|
Amnesty International
Un Israélien qui a voulu alerter l'opinion sur des questions
relatives au nucléaire est de nouveau placé à l'isolement
Vendredi 18 juin 2010
Amnesty International accuse les autorités israéliennes de
soumettre Mordechai Vanunu, un citoyen qui a dénoncé le
programme nucléaire de son pays, à un traitement cruel, inhumain
ou dégradant en le maintenant en isolement cellulaire.
Cet homme de 56 ans a passé 18 ans en prison pour avoir divulgué
des informations sur l’arsenal nucléaire israélien à un journal
britannique en 1986. Le 23 mai 2010, il a été renvoyé en prison
pendant trois mois pour être entré en contact avec un étranger
et il a été placé presque immédiatement à l’isolement. Amnesty
International demande sa libération immédiate et sans condition.
« Mordechai Vanunu ne devrait même pas être en prison, et encore
moins maintenu à l’isolement dans une unité destinée aux
criminels violents, a déclaré Malcolm Smart, directeur du
programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty
International.
« Il a énormément souffert quand il était détenu à l’isolement
pendant 11 ans après son emprisonnement en 1986, et le remettre
aujourd’hui dans de telles conditions est tout simplement
un traitement cruel, inhumain ou dégradant. »
Mordechai Vanunu est détenu à la prison d’Ayalon, dans le centre
d’Israël. Son avocat a révélé à Amnesty International qu’on
l’avait placé dans une cellule isolée, soi-disant pour le
protéger des autres prisonniers.
Depuis de nombreuses années, il est décrit par certains médias
et responsables politiques israéliens comme un traître et un
ennemi de l’État parce qu’il a révélé les activités menées par
Israël pour mettre au point des armes nucléaires, et il affirme
avoir reçu des menaces de mort.
« Mordechai Vanunu est un prisonnier d’opinion.
L’administration pénitentiaire peut prétendre qu’on l’a placé à
l’isolement pour le protéger du risque d’être attaqué par
d’autres détenus, mais si les autorités israéliennes sont
vraiment inquiètes de sa sécurité, elles doivent le libérer sans
délai, a souligné Malcolm Smart. Sa nouvelle incarcération est à
la fois cruelle et injustifiée. »
Ancien technicien dans une centrale nucléaire près de la ville
de Dimona, dans le sud d’Israël, Mordechai Vanunu a divulgué des
détails sur l’arsenal nucléaire israélien au Sunday Times,
hebdomadaire britannique, en 1986.
Enlevé par des agents du Mossad (Service de renseignement) en
Italie le 30 septembre 1986, il a été conduit secrètement en
Israël où il a été jugé et condamné à une peine d’emprisonnement
de 18 ans. Il a passé les 11 premières années à l’isolement.
Depuis sa libération en 2004, les autorités israéliennes le
soumettent à une surveillance policière en vertu d’une
ordonnance militaire draconienne renouvelée tous les six mois.
Aux termes de cette ordonnance, il lui est interdit
de communiquer avec des étrangers, notamment s’ils sont
journalistes. Il ne peut pas quitter le pays et n’a pas le droit
de s’approcher des ambassades étrangères. De plus, il doit
informer les autorités s’il souhaite changer d’adresse.
« Les mesures imposées à Mordechai Vanunu restreignent de
manière arbitraire ses droits à la liberté de mouvement,
d’expression et d’association et bafouent par conséquent
le droit international. Elles doivent être abolies et il doit
être autorisé à recommencer sa vie en homme libre », a ajouté
Malcolm Smart.
Le 17 juin 2010, le frère de Mordechai Vanunu, Meir Vanunu, a
déclaré à Amnesty International : « C’est très traumatisant pour
Mordechai d’être de nouveau placé à l’isolement et harcelé. Ce
sont les conditions dans lesquelles il a déjà été maintenu
pendant 18 ans et il n’y a aucune justification à cela après 24
années de souffrances.
« Nous craignons les conséquences que cela aura sur sa santé. Il
est maintenant temps que Mordechai retrouve une véritable
liberté – il doit être autorisé à voyager et à quitter Israël.
Il n’aurait jamais dû être mis dans cette situation. »
En raison des conditions imposées dans l’unité des
criminels dangereux de la prison d’Ayalon, Mordechai Vanunu ne
peut sortir de sa cellule qu’une heure par jour pour
marcher dans la cour.
Actuellement, il ne peut pas passer d’appels téléphoniques
à moins de présenter à l’administration pénitentiaire des
informations sur la personne qu’il souhaite appeler –
chose qu’il refuse de faire par principe. Par conséquent, il n’a
eu aucun contact avec ses proches depuis qu’il a été renvoyé en
prison.
Son avocat, Michael Sfard, a pu lui rendre visite. Il a indiqué
à Amnesty International : « Mordechai Vanunu souffre
de l’isolement. Il ne faut pas le faire payer à cause
de l’hostilité des autres envers lui. »
Sommaire
communiqués
Les dernières mises à
jour
|