Opinion
Appel pour la paix
du père Manuel Musallam,
Curé à Gaza de 1995 à 2009
Jean-Claude Petit et la Père Manuel
Musallam
Lundi 19 novembre
2012 Ce qui se passe à Gaza ne
surprend probablement aucun d’entre nous
tant la pression quotidienne
qu’entretient le gouvernement israélien
d’extrême droite de M. Netanyahu sur
cette terre de douleur et sur l’ensemble
de la Palestine est de plus en plus
insupportable. Bien sûr, la violence qui
répond à la violence est toujours
déplorable et retarde toujours un peu
plus le plus petit commencement de paix.
Bien sûr, les extrémismes d’où qu’ils
viennent et l’instrumentalisation de
quelque religion que ce soit (et aucune
n’y échappe) font naître et grandir dans
tous les camps la haine réciproque. Ne
soyons pas naïfs : tel est l’objectif
des ennemis de la paix.
Mais ces considérations, si justes
soient-elles, ne doivent jamais – et
particulièrement ces jours-ci – nous
faire oublier ce qui explique, en
premier lieu et en priorité, la violence
d’aujourd’hui comme celle d’hier, à Gaza
et en Cisjordanie : l’occupation de la
terre de tout un peuple et l’humiliation
quotidienne qu’elle entraine depuis 60
ans.
Des occupants contre des occupés, des
dominants contre des dominés : tel est
bien le résumé indiscutable du conflit
israélo-palestinien. Autrement dit, un
conflit colonial classique dans lequel
l’occupant s’acharne à refuser à
l’occupé la propriété de sa terre et son
droit à l’autodétermination.
Tel est aussi, très précisément, le
sens de l’appel inquiet que vient de
nous adresser le père Manuel Musallam,
curé à Gaza de 1995 à 2009. Ce juste
sait de quoi il parle, lui qui a partagé
avec les Gazaouis les atroces
souffrances de l’opération “Plomb durci”
en 2008/2009. Mais il sait aussi de quoi
il s’agit au-delà de l’épisode cruel
d’un moment que le monde politique
international et l’univers médiatique
oublieront rapidement. Comme d’habitude.
Rien ne peut se comprendre ni se
résoudre du conflit israélo-palestinien,
rappelle avec force Manuel Musallam, si
l’on ne prend pas en considération
d’abord et avant tout ce qui en
constitue la racine et le cœur :
l’occupation des Territoires
palestiniens au mépris du droit
international et l’humiliation mortifère
qui s’en suit.
Amis de Chrétiens de la Méditerranée,
où que vous soyez, lisez attentivement
l’Appel du père Musallam et faites-le
connaître le plus largement possible
autour de vous. N’hésitez pas non plus à
lui dire par courriel ou par lettre
votre solidarité avec les habitants de
Gaza. Il la leur transmettra. Pour mieux
comprendre ce qui se vit ces jours-ci à
Gaza, vous pouvez aussi lire le livre
d’entretiens « Curé à Gaza, un juste en
Palestine », publié en 2010 aux Editions
de l’Aube.
Abouna Musallam habite aujourd’hui
dans sa famille, à Bir Zeit près de
Ramallah. Il a désormais la
responsabilité de la Commission islamo
chrétienne en Palestine et du
Département des chrétiens dont la
présidence lui a été confiée par
l’Autorité palestinienne en accord avec
le patriarche de Jérusalem. Nous
l’assurons une nouvelle fois de notre
affection.
Aujourd’hui encore, Gaza et les
Gazaouis ont besoin de notre solidarité
active. La paix n’est pas matière à
option.
Jean-Claude Petit
Président de Chrétiens de la
Méditerranée
0608687454 – jcm.petit@wanadoo.fr
Adresse courriel du père Musallam :
musallammanuel@yahoo.com
APPEL POUR LA
PAIX DU PERE MANUEL MUSALLAM, CURE A
GAZA DE 1995 à 2009
PLUS
ON DONNE DU TEMPS POUR QUE LA PAIX SE
CONSTRUISE, PLUS ELLE S’ELOIGNE, AU
RISQUE DE NE JAMAIS ADVENIR !
PLUS LA GUERRE S’ACCROIT, PLUS ON
S’ELOIGNE DE LA PAIX AVEC SON CORTEGE DE
MORTS ET DE SOUFFRANCES INDICIBLES !
Chers Amis de France,
Paix et Joie dans le Christ Jésus
!
Au sujet des événements de Gaza,
je viens vous donner des nouvelles et
vous lancer un appel. Les Gazaouis ne
dorment pas la nuit en raison des
bombardements incessants, et des tirs.
