14 février 2007
Déclaration publique
Amnesty International condamne dans les termes les
plus fermes les attentats à la bombe de ce 13 février, visant deux
autobus près de la ville de Bikfaya, dans une zone chrétienne du
Liban, au nord-est de Beyrouth. Au moins trois civils auraient été
tués et 20 autres blessés. Les attaques visant délibérément les
civils ne sont jamais justifiables et leurs responsables montrent un
mépris complet pour les principes d¹humanité les plus
fondamentaux.
Ces attaques mortelles
visant les civils témoignent d¹une dégradation supplémentaire de
la sécurité au Liban, qui s¹est encore davantage polarisée, ce
qui fait craindre un glissement éventuel vers un nouveau conflit,
après la guerre civile qui a dévasté le pays de 1975 à 1990. Au
cours de ce conflit, des violations massives des droits humains ont
été commises, dont quelque 17 000 disparitions forcées, et l¹homicide
de milliers de non combattants.
Amnesty International
demande aux dirigeants politiques et autres du Liban de prendre d¹urgence
toutes les mesures possibles pour que les homicides de ce 13 février
n¹entraînent pas d¹autres violences, et que les responsables de
ces attaques visant des civils soient arrêtés et traduits en
justice, de manière prompte et équitable, et sans recours à la
peine de mort.
Les attentats à la bombe
de ce 13 février visaient clairement à aggraver les tensions
politiques actuelles. Ce mercredi 14 février marque le deuxième
anniversaire de l¹assassinat de l¹ex Premier ministre Rafiq
Hariri,
tué à Beyrouth avec 22 autres personnes dans un attentat important
à la voiture piégée. La Commission d¹enquête internationale et
indépendante des Nations unies (UNIIIC) sur cet assassinat a
impliqué la Syrie et des responsables libanais ; la proposition d¹établir
un tribunal international pour juger les responsables présumés de
cet acte a conduit à la démission de six ministres du
gouvernement, provoquant une crise politique.
Depuis le début de décembre
2006, des milliers de manifestants conduits par le Hezbollah et le
Courant national libre manifestent régulièrement et massivement à
Beyrouth, de manière largement pacifique, pour que le Hezbollah et
le Courant national libre jouent un rôle plus grand au sein du
gouvernement. Lors de la semaine du 24 janvier 2007, divers groupes
politiques ont installé des barrages routiers armés ; sept
personnes ont été tuées, et des dizaines d¹autres blessées ou
arrêtées. Le 21 novembre 2006, le ministre de l¹Industrie Pierre
Gemayel, appartenant au parti Kataëb (Phalanges), a été abattu à
Beyrouth par des tueurs inconnus.
Les tensions se sont
exacerbées au Liban après la guerre qui a opposé cet été le
Hezbollah aux forces israéliennes, au cours de laquelle quelque 1
000 civils libanais et 43 civils israéliens ont été tués, et des
dizaines de milliers de foyers libanais et d¹autres infrastructures
civiles ont été détruites.
Amnesty International
demande instamment aux dirigeants politiques d¹établir un cadre
pour répondre aux questions non résolues qui entretiennent un
climat de soupçons et de rancoeurs, notamment celle du
tribunal international pour poursuivre les responsables de l¹assassinat
de Rafiq Hariri, de la composition d¹un nouveau gouvernement et des
élections législatives à venir. Pour être durable, tous ces
accords devraient
s¹accompagner des réformes du système judiciaire propres au Liban
qu¹Amnesty a réclamées à plusieurs reprises, mais aussi d¹une résolution
plus vaste, fondée sur le droit international, pour mettre fin à l¹instabilité
régionale qui continue de déstabiliser et de causer des violations
des droits humains au Liban. Amnesty International demande à toutes
les parties impliquées dans cette situation périlleuse au Liban d¹empêcher
une nouvelle escalade de violence, avec les atteintes aux droits
humains qu¹elles entraînent.
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