AMNESTY INTERNATIONAL
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Index AI : MDE 02/018/2006 (Public)
Bulletin n° : 219
ÉFAI
23 août 2006
Embargo : 23 août 2006 00h01 TU
Attention: Amnesty International a pu obtenir des images satellites
montrant l'impact des destructions. Elles peuvent être visionnées
ici:
http://www.amnestyinternational.be/doc/article8664.html
Amnesty International a rendu publics ce mercredi 23 août 2006 les
résultats d'investigations montrant qu'Israël a mis en ouvre lors
du conflit récent une politique délibérée de destruction
d'infrastructures civiles libanaises, qui s'est traduite dans
certains cas par des crimes de guerre.
Les dernières informations publiées par l'organisation montrent
que la destruction par Israël de milliers d'habitations, ainsi que
les frappes qui visaient de nombreux ponts et routes et des
installations de stockage de l'eau et du carburant, faisaient partie
intégrante d'une stratégie militaire au Liban et ne constituaient
pas des « dommages collatéraux » résultant de la prise pour
cibles légitime d'objectifs militaires.
Le rapport renforce la nécessité de l'ouverture urgente par les
Nations unies d'une enquête exhaustive et indépendante sur les
graves violations du droit international humanitaire dont se sont
rendus coupables le Hezbollah et Israël pendant le conflit qui les
a opposés un mois durant.
« L'affirmation par Israël que les attaques des infrastructures étaient
légales est de toute évidence erronée, a déclaré Kate Gilmore,
secrétaire générale adjointe exécutive d'Amnesty International.
Nombre de violations décrites dans notre rapport, telles que des
attaques disproportionnées et
menées sans discrimination, constituent des crimes de guerre. Les
éléments suggèrent fortement que la destruction massive de
centrales d'eau et d'électricité et d'infrastructures
indispensables au transport de la nourriture et de l'aide
humanitaire était délibérée et s'inscrivait dans une stratégie
militaire. »
Le gouvernement israélien a affirmé qu'il prenait pour cibles les
positions et les installations auxiliaires du Hezbollah et que les
autres dommages occasionnés aux infrastructures civiles étaient
dus au fait que le Hezbollah avait utilisé la population civile
comme « bouclier humain ».
« Le mode, l'étendue et l'intensité des attaques ôtent toute crédibilité
à l'affirmation d'Israël selon laquelle il s'agirait de dommages
collatéraux », a déclaré Kate Gilmore.
« Les victimes civiles des deux parties au conflit ont droit à la
justice. La gravité des violations commises rend d'autant plus
urgente la tenue d'une enquête sur la conduite des deux parties. Il
faut que les auteurs de crimes de guerre rendent des comptes et que
les victimes obtiennent réparation. »
Intitulé Deliberate destruction or 'collateral damage'? Israeli
attacks against civilian infrastructure, le rapport s'appuie sur des
informations de première main que l'organisation a rassemblées
lors des entretiens avec des dizaines de victimes, de représentants
des Nations unies, des Forces de
défense d'Israël (FDI) et du gouvernement libanais qu'elle a réalisés
au cours de missions de recherche récentes au Liban et en Israël.
Certaines informations du rapport proviennent de déclarations
officielles et de la presse.
Le rapport contient des éléments faisant état :
- de la destruction massive par les forces israéliennes de
quartiers et de villages civils ;
- d'attaques de ponts dans des zones n'ayant pas d'importance stratégique
flagrante ;
- d'attaques de stations de pompage et de traitement des eaux et de
supermarchés, en dépit de l'interdiction de prendre pour cibles
des objectifs indispensables à la survie de la population civile ;
- de déclarations de responsables militaires israéliens indiquant
que la destruction d'infrastructures civiles faisait effectivement
partie des objectifs de la campagne militaire israélienne visant à
dresser la population et le gouvernement libanais contre le
Hezbollah.
Le rapport décrit un modèle d'attaques disproportionnées et menées
sans discrimination, qui ont provoqué le déplacement de 25 p. cent
de la population civile. Ce modèle, rattaché aux déclarations
officielles, montre que les attaques sur les infrastructures étaient
délibérées et non pas inhérentes à la poursuite d'objectifs
militaires légaux.
Amnesty International lance un appel en faveur de l'ouverture de
toute urgence par les Nations unies d'une enquête exhaustive, indépendante
et impartiale sur les violations du droit international humanitaire
commises par les deux parties au conflit. L'enquête devra porter en
particulier sur les conséquences de ce conflit sur la population
civile ; elle devra avoir pour objectif de déterminer la
responsabilité des individus dans les crimes de droit international
qui ont été commis et d'accorder des réparations aux victimes.
Le rapport Deliberate destruction or 'collateral damage'? Israeli
attacks against civilian infrastructure (index AI : MDE 18/007/2006)
est disponible sur le site de l'organisation, à l'adresse suivante
:
http://www.amnestyinternational.be/doc/article8664.html)
|