Dix-huit personnes civiles sont mortes,
notamment des enfants et des personnes
âgées. Les voici de nouveau confrontés à
l’insoutenable.
Cette situation de violence
s’origine, pour les Palestiniens, dans
la longue histoire de la dépossession et
de l’occupation de leur terre (ici,
Gaza), dans la destruction de leurs
villages et dans la dispersion de
milliers de réfugiés chassés de chez eux
par Israël. Aujourd’hui, ils sont de
plus en plus acculés à une extrême
pauvreté, et toujours et encore à
l’humiliation quotidienne.
A Gaza, les habitants souhaitent
avant tout récupérer leur maison, leur
terre, leur vie, alors que l’Autorité
d’occupation maintient, et même accroît
son statuquo. C’est pourquoi les
Palestiniens défendent leur pays et
réclament l’ensemble de leurs droits, y
compris celui au retour.
Israël humilie les habitants de
Gaza. Il fait en sorte que le monde ne
comprenne pas ce dont il s’agit. Ainsi
préfère-t-il montrer avec force aux
médias du monde entier qu’il est
agressé, alors que c’est lui qui est
l’auteur de ces malheurs à travers
l’occupation insupportable et illégale
de notre pays.
Il y a une perversion dans la
présentation faite par Israël de
maintenir l’occupation de Gaza et de la
Cisjordanie, sous couvert de défendre la
liberté de son peuple. En réalité, il
prive, par la force et l’illégalité, le
peuple palestinien de sa liberté.
Celui-ci ne peut que résister à tant
d’injustice.
Israël défend l’occupation qu’il
pratique depuis 60 ans au mépris du
droit international ; il ne travaille
pas pour la liberté de Gaza et de la
Cisjordanie.
Le gouvernement israélien veut en
réalité le statuquo, invoquant les
menaces terroristes que les pères
fondateurs du sionisme furent les
premiers à utiliser à l’encontre des
Anglais et des Palestiniens qui
occupaient les lieux à l’époque.
Chers Amis de France, aidez-nous
à faire entendre la vérité au monde, y
compris dans votre propre pays !
Je veux profiter de cet appel
pour attirer aussi votre attention sur
le Saint Sépulcre, à Jérusalem, et sur
l’ensemble des Lieux Saints visités par
les croyants et les touristes du monde
entier. Je dénonce ici la volonté de
l’Etat d’Israël de vouloir récupérer des
arriérés colossaux d’eau et
d’électricité auprès des Eglises
orthodoxes, catholiques, arméniennes,
alors que la venue en grand nombre de
pélerins assure une manne financière
considérable au pays. Il s’agirait
plutôt d’inverser la « donne », en
demandant à l’Etat d’Israël de reverser
ce qui revient légitimement aux Eglises.
En réalité, l’Etat d’Israël veut
changer un statuquo établi depuis
plusieurs décennies. Après que les
Anglais aient libéré Jérusalem, tout
comme la Jordanie, du joug ottoman, il
était convenu de ratifier un statut de
Jérusalem permettant son accessibilité à
la communauté internationale et
spécialement aux chrétiens et aux
musulmans. Nous en sommes de plus en
plus loin.
De plus, de quel droit l’Etat
d’Israël s’autorise-t-il à assurer le
maintien de l’ordre à l’intérieur du
Saint Sépulcre ? Veut-il affaiblir
l’Eglise tout entière ?
Aujourd’hui, les chrétiens
autochtones de Jérusalem résistent à ces
agissements. Il faut les soutenir. Je
lance donc un appel aux chrétiens du
monde entier. Mobilisez-vous pour que
ces Hauts Lieux Saints de prière soient
libérés de l’humiliation !
Je veux enfin vous faire part de
la grave préoccupation qui s’empare des
Chrétiens et des Musulmans, depuis que
des israéliens extrémistes, de
confession juive, incendient ici une
église, là une mosquée et s’en prennent
à des couvents de religieux et
religieuses. Les croyants de chaque
confession, unis dans le respect mutuel
et soutenus par des Rabbins courageux,
dénoncent la malveillance de tels actes.
Chers Amis de France, pour
qu’enfin la paix advienne, les habitants
de Gaza et avec eux tout le peuple
palestinien ont plus que jamais besoin
de votre compréhension, de votre soutien
et de votre solidarité. Nous comptons
sur vous.
Dans l’espérance de l’Avent qui
approche et prépare la venue de
l’Enfant-Dieu, je vous adresse mes
fraternelles pensées.
Birzeit, vendredi 16 Novembre
2012
Abouna Manuel MUSALLAM
Membre de la Commission
islamo-chrétienne
et président du département des
Chrétiens
Le dossier Opération
Pilier de défense
Les dernières mises à jour
|