5 juillet 2006
Déclaration publique
MDE 15/063/2006
Genève.
À l¹heure où le
Conseil des droits humains des Nations Unies est réuni pour la
première fois en session extraordinaire pour examiner la situation
dans les territoires occupés palestiniens, Amnesty International
renouvelle, ce mercredi 5 juillet 2006, son appel aux Nations Unies
pour
qu¹elles constituent et déploient en Israël et dans les
territoires occupés une équipe d¹experts internationaux reconnus
chargés de mener une enquête indépendante et exhaustive sur la détérioration
de la situation des droits humains dans la bande de Gaza (voir
http://web.amnesty.org/library/index/FRAMDE150542006).
Ces experts devraient enquêter sur le nombre toujours plus grand de
Palestiniens tués par les forces israéliennes et sur les attaques
délibérées et disproportionnées des forces israéliennes contre
des biens et des infrastructures civils dans la bande de Gaza, ainsi
que sur le lancement de roquettes artisanales (qassam) par des
groupes armés palestiniens dans les parties d¹Israël voisines de
la bande de Gaza.
L¹équipe chargée de
cette enquête devrait disposer de moyens suffisants. Elle devrait
être composée d¹enquêteurs impartiaux, possédant l¹expertise nécessaire
dans la conduite d¹enquêtes criminelles et médico-légales. Elle
devrait compter parmi ses membres des spécialistes dans les
domaines de la médecine médico-légale, de la balistique et du
droit humanitaire et relatif aux droits humains. Toutes les parties
- Israéliens et Palestiniens - devraient accepter de coopérer
pleinement avec les experts et leur permettre d¹accéder sans
restriction aux personnes, aux lieux et aux documents.
Amnesty International
estime que la gravité de la situation nécessite une approche
globale permettant d¹enquêter sur tous les aspects de la crise
actuelle, y compris sur les facteurs qui la favorisent. L¹objectif
devrait être de définir les responsabilités respectives de
chacune des parties concernées et d¹identifier les mesures concrètes
que chacune devrait prendre pour assurer la protection de la
population et offrir des voies de recours efficaces et accessibles
aux victimes de ses actes.
Après une année marquée
par une diminution sensible du nombre d¹homicides commis par les
deux parties, la situation s¹est fortement détériorée ces
derniers mois. Depuis le début de l¹année 2006, les forces israéliennes
ont tué quelque 150 Palestiniens - dont beaucoup n¹étaient pas
armés - parmi lesquels plus de 25 enfants. À ce jour, aucune de
ces affaires n¹a fait l¹objet d¹une enquête satisfaisante.
Ces derniers mois, l¹armée
israélienne a procédé à plusieurs milliers de tirs d¹artillerie
et a mené des dizaines de raids aériens sur des zones densément
peuplées de la bande de Gaza. Ces attaques ont fait des dizaines de
morts parmi les Palestiniens, dont plusieurs femmes et enfants,
ainsi que de nombreux blessés.
Dans le même temps, des
groupes armés palestiniens ont lancé sans discrimination des
centaines de roquettes artisanales (qassam) en direction d¹Israël,
blessant plusieurs civils.
Plus récemment, à la
suite de l¹enlèvement d¹un soldat israélien par des groupes armés
palestiniens, qui le détiennent toujours en otage, les forces israéliennes
ont bombardé à plusieurs reprises, de manière délibérée, des
systèmes de fourniture d¹eau et d¹électricité, des routes et d¹autres
infrastructures civiles, des établissements scolaires et d¹autres
institutions publiques, ainsi que des biens privés, dans la bande
de Gaza.
Ces destructions ont de graves conséquences humanitaires sur la
population palestinienne, dont la situation s¹était déjà détériorée
à cause des sanctions imposées depuis la victoire du Hamas
(Mouvement de la résistance islamique) aux élections
palestiniennes de janvier 2006.
Les deux camps affirment
que leurs attaques respectives sont menées en réponse aux attaques
de l¹autre camp, faisant fi des règles du droit international qui
interdisent les représailles, les attaques délibérées contre des
civils et les attaques disproportionnées et sans discrimination
mettant en danger la vie de civils.
Alors que la tension
continue de monter entre Israël d¹une part et l¹Autorité
palestinienne et les groupes armés palestiniens d¹autre part, l¹inquiétude
grandit pour la sécurité de la population civile. Amnesty
International exhorte le Conseil des droits humains à aborder la
situation de manière exhaustive et constructive. Elle l¹invite à
formuler des propositions concrètes garantissant la protection
efficace des droits humains de tous ceux qui sont pris dans la crise
actuelle - Palestiniens et Israéliens. En vertu de la résolution
60/251 de l¹Assemblée générale des Nations Unies, le Conseil des
droits humains a clairement et sans ambiguïté pour mandat de s¹occuper
de situations spécifiques relatives aux droits humains, notamment
des violations flagrantes et systématiques de ces droits, ainsi que
de réagir dans les plus brefs délais aux urgences dans ce domaine.
La situation qu¹il examine aujourd¹hui répond clairement à ces
critères.
Amnesty International
appelle tous les membres du Conseil des droits humains à relever le
défi en prenant des mesures concrètes qui changent réellement les
choses pour les personnes touchées par la crise actuelle. Le
Conseil doit éviter de reproduire la situation qui a prévalu
pendant des années au sein de la Commission des droits humains, qui
a beaucoup parlé de la situation dans les territoires occupés
palestiniens mais a très peu agi. Amnesty International estime que
le déploiement d¹experts internationaux chargés d¹enquêter sur
la détérioration de la situation des droits humains dans la bande
de Gaza serait une mesure concrète importante.
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