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La chronique de Fériel Berraies Guigny
Islam
et laïcité : un mariage infernal !
Fériel Berraies Guigny
Théologiens et faux
prédicateurs, laïques, politiques, philosophes et agitateurs
notoires, continuent de deviser en France sur la non
cohabitation entre religion musulmane et les valeurs de la République
française. C’en est devenu lassant, car ce thème récurrent continue de nourrir des polémiques et de
créer des pseudos oppositions. Opposer Islam à la laïcité, en
Europe et dans le monde, est devenu la règle courante sans aucune
exception pour stigmatiser toute une communauté.
Fausse question pour beaucoup, manœuvre habile en vue de fermer
la porte à une Turquie désireuse d’intégrer le flanc de l’Europe,
pour d’autres.
La reformulation de notre religieux est elle possible pour autant ?
Est ce à dire que ce qui refuse d’évoluer dans
l’espace et le temps, est rétrograde ?
Sommes-nous réellement incapables de cohabiter avec la
modernité ? N’Est ce pas plutôt la question telle qu’on
veut bien la poser, qui serait fausse ?
Si l’on part du
principe que c’est le politique et l’histoire qui rendent les
religions compatibles
dans une société, pourquoi ne pas en faire autant avec
l’Islam ?
Si
l’Islam ne doit pas changer dans son discours, ne peut il
s’aligner sur des courants de pensée plus
modernes ?
Le véritable problème ne vient il pas plutôt de « la
crise de la religion » dans nos sociétés en général ?
Le religieux quand il
devient politique, ne perd il pas son essence ? Et puis le
retour du grand religieux est il pour autant synonyme d’un
retour à la croyance ? Dans certains pays du monde arabe,
n’est il pas une arme de revendication sociale ?
Alors que ce soit dans le monde arabe moderne ou en Occident, le
concept de laïcité en lui même ne doit il pas être révisé ?
« Le modèle
sur lequel s'est construit la laïcité est en crise »,
analyse le sociologue Olivier Roy, politologue au Centre
d'histoire du domaine turc. Cela signifierait donc qu’il est
temps de tordre le cou à une fausse idée, qui souligne en réalité
une crise par le haut avec l'intégration à l'Europe et une crise
par le bas avec l'immigration et les problèmes sociaux.
Ceux qui veulent réduire
l’Islam à un simple culte aveugle incapable de s’intégrer,
se trompent. Ce que les musulmans appliquent de l’Islam, ce ne
sont pas ses textes, mais une interprétation de ses textes.
L’interprétation des textes de l’Islam n’est pas
unique, de plus elle est dynamique.
Le problème de la laïcité n’est pas
uniquement un problème religieux ou même culturel. Il
est, avant tout, un problème politique. Et le retour au religieux
radical ou à l’intégrisme, se nourrit de l’impasse dans
laquelle se trouve le projet de modernité arabe ou musulman.
La dégradation
des systèmes socio-politiques et l’arrêt du progrès, signent
une forme de désespérance sociale qui fait que l’on retourne
à la religion pour y puiser des repères d’action et
d’identification indispensable à toute homogénéisation. La
religion devient
la seule ressource d’un monde sans ressources. Dans le
monde arabe et dans les banlieues défavorisées d’Europe, ce
mouvement est en recrudescence.
Ce
n’est donc pas la place de la laïcité dans l’idéologie
dominante qui est en question face à
de la modernité. Alors messieurs les politiques d’Europe
et d’Occident, il est temps de poser les bonnes questions !
Et
quant aux musulmans de ce genre nouveau,
il est temps de faire un
gros travail dans la mentalité
collective sur la base d’une
nouvelle interprétation adéquate. L’Islam peut exister
paisiblement et sans
excès tout en acceptant la laïcisation, même quand elle est
imposée d’en haut. Accepter que le fait religieux doive
évoluer, ne diminue rien de l’Islam,
ni dans ses textes ni dans ses interprétations.
Courtesy of F.B. G Communication
www.fbg-communication.fr
fbgcommunication@yahoo.fr
Publié le 23 novembre 2007 avec
l'aimable autorisation de Fériel Berraies Guigny
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