Biographie
Toumi Djaidja
Toumi
Djaidja est né le 25 octobre
1962 dans le Sud-est algérien.
Son
père est emprisonné alors que sa
mère est enceinte de lui, Toumi ne
le verra pour la première fois
qu'à l'âge de 5 ans. Cet évènement
constitue certainement la première
injustice qui sera déterminante et
tracera le chemin de Toumi dans sa
quête de justice et d'égalité pour
tous.
Ils
quittent leur pays natal le 6
octobre 1967 et
arrivent en France rapatriés par la
Croix-Rouge, dans la
précipitation son frère jumeau reste
au pays. Ils sont "parqués"
dans le camp de "Saint-Maurice-l'Ardoise"
situé dans le Gard,ironie du sort,
celui-là même qui a servi à
l'occupant allemand pendant la
seconde guerre mondiale pour
emprisonner la résistance française.
Ils y séjournent pendant quelques
mois.
Au
début de l'année
1968, ils s'installent à Ruoms où
son pére travaille comme ouvrier
forestier. La famille est enfin
réunie,ce sont les retrouvailles
avec son jumeau. Ils y restent
jusqu'à la fin de l'année 1969.
Début de l'année 1970, Ils vivent
dans une pièce vétuste du
Foyer Notre-Dame des Sans-Abri à
Lyon. Ils s'y sentent bien
dira-t-il.
Le 7
février 1971,ils emménagent dans un
appartement de la ZUP des Minguettes.
L'appartement dont le confort
pourrait paraître banal aujourd'hui
est pour eux luxueux: il est équipé
d'une salle de bain et WC.
Ils
ont erré depuis le 6 octobre 1967
et posent enfin leurs valises.
En
1973, la situation économique en
France connaît le 1er choc
pétrolier. Dans les grands ensembles
urbains, les habitants cumulent les
"handicaps": la barrière de la
langue, la barrière de
l'instruction; aussi les effets de
la crise y retentissent plus
profondément et creusent les
inégalités. Cela conduit au climat
de tension du début des années 80.
Les
cités de France sont le théâtre de
violences notamment dans l'est
lyonnais et plus particulièrement à
Vénissieux dans le quartier des
Minguettes. "Vénissieux, la belle,
la rebelle",celle des luttes
ouvrières de 1936, de la résistance, du FTP-MOI figure de
l'extraordinaire fraternité entre
français et immigrés. Les émeutes
urbaines se font quotidiennes et
exponentielles. Cette violence est
la réponse qu'apportent les jeunes
face à la discrimination.
Le 21
Mars 1983, des émeutes d'une rare
violence éclatent. Des affrontements
entre plus de 400 jeunes et les
forces de l'ordre s'y
déroulent toute cette journée.
Vénissieux devient la scène grandeur
nature d'une "guerilla urbaine". A
la suite de cet évènement majeur des
jeunes dont Toumi Djaidja que l'on
surnommera le "meneur des Minguettes" campent
pacifiquement devant la mairie,
emblème de la République. Leur
"sit-in" fait reculer les forces de
l'ordre, anéantissant toute volonté
de faire usage de la force. Il prend
alors conscience de l'arme
redoutable qu'est la non-violence et
entame une grève de la faim. Sans le
savoir il est au cœur d'un processus
initiatique (dans le combat
non-violent) dont "la marche pour
l'égalité" est l'aboutissement et
qui fera de lui le personnage-clé de
cette jeunesse qui se soulève.
Cette
année 1983 est décisive. Le nombre
de jeunes qui tombent sous les
balles grossit chaque jour
davantage, c'est l'été meurtrier.
Les
nuits sont chaudes aux Minguettes mais
celle du 20 juin sera brûlante et
marquera à jamais la vie de Toumi
Djaidja. Un adolescent est aux
prises avec un chien policier. Toumi
Djaidja armé de son seul courage,
lui porte assistance pour
le dégager. C'est alors que le
policier tire sur lui à bout
portant. La bavure est flagrante et
"caractérisée". Alors même qu'il
revient à la vie,Toumi déroute ses
amis non convaincus en arrachant ces
mots du plus profond de son être:"
Il faut faire une
marche". Cette nuit
tout bascule, la vie triomphe de
la mort, l'amour de la haine,
l'espoir du chaos. La
non-violence va devenir son seul
langage, et plus encore son mot
d'ordre .
Ainsi
son destin est scellé, un symbole
est né.
Toumi Djaidja prend
alors l'initiative d'une marche
pour l'égalité. Il conduira ses
troupes et ralliera Marseille à
Paris du 15 octobre au 3
décembre, pour porter ce message de
paix qui l'habite depuis sa plus
tendre enfance, peut-être parce que
la guerre d'Algérie est passée par
là, par lui, le privant de son père.
Elle l'a traversé lui laissant
des marques indélébiles attisant sa
soif de paix, de justice et
d'égalité pour tous.
Fort
des valeurs transmises par ses
parents, et reconnaissant envers
cette terre qui les a accueillis,
lui et les siens, il dit
n' accomplir que son devoir car il
mesure précisément la chance qu'il a
de vivre en France, terre des droits
de l'homme. Il sait la valeur de la
vie et son caractère sacré.
Mêlant discrétion et humilité, force
et courage, raison et sagesse, Toumi
Djaidja s'est peu exprimé, ne
gaspillant jamais le verbe. Il a
gardé son idéal intact, ne le
trahissant jamais. Il souhaite par
dessus tout replacer l'humain au
centre de l'équation.
"La
Marche pour l'égalité est
l'expression d'une soif de justice.
C'est un message de paix que nous
délivrons à notre pays, une
déclaration d'amour que nous lui
faisons"
Toumi Djaidja
Les dernières mises à jour
|