15 février 2007
Déclaration publique
Amnesty International déplore
vivement les exécutions de quatre membres de la communauté arabe d¹Iran
qui ont eu lieu le 14 février 2007, et elle est préoccupée par le
fait que d¹autres prisonniers pourraient être exécutés à l¹issue
de procès iniques.
L¹organisation appelle
les autorités iraniennes à cesser immédiatement les exécutions
et à veiller à ce que toutes les personnes détenues soient protégées
contre la torture et les autres formes de mauvais traitements.
Depuis le début de l¹année 2007, Amnesty International a recensé
pas moins de 28 exécutions en Iran, dont les quatre du 14 février.
Un des quatre hommes, l¹enseignant
Risan Sawari, âgé de trente-deux ans, aurait été exécuté
mercredi 14 février dans un endroit inconnu, au Khuzestan. Sa
famille aurait été informée de son exécution mais la dépouille
ne lui a toujours pas été remise. Risan Sawari aurait été arrêté
en avril 2005, puis libéré et interpelé de nouveau en septembre
2005.
Alors que sept hommes
avaient été désignés comme ayant été reconnus coupables de
participation aux attentats à l¹explosif d¹octobre 2005 qui
avaient provoqué la mort d¹au moins six personnes à Ahvaz,
Khuzestan TV, une chaîne de télévision locale contrôlée par le
gouvernement, avait montré le 1er mars 2006 des images de neuf
hommes, dont Risan Sawari, « avouant » les faits. Parmi eux
figuraient Mehdi Nawaseri et Ali Awdeh Afrawi, qui avaient été
pendus en public le matin suivant.
Selon certaines
informations, la troisième chambre du tribunal révolutionnaire d¹Ahvaz
avait confirmé le 10 juin 2006 la condamnation à mort de Risan
Sawari et de neuf autres hommes. Les dix hommes auraient été accusés
de mohareb (hostilité envers Dieu), infraction passible de la peine
capitale. Ils étaient accusés de « déstabilisation de l¹État
», « tentative de renversement du gouvernement », « possession d¹explosifs
de confection artisanale », « sabotage d¹installations pétrolières
» et d¹attentats contre la ville d¹Ahvaz entre juin et octobre
2005.
On ignore si la
condamnation à mort de Risan Sawari avait été confirmée par la
Cour suprême.
Les trois autres hommes
exécutés le 14 février < il s¹agirait d¹Abdulreza Sanawati
Zergani, Qasem Salamat et Majed Alboghubaish auraient eux aussi été
reconnus coupables, en même temps que sept autres personnes, de
mohareb pour leur participation présumée à des attentats contre
la ville d¹Ahvaz 2005. Détenus à l¹isolement avant, et peut-être
aussi après, leur procès, ils ont été reconnus coupables et
condamnés à l¹issue de procès iniques sans avoir pu bénéficier
d¹aucune assistance juridique.
Dans un entretien donné
à la fin du mois de janvier 2006 à la radio Zamaneh, basée aux
Pays-Bas, le défenseur des droits humains Emaddedin Baghi, qui a
suivi ces affaires avec attention, a déclaré que les accusés n¹avaient
pas pu consulter d¹avocats et qu¹ils avaient été maintenus à l¹isolement
pendant des mois. « Ils n¹ont pas bénéficié d¹un procès équitable
», a-t-il conclu.
Le 13 novembre 2006,
Khuzestan TV avait diffusé un film documentaire dans lequel les
trois hommes exécutés mercredi et six des sept autres reconnus
coupables dans le cadre de la même affaire « avouaient » leur
participation aux attentats. Ils étaient présentés comme des
membres d¹Al-e, groupe de militants arabes d¹Iran qui ne semble
pas avoir été actif depuis la guerre entre l¹Iran et l¹Irak,
dans les années 80.
Le 10 janvier 2007, trois
experts des Nations unies spécialisés dans les questions des
droits humains - Philip Alston, rapporteur spécial sur les exécutions
extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Leandro Despouy,
rapporteur spécial sur l¹indépendance des juges et des avocats,
et Manfred Nowak, rapporteur spécial sur la torture - ont lancé un
appel conjoint au gouvernement iranien afin qu¹il empêche l¹exécution
imminente de sept hommes appartenant à la communauté arabe d¹Ahvaz,
et leur accorde un procès public
et équitable. Les rapporteurs ont déclaré avoir pleinement
conscience de la gravité des accusations pesant sur ces hommes,
ajoutant cependant que cela ne justifiait pas leur condamnation ni
leur exécution au terme de procès qui n¹étaient qu¹une parodie
des procédures requises.
Les sept hommes auxquels
les experts des Nations unies faisaient allusion étaient Mohammad
Jaab Pour, Abdulamir Farjallah Jaab, Alireza Asakreh, Khalaf Derhab
Khudayrawi, qui ont été exécutés le 24 janvier 2007,et les trois
hommes exécutés le 14 février.
Trois autres Arabes d¹Iran,
Abdullah Suleymani, Malek Banitamim et Ali Matouri Zadeh, auraient
été exécutés le 19 décembre 2006 dans une prison de la province
du Khuzestan.
Au moins 17 autres
membres de la communauté arabe d¹Iran auraient été condamnés à
mort à l¹issue de procès iniques pour leur participation présumée
à des attentats à l¹explosif au Khuzestan en 2005.
Pour plus d¹informations,
consultez : Iran. Quatre membres de la communauté arabe d¹Iran exécutés
à l¹issue de procès inéquitables (index AI : MDE 13/005/2007, 24
janvier 2007)
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