Embargo : 21 novembre 2006 00h01 TU
Israël/Liban. De nouveaux éléments relatifs aux graves
violations commises dans le cadre du conflit entre Israël et le
Hezbollah soulignent à quel point il est urgent que l’ONU enquête
Ce 21 novembre 2006, Amnesty International a demandé une nouvelle
fois qu’une enquête exhaustive et indépendante soit menée
par les Nations unies sur les violations du droit international
humanitaire commises dans le cadre du conflit qui a opposé cet été
Israël au Hezbollah (Parti de Dieu).
Cette requête fait écho à la publication de son dernier rapport
sur ces atteintes aux droits humains. Ce document s’intéresse aux
répercussions pour les civils des attaques israéliennes et
notamment aux attaques ayant entraîné la mort de civils. Il passe
également en revue les allégations selon lesquelles le Hezbollah a
utilisé des civils comme boucliers humains.
« Les Nations unies doivent de toute urgence mener une enquête
exhaustive et impartiale qui permette d’apporter réparation aux
victimes. S’abstenir reviendrait à trahir honteusement les
victimes civiles – plus d’un millier de morts – et à ouvrir
la voie à de nouvelles effusions de sang parmi la population
civile, et ce en toute impunité, a déclaré Malcolm Smart,
directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty
International.
« Plus de trois mois se sont écoulés depuis le cessez-le-feu.
À la connaissance d’Amnesty International, aucune des parties
n’a encore ordonné d’enquêtes sur les graves violations
commises au cours de ce conflit. »
Dans son rapport, Israel/Lebanon, Out of all proportion –
civilians bear the brunt of the war, Amnesty International conclut
que les forces israéliennes ont mené des attaques disproportionnées
et sans discernement, notamment en bombardant de manière prolongée
le sud du Liban. Fait particulièrement inquiétant, Israël a
massivement utilisé les bombes à sous-munitions dans des zones
civiles au cours des derniers jours du conflit et elles continuent
de détruire la vie des civils. En outre, certaines attaques
laissent à penser que les forces israéliennes n’ont pas adopté
les précautions requises afin d’éviter les pertes civiles.
Par ailleurs, les déclarations publiques des dirigeants israéliens
et les tracts largués sur le Liban révèlent que les forces israéliennes
ont bel et bien considéré les civils se déplaçant dans le sud du
Liban comme des cibles militaires. Toute mise en œuvre d’une
telle stratégie constituerait une attaque menée sans discernement,
voire une attaque directe, contre des civils.
Dans son rapport, Amnesty International s’interroge également sur
les allégations d’Israël selon lesquelles les combattants du
Hezbollah se sont servis de civils comme de boucliers humains.
D’après les éléments disponibles, le Hezbollah a dans certains
cas stocké des roquettes Katioucha dans des villages et procédé
à des tirs depuis des zones civiles. Toutefois, ni la présence de
civils ni leur utilisation comme boucliers humains ne sont avérées,
pas plus que les allégations d’Israël selon lesquelles le
Hezbollah a empêché les civils de fuir les zones attaquées.
Dans un précédent rapport, Amnesty International concluait que le
Hezbolllah avait mené des attaques directes et sans discernement
contre des civils lorsqu’il a bombardé le nord d’Israël.
Fondé sur des recherches menées sur le terrain au Liban et en Israël
en juillet, août et septembre 2006, ce dernier rapport s’appuie
sur les sources suivantes : entretiens avec des victimes, rencontres
avec des responsables des gouvernements et des armées des deux
camps, entretiens avec de hauts responsables du Hezbollah,
organisations non gouvernementales (ONG), déclarations officielles
et articles de presse.
Voici les principales conclusions de ce rapport :
Des ambulances ont été la cible des frappes israéliennes et
les organisations humanitaires ont dû renoncer à des opérations
de secours ou de fourniture d’aide humanitaire, même après avoir
reçu l’autorisation des autorités israéliennes.
Les attaques des forces israéliennes sur les infrastructures
libanaises, ainsi que l’embargo aérien et maritime, constituaient
vraisemblablement une sanction collective, tout autant qu’un moyen
d’entraver les opérations du Hezbollah.
Des convois de civils ont été bombardés par les forces israéliennes
alors qu’ils fuyaient des villes et des villages du sud du Liban,
conformément aux ordres d’évacuation donnés par Israël.
Les civils, et particulièrement les enfants, continuent d’être
blessés ou tués alors que le conflit est terminé : Israël a
massivement largué des bombes à sous-munitions sur des zones
civiles au Liban et environ un million de petites bombes n’ont pas
explosé.
Les autorités israéliennes ont à maintes reprises exprimé leurs
regrets pour les victimes civiles, sans donner d’explications
satisfaisantes quant aux attaques – la cible visée, la prise en
considération du principe de proportionnalité ou les mesures de précaution.
Lorsqu’elles ont précisé que les civils avaient été touchés
par erreur, elles n’ont pas laissé entendre que quelqu’un en
avait été tenu pour responsable – ou le serait.
À la connaissance de l’organisation, les autorités libanaises et
les dirigeants du Hezbollah n’ont ordonné aucune enquête sur les
violations du droit international humanitaire imputables à ce
mouvement.
Les quatre experts indépendants des Nations unies, spécialisés en
droits humains, et l’actuelle commission d’enquête mise sur
pied par le Conseil des droits de l’homme ont un champ d’action
limité, notamment en raison du manque de temps et de ressources.
Amnesty International invite les Nations unies à mettre sur pied
une commission internationale chargée d’enquêter sur les
éléments d’information relatifs aux violations du droit
international imputables au Hezbollah et à Israël, et de prendre
des dispositions afin d’accorder réparation aux victimes. En
outre, elle requiert l’instauration d’un embargo sur les
armes pour les deux camps et d’un moratoire immédiat sur les
bombes à sous-munitions.
Note d’information
La secrétaire générale d’Amnesty International, Irene Khan,
conduira une délégation au Liban, en Israël et dans les
territoires occupés du 2 au 11 décembre. Cette délégation
rencontrera des dirigeants gouvernementaux et politiques, ainsi que
des membres de la société civile, afin d’aborder les questions
posées par le conflit qui a opposé Israël au Hezbollah et la
crise des droits humains dans les territoires occupés. De nouvelles
informations seront publiées à l’approche de cette mission.
Voir :
Israel/Lebanon, Out of all proportion – civilians bear the brunt
of the war (index AI : MDE 02/033/2006 ; http://web.amnesty.org/library/index/engmde020332006
<http://web.amnesty.org/library/index/engmde020332006>
)
Voir aussi :
En ligne de mire : les attaques du Hezbollah sur le nord d’Israël
(index AI : MDE 02/025/2006 ; http://web.amnesty.org/library/index/fraMDE020252006)
Destructions délibérées ou « dommages collatéraux » ? Les
attaques israéliennes contre les infrastructures civiles (index AI
: MDE 18/007/2006 ; http://web.amnesty.org/library/index/fraMDE180072006)
|