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Amnesty International
Israël doit mettre fin aux restrictions arbitraires imposées à
Mordechai Vanunu
Lundi 11 octobre 2010
Alors que la Cour suprême israélienne s’apprête, lundi 11
octobre, à examiner les restrictions qui pèsent sur le lanceur
d’alerte Mordechai Vanunu depuis sa libération de prison il y a
plus de six ans, Amnesty International rappelle qu’elle
considère que ces restrictions sont arbitraires et doivent être
levées.
La Cour suprême, constituée en Haute Cour de justice, doit
examiner une requête introduite par des avocats pour le compte
de Mordechai Vanunu, qui demande aux autorités israéliennes
d’annuler les restrictions qui lui sont imposées et lui
interdisent notamment de quitter le pays ou de communiquer avec
des étrangers. C’est la cinquième fois qu’il introduit une telle
requête devant la Cour suprême, les quatre précédentes ayant été
rejetées.
Ancien technicien dans une centrale nucléaire près de la ville
de Dimona, dans le sud d’Israël, Mordechai Vanunu a divulgué des
détails sur l’arsenal nucléaire israélien au Sunday Times,
hebdomadaire britannique, en 1986. Enlevé par des agents du
Mossad (Service de renseignement) en Italie le 30 septembre
1986, il a été conduit secrètement en Israël où il a été jugé et
condamné à une peine d’emprisonnement de 18 ans pour trahison et
« espionnage aggravé ». Il a passé les 11 premières années de sa
peine à l’isolement.
Depuis sa libération en avril 2004, Mordechai Vanunu est soumis
à une surveillance policière en vertu d’une ordonnance militaire
draconienne renouvelée tous les six mois. Aux termes de cette
ordonnance, il lui est interdit de quitter le pays, de se rendre
dans les ambassades étrangères et, plus généralement, de
communiquer avec des étrangers, notamment des journalistes. Il
doit d’autre part informer les autorités s’il souhaite changer
d’adresse. Amnesty International estime que ces restrictions
sont arbitraires et contraires au droit international, en
particulier au Pacte international relatif aux droits civils et
politiques, qu’Israël a ratifié. À plusieurs reprises,
l’organisation a appelé les autorités à autoriser cet homme à
quitter le pays s’il le souhaite et, pendant qu’il est en
Israël, à lui permettre d’exercer son droit de circuler
librement ainsi que ses droits à la liberté d’association et
d’expression.
En raison des restrictions qui lui sont imposées, Mordechai
Vanunu n’a pas été en mesure de se rendre aux États-Unis pour
s’installer avec sa famille adoptive, ce qui a engendré une
tension énorme et mis à rude épreuve sa santé mentale et
physique. Il ne s’agit pas d’une libération conditionnelle
assortie de restrictions, puisqu’il a purgé sa peine de 18 ans.
Les autorités israéliennes assurent qu’il faut restreindre la
liberté de Mordechai Vanunu pour l’empêcher de divulguer
d’autres secrets sur le programme nucléaire israélien. Mordechai
Vanunu a toutefois précisé à plusieurs reprises qu’il avait
révélé en 1986 tout ce qu’il savait sur l’arsenal nucléaire
israélien et ne possédait pas d’informations supplémentaires.
Son avocat et lui ont également mis en avant le fait que les
informations dont il disposait au moment de son incarcération il
y a plus de 20 ans sont depuis longtemps devenues obsolètes et
tombées dans le domaine publiques.
Au début du mois d’octobre 2010, la Ligue internationale des
droits de l’homme à Berlin a annoncé que la médaille Carl von
Ossietzky 2010 serait attribuée à Mordechai Vanunu. Si les
restrictions actuelles ne sont pas levées, il ne pourra pas se
rendre à la cérémonie de remise de cette récompense, qui doit
avoir lieu le 12 décembre à Berlin.
Le 30 avril 2007, Mordechai Vanunu a été reconnu coupable
d’avoir enfreint les restrictions qui lui avaient été imposées
et d’avoir parlé à des étrangers ; il a été condamné à une peine
de six mois d’emprisonnement, réduite à trois mois en appel. Il
a été arrêté et de nouveau incarcéré le 23 mai 2010. Malgré le
fait qu’il ne représente pas une menace crédible pour les autres
détenus, il a été maintenu à l’isolement dans une unité spéciale
de la prison d’Ayalon destinée aux prisonniers dangereux. Durant
cette période, Amnesty International considérait cet homme comme
un prisonnier d’opinion et a demandé sa libération immédiate et
sans condition. Il a été libéré le 8 août 2010, après 11
semaines passées à l’isolement. Les restrictions qui lui ont été
imposées en 2004 n’ont pas été levées.
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