De Gaza
La bande de Gaza : blocus, agressions et
souffrance, mais pas de haine
Réalité d'une région toujours occupée
Ziad Medoukh
Ziad
Medoukh
Vendredi 11 avril 2014
C’est difficile de parler de moments de
joie à Gaza, même s’ils existent.
J'aimerais parler de ces moments, et
faire connaître aux amis et aux
solidaires la volonté remarquable de
notre population civile qui s’attache à
la vie, continue d'y
croire, continue de rester digne sur sa
terre, et confiante, malgré le blocus et
la souffrance. Mais, chaque fois, il y a
des morts, des blessés, des attaques et
des agressions israéliennes qui touchent
souvent les civils et qui m’obligent à
communiquer ces événements dans mes
messages et mes articles.
J’essaie, comme un simple citoyen
palestinien de Gaza, d’informer les
mouvements de solidarité dans le monde
francophone et les amis, afin de
partager notre peine, afin que nous ne
nous sentions pas seuls ou
abandonnés dans la réalité atroce de
cette région toujours occupée et
encerclée par une occupation qui veut
écraser la volonté extraordinaire et la
patience exemplaire d’une population,
cette population qui veut la vie, qui
persiste, qui résiste et qui garde
espoir, une population enfermée,
agressée, souffrante, mais digne.
Je suis un citoyen qui souffre avec tous
les habitants des coupures
d’électricité, du manque de beaucoup de
médicaments, de la pénurie de carburant,
ces habitants qui éprouvent énormément
de difficultés à sortir de Gaza, mais
qui ont décidé de rester attachés à leur
terre, aux côtés d’une jeunesse
déterminée. Je donne des témoignages, en
toute objectivité, sur la réalité vécue
par la population, au quotidien, loin de
la haine.
Malheureusement, actuellement, à Gaza,
c’est la souffrance, les difficultés,
les bombardements, les incursions, les
agressions, la fermeture des frontières,
le blocus israélien inhumain, et
l’absence de perspectives pour l’avenir.
Les forces de l’occupation ne veulent
pas laisser les Palestiniens de Gaza
mener leur vie normalement, elles
rendent cette vie très difficile, elles
essayent de provoquer les forces de
résistance par leurs agressions
permanentes.
Ces agressions sont quotidiennes :
contre les pêcheurs, les paysans,
incursions, destruction des arbres, des
maisons, arrestations des
pêcheurs, réduction de la zone de pêche,
remise en place de la zone tampon.
On compte plus de 50 morts palestiniens
en pleine trêve depuis la dernière
agression israélienne de novembre
2012 (contre deux israéliens tués) et
plus de 1000 violations israéliennes de
cette trêve.
Les habitants de Gaza se font
assassiner, presque tous les jours, sans
décence, par l’armée de l’occupation. Il
s’agit d’une politique délibérée, d'un
mépris de la vie humaine.
Le problème est que personne n'en
parle, ni les médias, ni les
organisations des droits de l’homme,
mais le plus grave aussi est que ceux-ci
approuvent la version israélienne.
Des observateurs et des médias, voire
des personnes dites démocrates et
progressistes, reprennent cette version.
Ils déclarent que les personnes
assassinées à Gaza sont des combattants
et non des civils, et que les
attaques et agressions sont
souvent des ripostes à des missiles et
des roquettes lancées par des factions
palestiniennes contre les colonies
israéliennes proches de la bande de
Gaza Mais les femmes, les personnes
âgées, les enfants, les paysans, les
pêcheurs et les ouvriers qui ont été
tués par l’armée israélienne sont-ils
des combattants ? Et de quel mouvement
ou de quelle faction ?
On a vu lors des derniers raids
israéliens sur Gaza début mars 2014,
comment les médias ont couvert ces
événements, et on a entendu
l’Europe officielle s'élever contre la
chute de roquettes venues de Gaza,
sans toucher mot du blocus israélien
qui entre dans sa huitième année : deux
poids, deux mesures !
On entend dire aussi que le blocus est
égyptien, ou que le gouvernement qui
dirige Gaza est responsable de cette
situation! Ma réponse est simple : le
blocus est 100% israélien, et la
punition israélienne veut atteindre les
civils de Gaza. On a vu que lors de deux
attaques militaires israéliennes, en
2009 et 2012, ce sont les
infrastructures civiles qui ont été
visées, comme les routes, la centrale
électrique et les usines.
