En direct de Gaza
Lettre ouverte au Président français
Emmanuel Macron
Ziad Medoukh
Mercredi 17 octobre 2018 Le temps n'est-il
pas venu pour que la France reconnaisse
l'Etat de Palestine ?
Monsieur le
Président,
Je vous adresse
cette lettre, non pas en tant que
responsable du département de français à
l'université de Gaza- un département
créé avec le concours du Consulat de
France à Jérusalem, et soutenu par des
associations francophones-ni en tant que
professeur chercheur universitaire ou
bien encore comme écrivain poète
d'expression française, je vous écris en
tant que simple citoyen palestinien qui
vit le blocus, la souffrance et
l'horreur dans cette prison à ciel
ouvert de Gaza.
Un Palestinien
francophone qui développe l'enseignement
du français dans la bande de Gaza en
dépit de toutes les difficultés, et cela
en coopération avec le Consulat Général
de France à Jérusalem, un consulat très
actif en faveur la Francophonie dans les
territoires palestiniens.
Mais un Palestinien
souvent bloqué dans sa ville et empêché
de sortir de sa cage pour participer à
des conférences et colloques
universitaires dans des pays
francophones à cause du blocus
impitoyable et ses fermetures des
frontières qui relient la bande de Gaza
à l'extérieur.
Un Palestinien qui
garde espoir d'un lendemain meilleur, un
lendemain de paix et de justice, et qui
a décidé de rester très attaché à son
pays et à sa ville natale, aux côtés de
ces jeunes et ces enfants afin de les
soutenir, et de leur remonter le moral
dans le contexte très difficile de Gaza.
Un Palestinien qui
a décidé de résister contre les mesures
atroces de l'occupation par l'éducation
et par l'enseignement de cette si belle
langue : le français.
Un Palestinien très
attaché aux principes de démocratie, de
liberté et des droits de l'Homme,
principes inspirés de la Révolution
française.
Un Palestinien qui
espère beaucoup en la France, le pays
qui partage avec la Palestine une somme
de valeurs : un pays très apprécié par
les Palestiniens. La France qui essaye
toujours de développer des relations
politiques, économiques et éducatives
avec les Palestiniens.
Les Palestiniens
comptent beaucoup sur la France et sur
l'Europe pour relancer le processus de
paix en plein échec, à l'agonie plus
exactement. Un processus de paix
commencé à Oslo en 1993, alors que 25
ans après les Palestiniens n'ont rien
obtenu, bien au contraire, et ils voient
leurs terres volées et colonisées jour
après jour.
Je vous écris cette
lettre au nom des enfants de Gaza qui
sont privés de leurs loisirs et de la
simple joie, des enfants qui apprennent
dans des écoles et des classes détruites
par les différentes agressions
israéliennes. Même leurs rares centres
culturels sont quasiment tous détruits
suite à des bombardements israéliens.
Je vous adresse
cette lettre au nom des jeunes
palestiniens qui ont entre 20 et 25 ans
et qui n'ont jamais quitté leur ville ;
des jeunes désespérés et qui souffrent
du chômage, du blocus, et de l'absence
de perspectives pour l'avenir.
Je vous envoie
cette lettre au nom de ces familles
palestiniennes en Cisjordanie qui
souffrent de la colonisation, du mur de
l'apartheid, des check-points de l'armée
de l'occupation, et qui malgré tout cela
envoient leurs enfants à l'école.
Je vous adresse
cette lettre au nom des mères des
enfants et jeunes palestiniens tués tous
les jours soit en Cisjordanie soit dans
la bande de Gaza par les tirs de l'armée
israélienne ; au nom des mères qui ne
trouvent personne pour effacer leurs
larmes ou clamer leur colère.
70 ans après la
décision de l'ONU nous sommes encore et
toujours occupés, humiliés et privés de
nos droits. Le temps n'est-il pas venu
Monsieur le Président, d'instaurer la
justice dans notre région ?
Nous sommes en
2018, le temps n'est -il pas venu pour
que la France prenne une décision
courageuse pour dire non à l'injustice,
à l'oppression, et pour mettre fin à
l'occupation.
Aidez -nous,
Monsieur le Président, par une décision
courageuse, qui va sans doute encourager
d'autres pays européens qui bougent sur
ce sujet, à reconnaître notre Etat afin
d'aider à mettre fin à la souffrance de
toute une population civile et à
réaliser les espérances et les
revendications de tout un peuple.
Nous demandons un
geste politique fort et utile à la
France : nous lui demandons la
reconnaissance de l'Etat de la
Palestine. Nous demandons de la France
une décision pour la justice car nous
croyons qu'elle a une voie singulière à
exprimer dans notre région.
Nous sommes pour
une paix juste et durable, une paix qui
passera avant tout par l'application des
décisions internationales et par la
création d'un Etat palestinien libre et
indépendant.
Vive la France !
Vive la Palestine !
Vive les relations
franco-palestiniennes !
Veillez accepter
Monsieur le Président, mes meilleures
salutations distinguées de Gaza la vie.
Ziad Medoukh
Citoyen de
Gaza-Palestine
ziadmedoukh@hotmail.com
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