12 décembre 2006
Déclaration publique
L'homicide de trois enfants, commis ce lundi 11 décembre par des
hommes armés dans la bande de Gaza, constitue un acte épouvantable,
qu'Amnesty International condamne absolument. Il s'agit du dernier
épisode d'une série d'affrontements entre groupes armés
palestiniens ayant provoqué la mort de civils palestiniens, sur
fond de chaos grandissant dans la bande de Gaza.
Les trois enfants se rendaient à leur école le matin du 11 décembre
lorsqu'ils ont été abattus par des inconnus armés au centre de la
ville de Gaza ; d'autres personnes ont été blessées.
Les enfants tués étaient Oussama Balousha, âgé de dix ans, et
ses deux frères, Ahmad, âgé de sept ans, et Salam, âgé de
quatre ans. Mahmoud Habil, le chauffeur et garde du corps qui les
accompagnait, a également été tué quand des hommes armés ont
ouvert le feu sur la voiture qui emmenait les enfants à l'école.
Lydia al Obaid, une cousine des jeunes frères âgée de six ans, et
un autre garde du corps qui se trouvaient dans la voiture ont été
blessés, ainsi que deux autres écoliers qui se trouvaient là au
moment de l'attaque.
Les hommes armés ayant mené cet attaque se sont enfuis et n'ont
pour l'instant pas été appréhendés. Il semblerait que cette
attaque visait le père des enfants, un responsable de haut rang des
services de renseignement de l'Autorité palestinienne.
Depuis cet épisode, dont les factions politiques palestiniennes et
leurs groupes armés se rejettent la responsabilité en l'absence
d'informations sur l'identité et les mobiles des responsables, il
est à craindre que ne se dégrade une situation déjà tendue dans
la bande de Gaza, en raison du conflit entre le gouvernement du
Premier ministre Ismail Haniyeh et le président Mahmoud Abbas.
Le désordre dans la bande de Gaza a atteint un niveau sans précédent.
Des groupes armés liés au parti Fatah du président Mahmoud Abbas
et au parti Hamas du Premier ministre de l'Autorité palestinienne
Ismail Haniyeh, ainsi que d'autres bandes et groupes armés, se
livrent à des affrontements, ce qui fait courir un danger croissant
aux civils palestiniens ; un certain nombre de fusillades de rue
provoquées par ces groupes armés ont tué et blessé des passants
civils.
Des dizaines de civils palestiniens, dont plusieurs enfants, ont été
tués et de nombreux autres blessés dans la bande de Gaza lors
d'attaques à main armée et d'affrontements entre les groupes armés
palestiniens ; pourtant, les responsables de ces attaques ont
rarement été arrêtés ou poursuivis en justice. L'impunité dont
jouissent généralement les responsables de ces attaques finit par
encourager de nouvelles violences, et entretient une vendetta.
Amnesty International a exprimé son inquiétude concernant ces
attaques et l'impunité dont elles bénéficient lors de réunions
tenues en début de semaine avec le président ainsi que les
ministres de l'Intérieur, des Affaires étrangères et le
Vice-premier ministre. Amnesty International a demandé que toutes
les parties de l'Autorité palestinienne mettent un terme à la
violence et traduisent les responsables en justice. Notre
organisation demande à présent une enquête prompte, indépendante
et impartiale sur les attaques de ce 11 décembre, au cours
desquelles des enfants ont notamment été tués ou blessés ; les
attaques de groupes armés doivent faire l'objet d'une enquête indépendante
et impartiale et leurs responsables doivent être traduits en
justice, dans le respect des normes internationales pour un procès
équitable.
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