11
avril 2006
Index AI : MDE 15/031/2006
DÉCLARATION PUBLIQUE
Amnesty International appelle l’armée israélienne à cesser immédiatement
le pilonnage et les bombardements aériens de zones d’habitation
civiles dans la bande de Gaza. Au moins deux enfants palestiniens
ont été tués et des dizaines de civils blessés ces derniers
jours au cours de telles attaques ; une quinzaine d’autres
Palestiniens, présentés comme des membres de groupes armés,
ont été tués.
Hadeel Ghaban, une fillette de sept ans, a été tuée le 10 avril
2006 par des tirs d’artillerie de l’armée israélienne qui ont
touché sa maison à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza.
La mère de la petite fille ainsi que ses frères et sœurs et
plusieurs autres membres de la famille – une douzaine de personnes
en tout, dont plusieurs enfants - ont été blessés dans cette
attaque. Trois jours auparavant, un garçon de cinq ans, Bilal Abu
al Einein, avait été tué lors d’un raid aérien israélien,
alors qu’il se trouvait près d’une voiture avec son frère de
quatorze ans et leur père. Le père du petit garçon et trois
autres hommes ont également été tués et plusieurs passants, dont
deux enfants, blessés dans l’attaque. Les quatre hommes tués
lors de ce raid ont été présentés comme membres d’un groupe
armé palestinien, mais n’auraient été impliqués dans aucune
confrontation armée au moment du raid aérien qui leur a coûté la
vie.
L’armée israélienne a commenté l’attaque du 7 avril en ces
termes : « Lors d’une action des forces de sécurité ce jour
dans la bande de Gaza, l’armée israélienne a mené une
attaque aérienne contre un véhicule à bord duquel se trouvaient
des terroristes revenant d’un camp d’entraînement de
l’organisation des Comités de résistance populaire. Les
terroristes utilisaient le camp pour des stages d’entraînement
terroriste et de maniement des armes. » (traduction non
officielle)
La déclaration ne fait pas mention de la mort d’un enfant de cinq
ans.
Selon les médias israéliens, certaines sources au sein de l’armée
israélienne et du ministère de la défense auraient exprimé des
regrets après la mort de Hadeel Ghaban, tout en affirmant leur
volonté de poursuivre des attaques intensives sur la bande de Gaza.
Le 11 avril, le ministre de la défense Shaul Mofaz aurait déclaré
« tant que le calme n’aura pas été établi ici [en Israël],
il n’y aura pas de calme là-bas [à Gaza]» (cité par la
quotidien Haaretz, dans son numéro du 11 avril 2006) http://www.haaretz.com/hasen/pages/ShArt.jhtml?itemNo=705055
Les regrets exprimés par des responsables israéliens du
gouvernement et de l’armée après la mort d’enfants et de
civils palestiniens sonnent creux alors que se poursuivent les
attaques israéliennes contre des zones à forte densité de
population ; des Palestiniens, y compris des enfants, sont tués
dans des situations où ils ne représentent aucune menace pour la
vie des Israéliens.
Un autre exemple concerne la mort de trois enfants palestiniens,
Ahmed al Sweifi, quatorze ans et Raed et Mahmud al Batash, onze et
dix-sept ans, lors d’un raid aérien israélien dans l’après-midi
du 6 mars sur la ville de Gaza. Les enfants marchaient dans la rue
lorsqu’un missile israélien a touché une voiture dans laquelle
circulaient deux membres d’un groupe armé palestinien. Les deux
passagers et les trois enfants, qui se trouvaient à hauteur du véhicule
lorsque celui-ci a été touché, sont morts.
Plus d’une quinzaine d’enfants palestiniens ont été tués et
des dizaines d’autres blessés lors d’attaques de l’armée
israélienne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza depuis le début
de l’année 2006. En tout, quelque soixante-quinze Palestiniens
ont été tués par les soldats israéliens au cours de ces trois
derniers mois et des dizaines d’autres Palestiniens, notamment des
enfants, ont été blessés. Beaucoup de ceux qui ont été tués étaient
membres de groupes armés palestiniens, pris pour cibles en dehors
de toute implication dans une attaque ou confrontation armée au
moment des faits.
Les autorités israéliennes poursuivent depuis longtemps une
politique d’exécutions extrajudiciaires en lieu et place
d’arrestations et de poursuites légales des Palestiniens impliqués
dans des attaques visant des Israéliens. Des centaines de gens ont
été tués dans de telles attaques, en plus des personnes visées.
Depuis qu’Israël a redéployé ses troupes qui se trouvaient à
l’intérieur de la bande de Gaza en septembre 2005, les forces
israéliennes ont multiplié les raids aériens et les attaques
d’artillerie contre différentes zones de la bande de Gaza. Les
autorités israéliennes affirment que ces attaques sont une riposte
aux fréquents tirs de mortier et attaques à la roquette des
groupes armés palestiniens de la bande de Gaza contre les villes et
les villages d’Israël en bordure de la bande de Gaza. Bien
qu’ils ne fassent que rarement des morts ou des blessés côté
israélien, ces tirs palestiniens sont illégaux et doivent cesser
immédiatement.
Les forces israéliennes, pour leur part, doivent mettre immédiatement
un terme à leur recours fréquent, disproportionné et excessif à
la force contre les Palestiniens. Les attaques menées
continuent de faire des morts et des blessés parmi les enfants et
les civils palestiniens et bafouent le droit international.
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