5 mars 2007
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Amnesty International
appelle ce lundi 5 mars à la remise en liberté immédiate et sans
condition de plus d¹une trentaine de femmes arrêtées dimanche 4
mars, lors d¹une manifestation pacifique à Téhéran. Selon
l¹organisation, ces arrestations pourraient avoir eu pour objectif
de décourager d¹autres militantes d¹organiser des actions pour
marquer la Journée internationale des femmes le 8 mars.
Les femmes ont été arrêtées
près du Tribunal révolutionnaire de Téhéran, devant lequel elles
s¹étaient rassemblées pour protester contre le procès de cinq d¹entre
elles, inculpées pour avoir participé le 12 juin 2006 à une
manifestation exigeant que les mêmes droits soient accordés aux
hommes et aux femmes en droit iranien. La manifestation de juin
avait été violemment dispersée par les forces de sécurité, qui
avaient arrêté environ 70 personnes.
« Plutôt que d¹arrêter
des manifestantes pacifiques, les autorités iraniennes devraient étudier
sérieusement les revendications d¹égalité devant la loi faites
par les femmes et traiter le problème de la
discrimination à l¹égard des femmes chaque fois qu¹il se présente
en droit iranien, a déclaré Irene Khan, secrétaire générale d¹Amnesty
International.
Nous craignons que les femmes arrêtées hier ne soient pas remises
en liberté avant le 8 mars, journée au cours de laquelle elles prévoyaient
de faire campagne pour leur droit à l¹égalité internationalement
reconnu. »
Parmi les personnes arrêtées
dimanche 4 mars se trouvent au moins quatre des cinq femmes dont le
procès est en cours. Elles ont été emmenées dans les locaux de
la direction de la lutte contre la corruption sociale de Vozara, un
centre de détention habituellement utilisé pour les personnes
accusées d¹infractions mineures, telles que le non-respect du code
vestimentaire. Des membres des familles des militantes arrêtées
ont déclaré s¹être rendus au bâtiment Vozara pour essayer de
les voir et obtenir leur libération, sans succès. Selon certaines
informations, toutes les femmes ont été transférées à la
section 209 de la prison d¹Évin qui dépend du ministère du
Renseignement et échappe au contrôle du service des prisons
iranien.
Complément d¹information
Parmi les militantes arrêtées
lors de la manifestation du 12 juin 2006 figurent Fariba Davoodi
Mohajer, Shahla Entesari, Noushin Ahmadi Khorassani, Parvin Ardalan
et Sussan Tahmasebi. Toutes avaient été citées à comparaître
devant la branche n° 6 du Tribunal révolutionnaire de Téhéran,
pour « propagande contre le système », « action contraire à la
sécurité nationale » et « participation à une manifestation illégale
».
D¹autres ont également
été inculpées en lien avec la manifestation du 12 juin, mais n¹ont
pas encore été citées à comparaître. Zhila Bani Yaqoub,
journaliste, qui fait partie des personnes arrêtées le 4 mars,
avait
été jugée et acquittée en janvier 2007 ; elle était inculpée
de participation à une manifestation illégale en lien avec la
manifestation du 12 juin.
En août 2006, les
militantes des droits des femmes en Iran ont lancé une Campagne
pour l¹égalité, visant à collecter les signatures d¹un million
d¹Iraniens favorables à des modifications de la loi et à la fin
de la discrimination légalisée contre les femmes. Les autorités
iraniennes ont filtré l¹accès au site web de la campagne à
plusieurs reprises ces dernières semaines, rendant difficile aux
internautes iraniens l¹obtention
d¹informations relatives à cette campagne. Amnesty International
soutient la campagne et publiera avec Shirin Ebadi, lauréate du
Prix Nobel de la Paix en 2003, avocate et militante active des
droits humains, une déclaration conjointe appelant à des droits égaux
pour les femmes en Iran à l¹occasion de la Journée internationale
des femmes.
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