Le 3 août 2006
Amnesty International appelle Israël et le Hezbollah à un
cessez-le-feu immédiat et exige un embargo immédiat sur les armes
à destination d’Israël et du Hezbollah. Des membres d’une délégation
chargée d’enquêter sur la situation au Liban ont rencontré les
victimes des attaques dans le village de Cana.
«Au vu du mépris flagrant affiché par les deux parties pour
les principes humanitaires fondamentaux, il apparaît que seul un
cessez-le-feu effectif, total et immédiat sera en mesure de protéger
les civils des deux bords dans ce conflit», a déclaré Irene
Khan, secrétaire générale d’Amnesty International. «Il est
tout à fait honteux que les gouvernements qui exercent une
influence sur Israël et sur le Hezbollah et pourraient aider à
mettre fin à cette crise continuent d’accorder la priorité aux
intérêts politiques et militaires plutôt qu’à la vie de civils
innocents.»
Tragédie à Cana
L’attaque dévastatrice sur Cana fait apparaître clairement
qu’un cessez-le-feu total et immédiat est nécessaire de toute
urgence. Les mesures prises par Israël pour suspendre
temporairement les raids aériens sur le sud du Liban sont
insuffisantes. Les deux parties au conflit ont fait preuve d’un mépris
flagrant pour les lois de la guerre et la population civile des deux
bords paie un lourd tribut tandis que se multiplient les crimes de
guerre.
L’équipe d’Amnesty International chargée de l’enquête au
Liban qui s’est rendue à Cana peu après le bombardement a trouvé
des secouristes sortant des décombres des cadavres d’enfants et
fouillant désespérément à la recherche de personnes survivantes.
À l’hôpital de Tyr, Mohamed Qasem Shalhoub, dont la femme, la mère
et cinq enfants âgés de deux à onze ans ont été tués, a
expliqué qu’il se trouvait dans une pièce au sous-sol où
dormaient 17 enfants, dont un seul a survécu. Une autre survivante,
dont le frère et la sœur ont perdu la vie, a expliqué à Amnesty
International qu’elle et sa famille étaient hébergées depuis
dix jours dans cette maison, ne sortant dans la journée que pour se
laver et que les forces israéliennes, dont les drones survolent fréquemment
le village, devaient être au courant de leur présence.
Embargo sur les armes
«Les appels lancés aux parties en guerre pour qu’elles obéissent
aux lois de la guerre et protègent les civils n’ont pas été
entendus. Israël lance des attaques ciblées et disproportionnées
sur des civils et des travailleurs humanitaires, tandis que le
Hezbollah continue de lancer des roquettes sur des centres de
population civile israélienne», a déclaré Irene Khan. Afin
de protéger la population civile des attaques des deux parties,
Amnesty International appelle à la mise en place immédiate d’un
embargo sur les armes à destination d’Israël et du Hezbollah.
«Les gouvernements fournissant des armes et du matériel
militaire à Israël et au Hezbollah augmentent leur capacité à
commettre des crimes de guerre», a déclaré Irene Khan. Tous
les gouvernements devraient imposer un embargo sur les armes aux
deux parties et refuser toute autorisation d’utiliser leur
territoire pour des transferts d’armes ou de matériel militaire.
«Il est ridicule de parler de fournir une aide humanitaire d’un côté
et de fournir des armes de l’autre», a ajouté la secrétaire
générale.
Non-respect de la population
Selon les autorités israéliennes, le Hezbollah se serait servi
intentionnellement de la population civile de Cana comme «boucliers
humains». Le droit international humanitaire interdit expressément
le recours à la tactique consistant à utiliser des boucliers
humains pour empêcher une attaque dirigée contre des objectifs
militaires. Toutefois, le droit international humanitaire précise
aussi clairement que même si l’un des deux camps s’abrite derrière
la population civile, une telle violation du droit international «...ne
dispense [pas] les Parties au conflit de leurs obligations
juridiques à l’égard de la population civile et des personnes
civiles». Au regard du droit coutumier international, lancer de façon
intentionnelle des attaques disproportionnées sans discrimination
ou cibler intentionnellement des civil·e·s ou des biens de caractère
civil constitue un crime de guerre.
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