Amnesty International
Un journaliste marocain doit passer en jugement pour
avoir critiqué les forces de sécurité
Lundi 16 mai 2011
Un journaliste marocain qui
doit comparaître en justice le 17 mai, pour avoir semble-t-il
critiqué la loi antiterroriste marocaine, doit être libéré
immédiatement et sans condition s’il est détenu uniquement pour
les articles qu'il a signés, a déclaré Amnesty International
lundi 16 mai.
Rachid Nini, rédacteur en chef
du quotidien el Massa, a été arrêté le 28 avril après
avoir publié plusieurs articles qui dénonçaient les pratiques de
lutte contre le terrorisme adoptées par les services de sécurité
marocains, notamment les peines de prison prononcées à l’issue
de procès iniques contre les islamistes.
En outre, à plusieurs
reprises, il a réclamé plus de liberté politique et a dénoncé la
corruption qui règne parmi les responsables du gouvernement.
« La détention de Rachid Nini
va totalement à l’encontre des promesses de réforme que le roi
Mohammed VI a faites il y a peu, lorsqu’il a promis de
consolider le respect des droits humains. Il s’agit d’une grave
attaque contre la liberté d'expression », a indiqué Amnesty
International.
Rachid Nini est inculpé
d’avoir « jeté le discrédit sur une décision de justice, tenté
d’influencer le pouvoir judiciaire et évoqué des infractions
pénales non avérées ». Il est actuellement détenu à la prison d’Okasha
à Casablanca et son procès doit s’ouvrir le 17 mai.
« Engager des poursuites
contre une personne qui ne fait qu’exercer son droit à la
liberté d’expression pacifique est grotesque, a souligné Amnesty
International.
« Il est malvenu d’incarcérer
un journaliste simplement parce qu’il fait son travail et remet
en cause les politiques de lutte contre le terrorisme du
gouvernement et leur efficacité, et dénonce les atteintes aux
droits humains imputables aux forces de sécurité. »
Dans ses articles, Rachid Nini
a demandé que des investigations soient diligentées sur les
allégations de torture émanant de personnes soupçonnées de
terrorisme et a condamné les violations des droits fondamentaux
perpétrées au centre de détention de Temara, au sud de la
capitale Rabat.
« Si Rachid Nini est incarcéré
uniquement pour avoir critiqué la législation antiterroriste et
la corruption, nous le considérerons comme un prisonnier
d'opinion », a indiqué Amnesty International.
Les autorités marocaines
subissent de fortes pressions en faveur de réformes, sur le plan
politique et des droits humains, depuis que des manifestations
ont éclaté le 20 février inspirées par les événements en
Tunisie, en Égypte et en Libye.
En mars, diverses réformes ont
été annoncées, dont la création d’un Conseil national des droits
de l'homme. Le roi Mohammed VI a également promis un plan de
réforme constitutionnelle, tout en abandonnant certains de ses
pouvoirs politiques.
Toutefois, les autorités
marocaines continuent de limiter abusivement l’exercice du droit
à la liberté d’expression sur des sujets sensibles touchant à la
sécurité nationale, à l’intégrité territoriale et à la
monarchie. Des défenseurs des droits humains, des journalistes
et des avocats, entre autres, continuent d’être en butte à des
actes d’intimidation, voire à des poursuites judiciaires,
lorsqu'ils franchissent certaines « lignes jaunes ». À de
multiples reprises, Amnesty International a demandé l’abrogation
ou la modification des dispositions du Code pénal et du Code de
la presse qui érigent en infraction l’exercice pacifique de la
liberté d'expression.
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