5 novembre 2008
Amnesty International s’inquiète de ce que la série
d’attaques et de contre-attaques israéliennes et
palestiniennes des dernières vingt-quatre heures
pourrait sonner le glas d’un cessez-le-feu de cinq mois
et demi et placer une nouvelle fois en ligne de mire les
populations civiles de la bande de Gaza et du sud
d’Israël.
L’homicide de six militants palestiniens à Gaza,
victimes d’une offensive terrestre et de frappes
aériennes menées par les forces israéliennes le
4 novembre, a été suivi par un tir de barrage de
dizaines de roquettes palestiniennes sur les villes et
villages voisins dans le sud d’Israël. Les attaques
palestiniennes n’ont pas fait de victimes ni de dégâts,
mais toute nouvelle action armée de l’un des deux camps
risque fort de déclencher une nouvelle campagne
meurtrière.
Le cessez-le-feu signé entre Israël et le Hamas et entré
en vigueur en juin 2008 est le principal facteur qui a
permis de ramener le nombre de victimes civiles et
d’attaques contre des civils à leur plus bas niveau
depuis le début du soulèvement (Intifada d'Al Aqsa), il
y a plus de huit ans.
Au cours du premier semestre 2008, avant l’entrée en
vigueur du cessez-le-feu le 19 juin, quelque
420 Palestiniens avaient été tués par les forces
israéliennes, dont la moitié étaient des civils non
armés et parmi lesquels figuraient environ 80 enfants.
Au cours de la même période, les groupes armés
palestiniens ont tué 24 Israéliens, dont 15 civils et
quatre enfants. Au cours des huit dernières années, les
violences entre Israéliens et Palestiniens ont coûté la
vie à quelque 4 750 Palestiniens et 1 000 Israéliens. La
plupart des victimes dans les deux camps sont des civils
non armés, dont des enfants – environ 900 Palestiniens
et 120 Israéliens.
Le cessez-le-feu a grandement amélioré la qualité de vie
à Sderot et dans d’autres villages israéliens proches de
Gaza où, avant cette trêve, les habitants vivaient dans
la peur du prochain tir de roquettes palestiniennes.
Toutefois, non loin de là, à Gaza, le blocus israélien
est maintenu et la population n’a guère récolté les
fruits du cessez-le-feu. Depuis juin 2007, toute la
population de la bande de Gaza, à savoir 1,5 million de
Palestiniens, est prise au piège, devant faire face à
des ressources qui s’amenuisent et à une économie en
ruine, et se trouvant dans l’incapacité de partir.
Environ 80 p. cent de la population dépend désormais du
mince filet d’aide internationale que l’armée
israélienne consent à laisser entrer sur le territoire.
Si le cessez-le-feu est rompu et si les attaques
quotidiennes reprennent, les populations civiles, tant
en Israël qu’à Gaza, en paieront le prix fort. Aussi
Amnesty International engage-t-elle les deux parties à
s’éloigner du bord du gouffre et à éviter à tout prix le
retour à une spirale de la violence haineuse qui a tant
coûté en termes de vies humaines.