Comment j'ai été
brutalisé par le Mossad, dans mon pays
Layli
Samedi 27 octobre
2012
Voici le récit
exact de ce qui s'est passé vendredi
soir au match de basket qui se déroulait
à Chalon sur Saône, où l'équipe de la
ville jouait contre l'équipe israélienne
du Maccabi Tel Aviv.
Je suis venu au match avec un drapeau
dans l'intention de l'exposer dans les
tribunes pour exprimer mon soutien au
peuple palestinien. Mais le stade se
trouvait quadrillé de policiers en civil
et en uniformes, ainsi que de chiens, et
très vite d'autres jeunes visiblement en
déplacement pour la même cause ont été
arrêtés, fouillés, interrogés, et
encerclés de policiers les empêchant de
faire le moindre mouvement.
Voyant qu'ils étaient ainsi immobilisés,
j'ai décidé de montrer le drapeau
palestinien que j'avais gardé sur moi,
et suis entré sur le terrain quelques
secondes avec mon drapeau visible, avant
d'être ceinturé et embarqué. Une dizaine
d'agents de sécurité en costumes noirs
m'ont escorté dans les coulisses du
Colisée, dont l'un particulièrement
virulent qui me mettait des gros coups
de poing dans le crâne, à l'arrière de
la tête, pendant mon parcours jusqu'au
responsable du dispositif.
Certains ne parlaient pas français entre
eux, et je fus davantage renseigné,
quand l'un d'entre eux s'arrêta pour
demander aux autorités locales de
vérifier l'identité d'un journaliste qui
se trouvait dans le carré de presse .
Apprenant qu'il était palestinien (et
journaliste) il demanda son évacuation
et son embarcation au poste pour
interrogatoire. A la lecture du
reportage publié par le quotidien local
"Le Journal de Saône-et-Loire", j'ai
appris, après ma libération, des détails
supplémentaires sur l'implication
directe du Mossad, de A à Z, dans le
déroulement de la soirée à Chalon sur
Saône. Ce que je trouve particulièrement
choquant.
J'appris également qu'une femme avait
été arrêtée pour avoir brandi un drapeau
palestinien à la sortie du stade, une
fois le match terminé ! Elle ne fut
libérée qu'à 6 H du matin. Une fois mis
en cellule, j'ai eu droit à diverses
insultes de la part de policiers qui
venaient me traiter de "Pauv' con" et
autres amabilités. Puis l'officier de
police judiciaire vint me dire que
j'allais être inculpé pour incitation à
la haine raciale. Alors que je réfutais
une telle accusation, il me déclara que
c'est lui décidait, pas moi. Une femme
médecin est ensuite venue me sermonner
de manière arrogante. Je lui ai dit de
s'occuper de m'ausculter et signalé les
coups qui m'avaient été portés au crâne,
sans que cela ait l'air de la troubler.
Je fus ensuite renvoyé dans ma cellule,
où je me retrouvai en compagnie d'une
personne âgée et ivre, alors qu'il n'y
avait qu'un seul lit dans ce local
exigu.
Après audition le lendemain, où je
n'avais rien à déclarer, il me fut
signifié à 13 H 30 que j'allais être
déféré devant un tribunal pour une
comparution immédiate. A 15 H, quand ce
fut mon tour de comparaître, le juge me
posa une série de questions pour savoir
si la haine était le moteur de mon
action. Je répondis que mon geste,
parfaitement pacifique, avait pour but
de dénoncer la politique d'un Etat et
que j'avais pour amis des Israéliens,
qui eux aussi s'opposaient dans leur
pays à la politique coloniale et aux
exactions contre les Palestiniens. Après
une suspension de séance, le juge fit
savoir qu'il acceptait mon refus d'une
comparution immédiate et ma demande de
report du procès, afin que je puisse
préparer ma défense. Mon procès aura
donc lieu le vendredi 9 novembre
prochain à 15 H au Tribunal de grande
Instance (TGI) de Chalon sur Saone, et
je vous remercie de votre présence et de
votre soutien face à cette manière
d'inverser les rôles, et de vouloir
criminaliser des personnes qui luttent
pour le respect des droits de l'homme et
du Droit International. Layli
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