12 juin 2006
Déclaration publique
MDE 15/049/2006
Amnesty International
demande à Israël de cesser immédiatement ses bombardements aveugles et ses frappes aériennes contre la bande de
Gaza, qui ont tué et blessé des dizaines de Palestiniens sans armes, y
compris plusieurs femmes et enfants, au cours des derniers mois.
Lors de la dernière de
ces attaques, l¹après-midi de ce vendredi 9 juin, sept membres de la même famille palestinienne ont été tués,
et des dizaines d¹autres civils ont été blessés, lorsque les forces
israéliennes ont tiré plusieurs obus d¹artillerie contre une plage dans le nord
de la bande de Gaza. La plage accueillait de très nombreuses familles
palestiniennes profitant du premier week-end des vacances scolaires.
Ali Issa Ghalia, sa femme Raïssa et leurs cinq enfants - un fils âgé
de un an, et quatre filles âgées de deux, quatre, quinze et dix-sept ans -
ont été tués, et d¹autres membres de leur famille, dont deux enfants, ont
été blessés, quand un obus israélien est tombé à l¹endroit où ils
étaient assis. Quelque 30 autres civils assis à proximité, dont une dizaine d¹enfants,
ont été également blessés dans l¹explosion.
Amnesty International
demande aux autorités israéliennes de faire en sorte que l¹enquête qu¹elles auraient ouverte soit approfondie et
impartiale, que ses résultats soient rendus publics, que les
responsables du bombardement mortel de civils sans armes soient traduits en justice,
et que des mesures soient mises en place sans délai pour empêcher tout
nouvel homicide de ce genre.
Les sept membres de la
famille Ghalia étaient les derniers d¹un nombre croissant de victimes d¹attaques israéliennes contre la
bande de Gaza, de plus en plus fréquentes et disproportionnées.
Hadeel Ghaben, âgée de
sept ans, a été tuée par un obus d¹artillerie israélien qui est tombé ce 10 avril sur sa maison dans le nord de
la bande de Gaza, dans la ville de Beit Lahia. Sa mère, et ses huit frères
et soeurs tous mineurs, ont également été blessés à cette occasion, ainsi
que deux autres enfants du voisinage.
Lors d¹une autre
attaque, ce 19 mai, un missile, tiré par les forces israéliennes contre un véhicule en mouvement dans une rue passante
de la ville de Gaza, a tué et blessé six membres de la famille Aman.
Muhand, âgé de sept ans, sa mère Naima et sa grand-mère Hanan ont été tués,
sa s¦ur Mariya, âgée de quatre ans et son oncle Nahed sont restés paralysés.
Depuis la fin mars, les
forces israéliennes ont tiré quelque 6 000 obus d¹artillerie et plus de 80 missiles contre la bande de Gaza, l¹un
des endroit les plus densément peuplés du monde.
Selon des responsables
israéliens, les frappes aériennes et bombardements intensifs sont une réaction au tir de plus de 200
roquettes artisanales (qassams) contre la partie sud d¹Israël par des
groupes armés palestiniens opérant dans la bande de Gaza. Ces roquettes, tirées
en
réaction aux attaques palestiniennes, selon les groupes armés
palestiniens, frappent de manière aveugle et mettent les civils en danger. Même
si, en pratique, ces roquettes sont presque toujours tombées sur des
endroits dégagés, l¹une d¹elles, tirée le 11 juin, a blessé trois
civils israéliens. Amnesty International renouvelle sa demande auprès de l¹Autorité
palestinienne, afin qu¹elle empêche de nouvelles attaques à la
roquette - ou autres - par des groupes armés palestiniens contre des civils israéliens.
Depuis le début de l¹année
2006, les forces israéliennes ont tué plus de 130 Palestiniens - dont beaucoup n¹étaient pas armés -
dont plus de 20 enfants. Au cours de la même période, 16 Israéliens, dont deux
enfants, ont été tués par des groupes armés palestiniens.
Selon des responsables
israéliens, les soldats n¹ouvrent le feu que lorsque leur vie est en danger, et ne font que riposter aux sources
des tirs palestiniens ; pourtant, le grand nombre de Palestiniens sans armes
(dont plus de 600 mineurs) tués par les forces israéliennes au cours des
cinq dernières années et demie indique le contraire.
Les autorités israéliennes
ont exprimé leurs regrets pour certains homicides de civils palestiniens - généralement dans des cas qui
attirent l¹attention des médias internationaux - affirmant qu¹il s¹agissait
d¹erreurs. Pourtant, les autorités israéliennes, qui sont
responsables du
comportement de leurs forces armées, sont pleinement conscientes
que l¹usage de certaines armes et munitions dans ces situations inflige inévitablement
la mort ou des blessures aux passants, notamment des enfants.
De nombreux homicides de
Palestiniens lors de tirs d¹armes à feu, de tanks et de frappes aériennes en aveugle par les forces israéliennes
sont illégaux.
Ces homicides ont été
commis par les forces israéliennes appliquant la politique du gouvernement, comme l¹attestent l¹approbation des
autorités gouvernementales qui sont pleinement conscientes des conséquences
de telles pratiques.
Les regrets exprimés par
les autorités israéliennes sonnent faux devant leur absence persistante de volonté de changer les pratiques
de leurs forces armées, et de mettre en place les garanties nécessaires
pour empêcher de tels homicides.
Amnesty International
renouvelle sa demande aux autorités israéliennes :
- de prendre des
mesures concrètes pour que les forces israéliennes cessent immédiatement les tirs en aveugle, au hasard et
disproportionnés ;
- d'ouvrir
promptement des enquêtes indépendantes sur tous les homicides de Palestiniens par des forces israéliennes, et de
traduire en justice toute personne reconnue responsable de l¹homicide illégal
de civils.
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