6 août 2006
Déclaration publique
MDE 02/006/2006
Amnesty International
renouvelle son appel en faveur d¹un
cessez-le-feu immédiat, total et effectif après la mort d¹un
nombre élevé de
civils. Le vendredi 5 août, au moins 23 travailleurs agricoles
syriens ont
été tués par les forces israéliennes dans le village de Al Qaa
à la
frontière libano-syrienne selon différentes sources. Il s¹agit là
du plus
grand nombre de victimes enregistré jusqu¹à présent en une seule
frappe, si
l¹on excepte l¹attaque d¹un bâtiment à Cana le 30 juillet. Au
cours des
quatre derniers jours, des roquettes tirées par le Hezbollah sur
Israël
depuis le sud du Liban auraient également tué au moins 14 civils.
Ce type
d¹attaques pratiquées par les deux parties s¹inscrit dans une
politique de
plus en plus établie qui n¹exclut pas les crimes de guerre. De
telles
attaques rendent également urgent et impératif un accord d¹Israël
et du
Liban sur l¹ouverture d¹une enquête portant sur la politique
en matière
d¹attaques d¹Israël el du Hezbollah par un organisme indépendant
et
impartial, comme la Commission internationale d¹établissement des
faits.
L¹enquête israélienne sur la mort de civils à Cana, où au moins
28 personnes
qui avaient trouvé refuge dans un bâtiment ont été tuées lors d¹un
raid
aérien israélien, manquait de crédibilité.
Selon un témoin oculaire
interviewé par les délégués d¹Amnesty
International au Liban, les forces israéliennes ont mené deux
raids aériens
contre une ferme à Al Qaa vendredi 5 août. Des travailleurs kurdes
syriens
pour la plupart, parmi lesquels se trouvaient au moins cinq femmes,
emballaient et préparaient des fruits destinés à l¹exportation.
Le témoin
interrogé a déclaré avoir vu la première explosion depuis le
toit des
bâtiments dépendant de l¹église. Alors qu¹il se préparait à
descendre pour
aller aider, une autre explosion a suivi cinq à sept minutes plus
tard. Il a
déclaré avoir vu au moins 22 corps sortis des décombres. Onze
autres
cadavres avaient déjà été évacués lorsqu¹il est arrivé sur
les lieux.
Un porte-parole de l¹armée
israélienne a déclaré que Tsahal
soupçonnait le Hezbollah de transférer des armes depuis la Syrie
et que
c¹est ce qui avait motivé la frappe. Les informations rassemblées
par les
délégués d¹Amnesty International à partir des témoignages des
personnes sur
place et les images de la scène ne corroborent en aucune manière
les
allégations de l¹armée israélienne. L¹attaque semble avoir été
disproportionnée et menée sans discrimination ; elle constitue
donc, à ce
titre, un crime de guerre.
Depuis le 5 août, les
forces israéliennes ont à nouveau pilonné les
infrastructures civiles au Liban, coupant l¹une des dernières
voies d¹accès
vitale pour l¹acheminement de l¹aide humanitaire internationale.
Au moins 45
civils auraient été tués, en comptant les victimes du raid sur Al
Qaa.
Israël a demandé aux résidents de Sidon, dans le sud du Liban, d¹évacuer
la
ville, des raids aériens étant prévus sur des cibles du Hezbollah
par
l¹armée israélienne. L¹armée israélienne a largué des tracts
sur la ville
avertissant les résidents d¹évacuer les lieux.
Les raids israéliens répétés
contre des infrastructures civiles ont
provoqué le déplacement forcé de centaines de milliers de civils
et menacent
de déplacer de Sidon des dizaines de milliers d¹autres personnes déjà
déplacées de force des villages de la région. Ce nouvel appel à
évacuer ne
doit pas vouloir dire que Sidon pourrait être considérée comme «
zone de tir
libre » ou objectif militaire. Tout en appelant les civils au sud
de Liban à
évacuer la région, les forces israéliennes rendent cette opération
difficile
en détruisant les routes et les ponts et en ciblant les convois. De
telles
actions augmentent la panique et la terreur au lieu d¹améliorer la
protection des civils.
Des responsables du
Hezbollah ont qualifié les attaques à la
roquette lancées contre Israël de représailles pour les attaques
israéliennes contre des civils. Amnesty International considère
ces attaques
comme illégales et constituant des attaques directes contre des
civils et
donc des crimes de guerre.
Amnesty International
demande instamment au Conseil de sécurité, qui
débat actuellement d¹un projet de résolution sur la crise, d¹appeler
à un
cessez-le-feu immédiat, total et effectif afin de protéger les
civils au
Liban et en Israël. Le Conseil devrait également exiger de toutes
les
parties au conflit qu¹elles prennent immédiatement toutes les
mesures
nécessaires pour permettre l¹acheminement d¹une aide humanitaire
aux
personnes affectées par les hostilités. Lors de ses délibérations
sur la
prochaine étape à envisager, le Conseil devrait traiter du manque
de
détermination des parties au conflit à respecter leurs obligations
au regard
du droit international et songer aux moyens de les amener à rendre
compte de
leurs actes.
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