Amnesty International
Bahreïn. Le bilan des victimes s'alourdit lors de
l'évacuation du campement des manifestants
Jeudi 17 février 2011
Amnesty International condamne l’évacuation violente menée par
les autorités de Bahreïn contre le campement de manifestants
pacifiques installés dans le centre de la capitale Manama, au
cours de laquelle pas moins de trois personnes auraient trouvé
la mort.
Plusieurs personnes ont été tuées par les forces de sécurité qui
ont utilisé des fusils, des balles en caoutchouc, des matraques
et des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants hostiles
au gouvernement qui avaient décidé de passer la nuit sur le
rond-point de la Perle, à Manama.
« Les autorités de Bahreïn ont une nouvelle fois répondu aux
manifestations légitimes en recourant à la force meurtrière et
sans sommation. Elles doivent mettre fin à la répression qui se
poursuit contre les militants réclamant des réformes, a indiqué
Malcolm Smart, directeur du programme Afrique du Nord et
Moyen-Orient d’Amnesty International.
« Il est par ailleurs urgent de diligenter une enquête
approfondie et impartiale sur la force utilisée le 17 février au
matin contre les manifestants pacifiques, dont des familles avec
enfants, et établir si le recours à la force meurtrière a pu
être justifié.
« Si la réponse est non, ceux qui ont ordonné l'usage d'une
force excessive et ceux qui l'ont appliquée doivent être
traduits en justice. »
Amnesty International a reçu des informations non confirmées
selon lesquelles les forces de sécurité bloquaient le passage
des ambulances qui se rendaient au rond-point de la Perle pour
soigner et transporter les blessés.
Des secouristes de l’hôpital d’al Salmaniya, tout proche,
auraient également été frappés par des policiers.
On craint que de nombreux militants n’aient été interpellés,
leurs familles ayant fait savoir qu’elles les avaient cherchés
en vain dans les hôpitaux.
Selon des témoins, les forces de sécurité ont attaqué les
manifestants sans discrimination, alors que les affrontements se
sont poursuivis toute la nuit.
« Les policiers antiémeutes attaquent encore tout le monde. Nous
avons peur qu’ils ne nous tombent dessus à tout moment. Le bilan
confirmé se monte à six victimes, tuées par la police
antiémeutes. Beaucoup sont encore blessés. Beaucoup se trouvent
encore là-bas et ils ont désespérément besoin d’aide », a assuré
à Amnesty International un défenseur bahreïnite des droits
humains.
Deux personnes ont été tuées à Bahreïn en début de semaine à la
suite des manifestations organisées sur Facebook et Twitter dans
le cadre de la « Journée de la colère », inspirée semble-t-il
des troubles qui ont ébranlé l’Égypte et la Tunisie.
« Les autorités de Bahreïn réagissent avec violence aux appels
pacifiques en faveur d’une réforme politique, inspirés par des
mouvements analogues dans d’autres pays de la région, a
poursuivi Malcolm Smart.
« Elles doivent maîtriser leurs forces de sécurité et les amener
à rendre compte de leurs actes conformément à la loi.
« Les citoyens doivent pouvoir organiser librement des
manifestations pacifiques et toute personne arrêtée pour avoir
pris part à ces rassemblements doit être remise en liberté. »
Le 11 février, Amnesty International a mis en relief la
détérioration de la situation des droits humains dans le pays,
dans son rapport intitulé
Crackdown in Bahrain: human rights at the crossroads.
L’organisation a appelé le gouvernement à veiller à ce que des
enquêtes dignes de ce nom soient ouvertes sur les allégations de
torture et d’autres graves atteintes aux droits humains
imputables aux forces de sécurité.
Sommaire
communiqués
Dossier
Bahreïn
Les dernières mises à
jour
|