Lundi 25 janvier 2010
Les droits humains, et notamment les droits des femmes, ne
doivent ni faire l’objet de marchandages ni être mis en
péril lors d’éventuels pourparlers de réconciliation avec
les talibans en Afghanistan, a déclaré Amnesty International
à la veille d’une conférence devant se tenir à Londres au
sujet de la dégradation des conditions de sécurité dans ce
pays.
Hamid Karzaï, le président afghan, Ban Ki-Moon, le
secrétaire général des Nations unies, ainsi que d’autres
dirigeants et des ministres des Affaires étrangères doivent
discuter des dispositions à adopter en matière de sécurité
en Afghanistan pour les deux années à venir, y compris
concernant des programmes de réconciliation visant à
réinsérer des membres dits modérés des talibans.
« Toute discussion avec les talibans doit impliquer qu’ils
s’engagent clairement à respecter et protéger les droits des
Afghans », a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme
Asie-Pacifique d’Amnesty International.
« Les talibans ont mené une terrible politique de violations
systématiques des droits humains lorsqu’ils étaient au
pouvoir, et n’ont depuis lors rien fait qui indique qu’ils
agiront différemment s’ils y reviennent.
« Les décideurs politiques réunis à Londres cette semaine
doivent montrer qu’ils ne sacrifieront pas le bien-être des
Afghans sur l’autel de la conjoncture politique et
militaire. »
Des accords similaires conclus avec les talibans au Pakistan
voisin ont été suivis d’une multiplication des violations
des droits humains dans les zones sous leur contrôle et
donné lieu à une amplification du conflit et à une montée de
l’insécurité.
Le gouvernement afghan et les groupes rebelles doivent tous
respecter les obligations auxquelles l’Afghanistan est tenu
au titre du droit international relatif aux droits humains
ainsi que du droit national, a ajouté Amnesty International.
Les talibans et d’autres groupes rebelles en Afghanistan
font preuve de très peu d'égards pour les droits humains et
les lois de la guerre, prenant délibérément des civils pour
cibles, perpétrant des attentats-suicides aveugles dans
lesquels des civils trouvent la mort, et s’efforçant
d’anéantir l’éducation des fillettes et des jeunes filles.
D’après des chiffres communiqués par les Nations unies,
deux-tiers des quelque 2 400 victimes civiles du conflit en
Afghanistan ont été tuées par les talibans en 2009, année la
plus sanglante depuis la chute du régime taliban.
Dans les zones sous leur contrôle, les talibans restreignent
gravement les droits des fillettes, des jeunes filles et des
femmes, les privant notamment d’éducation, d’emploi, de
liberté de mouvement, ainsi que de toute participation et
représentation politique.
Des groupes de la société civile afghane, en particulier des
groupes de défense des femmes, ont fait part de leur grande
inquiétude à l’idée qu’un quelconque type de contrôle
politique soit accordé aux talibans.
« Tout effort diplomatique déployé dans le but de résoudre
le conflit est un pas en avant, a renchéri Sam Zarifi, mais
les droits des Afghans ne doivent en aucun cas passer à la
trappe dans le cadre des négociations. »
« D’après notre expérience, toute paix obtenue sans justice
ni respect des droits humains n'est pas véritable et peut au
bout du compte déboucher sur de nouveaux conflits. »
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