Tout cela est révoltant, c’est de
l’injustice, c’est la haine de
l’occupant, mais notre volonté est plus
forte que leur haine, nous avons choisi,
nous, de rester à Gaza , en dépit de
toutes ces difficultés. Très attaché à
la vie, on s’adapte, on construit, on
reconstruit, on vit simplement et on
espère !
Nous avons appris de nos mères à
être tolérant, à n'avoir point de haine,
et nous sommes en train de transmettre
ces principes à nos enfants.
On n’attise pas la haine, on informe, on
décrit la dure réalité, telle qu’elle
est.
Nous avons choisi la vie et pas la
mort, nous préparons un avenir meilleur
pour nos enfants, nous les envoyons à
l’école, nous leur enseignons la
tolérance.
Les Palestiniens, en majorité, veulent
vivre en paix, mais les provocations,
les attaques israéliennes d’une part et
les médias étrangers qui cherchent des
clashes, ne montrent pas la vraie
réalité de Gaza.
Toutes les mesures de l’occupation
incitent les Palestiniens à la haine,
mais les Gazaouis sont contre les
provocations, ils continuent de
mener leur vie sous les menaces
israéliennes, ils gardent espoir,
mais sans haine, malgré tout.
L’armée de l’occupation contrôle tout,
le ciel, la terre et la mer de Gaza,
détruit une maison appartenant à un
civil, bombarde un quartier en pleine
nuit, tue un adolescent qui se trouve à
coté d’une zone frontalière, blesse un
pêcheur ou un paysan, attaque la seule
centrale électrique, interdit l'entrée
des carburants. Alors, comment les gens
de l’extérieur si mal informés par leurs
médias peuvent-ils nier cette dure
réalité ?
Les médias étrangers se taisent quand un
palestinien de Gaza qui manifeste
pacifiquement est tué, mais ils parlent
quand il y a une attaque israélienne,
riposte à un missile lancé de Gaza. Ce
missile ne fait pas de dégât,
c’est une façon symbolique de résister,
mais il est utilisé par l’armée de
l’occupation pour assassiner, tuer,
détruire et écraser la volonté
remarquable d’une population civile.
Pourquoi ces médias et ces gens ne
parlent-ils jamais du développement de
la résistance par la non-violence et des
manifestations pacifiques de ces jeunes
palestiniens de Gaza, souvent réprimées
par les forces de l’occupation
israélienne ?
Ces gens qui nient la dure réalité vécue
par notre population civile ne savent
pas ce qu'est une occupation, une
humiliation, ils ne savent pas ce que
c'est de laisser un patient mourir à un
passage, ils ne savent pas ce que c'est
d'attaquer la seule centrale électrique
et d'interdire l'entrée du fioul
et du carburant, ils ne savent pas ce
que c'est de briser le rêve d’un jeune
qui voulait poursuivre ses études à
l’étranger, ils ne savent pas ce que
c'est de n'avoir que six heures
d’électricité par jour. Ajoutons à
cela les enfants qui effectuent des
dizaines de kilomètres à pied pour
rejoindre leurs écoles car les moyens de
transport sont paralysés, le
paysan qui risque sa vie pour chercher
de quoi nourrir sa famille, le
pêcheur qui continue de pêcher malgré
les menaces de mort, sous les tirs de la
marine israélienne dans la mer de Gaza,
et maints exemples de ces attaques et de
ces provocations contre les civils..
Oui, pas de haine, même si toutes les
provocations israéliennes veulent nous
pousser à la violence. Non, notre combat
n’est pas contre les juifs, ni les
civils, notre vrai combat est contre les
colons et les soldats israéliens qui se
trouvent de façon illégale dans des
territoires reconnus occupés par les
Nations-Unies. Nous voulons vivre en
paix, mais une paix dans la justice.
Un dernier mot : la plume de paix des
Palestiniens est plus forte que le feu
de haine des occupants, comme la lumière
de l’amour l’emporte sur les ténèbres de
l’horreur.
Un seul mot aux gens qui nient toute
cette souffrance et cette réalité dure
de Gaza : soyez humains.
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