et que les
forces israéliennes en sont
responsables, a déclaré Amnesty
International.
Dix-neuf
autres personnes, dont six enfants, ont
été blessées par des balles réelles
tirées au cours du raid dans le camp de
réfugiés de Qalandia. Il s'agit du plus
grand nombre de victimes causées par une
opération israélienne en Cisjordanie
cette année. Cinq personnes, dont trois
enfants, présentaient des blessures au
haut du corps.
«
L'usage intentionnellement meurtrier
d'armes à feu – comme des tirs à balles
réelles visant le haut du corps – n'est
autorisé que si cela est absolument
inévitable pour protéger des vies
humaines », a déclaré Philip Luther,
directeur du programme Afrique du Nord
et Moyen-Orient d’Amnesty International.
« Au vu
des morts et du grand nombre de
victimes, on peut se demander si ces
troupes israéliennes puissamment armées
ont agi en conformité avec les normes
internationales. »
Rubin
Abd al Rahman Zayed, un employé de 34
ans de l'UNRWA (Office de secours et de
travaux des Nations unies pour les
réfugiés de Palestine dans le
Proche-Orient), a été tué. Des soldats
israéliens lui ont tiré dessus depuis un
véhicule militaire alors qu'il sortait
du camp après le raid. Il a été atteint
à la poitrine.
Les
organisations locales de défense des
droits humains ont déclaré à Amnesty
International que la zone était calme à
ce moment, et que les soldats ne
devaient pas faire face à des violences
ou à des menaces lorsque Rubin Abd al
Rahman Zayed a été abattu.
« Les
circonstances de la mort de Rubin Abd al
Rahman Zayed évoquent une exécution
extrajudiciaire contraire au droit
international », a ajouté Philip Luther.
«
L'homicide intentionnel de civils est
aussi un crime de guerre en vertu de la
quatrième Convention de Genève,
qu'Israël doit respecter en tant que
puissance occupante dans les territoires
palestiniens. »
Au cours
du raid, les forces israéliennes ont
également tué Younes Jamal Jahjouh et
Jihad Mansour Aslan. Un porte-parole
d'un complexe médical palestinien a
informé Amnesty International que les
deux hommes avaient été touchés à la
poitrine.
Les
Forces de défense d'Israël (FDI) ont
déclaré que les soldats avaient recouru
aux armes à feu parce qu'ils estimaient
que leur vie était menacée, du fait que
les Palestiniens lançaient des pierres
et d'autres objets sur leurs véhicules.
Les FDI ont également affirmé que les
Palestiniens avaient tiré sur leurs
jeeps, et que quatre balles avaient été
extraites de ces véhicules après le
raid.
« Même
si les troupes israéliennes se sentaient
menacées, elles avaient la
responsabilité de réduire les risques
pour les personnes ne présentant pas une
menace, et ne devaient utiliser les
armes à feu qu'en dernier recours », a
expliqué Philip Luther.
« Ce
raid meurtrier semble être un nouvel
exemple de l'usage excessif de la force
par les troupes israéliennes dans les
territoires palestiniens occupés. Au
lieu de mener des enquêtes impartiales
et indépendantes, et de veiller à ce que
leurs soldats respectent le droit
international, les porte-parole
israéliens tentent déjà de rejeter les
objections concernant ces homicides et
blessures graves ».
Les FDI
ont déclaré que, selon leur enquête
préliminaires, les soldats avaient agi «
conformément à ce qui était prévu [...
et que leur comportement] était contrôlé
et proportionné. »
Amnesty
International a déjà exprimé son
inquiétude du fait que les enquêtes de
l’armée israélienne ne sont pas
conformes aux normes internationales et
entraînent une impunité quasi-totale
pour les auteurs présumés d’homicides
illégaux. Tout homicide ou toute
blessure grave d’un civil par les forces
armées israéliennes doit faire l’objet
d’une enquête indépendante et impartiale
dans les meilleurs délais. Les
responsables présumés d'homicides
illégaux ou d'usage arbitraire ou
excessif de la force doivent être amenés
à rendre des comptes devant des
tribunaux civils, conformément aux
normes d'équité des procès.
Après
les homicides de lundi, des
manifestations ont éclaté en
Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est.
Selon les sources, de nouvelles
arrestations ont eu lieu et d'autres
personnes ont été blessées.
Avant le
raid de lundi à Qalandia, les forces
israéliennes avaient tué 10 civils
palestiniens en Cisjordanie au cours de
l'année 2013. L'opération la plus
récente avait eu lieu à Jénine, le 20
août. Amnesty International a enquêté
sur plusieurs de ces homicides et a
recueilli des informations prouvant
qu'ils étaient illégaux.
Le
Bureau de la coordination des affaires
humanitaires des Nations unies a recensé
2 877 civils palestiniens blessés par
les forces israéliennes en Cisjordanie
au cours des sept premiers mois de
l'année 2013.
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