En direct de Gaza
Un an après, rien n'a changé à Gaza
Ziad Medoukh

Lundi 6 juillet 2015
7 Juillet 2014, 7 juillet 2015! Un an
déjà, un an a passé, un an s’est écoulé
depuis le début de la nouvelle
agression israélienne contre la bande de
Gaza en juillet-août 2014-la troisième
en cinq ans-. C’est comme si c’était
hier, un événement terrible en
Palestine, un véritable carnage à Gaza,
des crimes et des massacres israéliens
contre des civils et des innocents.
Cette nouvelle attaque avait pour
objectif de briser la volonté d’une
population résistante, d'une population
courageuse qui a résolu de défier le
blocus, mais qui a surtout décidé de
rester attachée à sa terre, en dépit de
toutes les difficultés et des mesures
atroces d’une occupation aveugle.
Je ne vais pas revenir dans cet article
sur les événements tragiques de cette
dernière offensive contre la
population civile de Gaza, une offensive
menée par une puissance militaire contre
des enfants, des femmes, des personnes
âgées, et des innocents , dans un
territoire enfermé, isolé et soumis
à un blocus inhumain, offensive qui a
duré plus de 50 jours .
Je ne vais rappeler les pertes humaines
de ce nouveau pilonnage - plus de 2200
morts, parmi eux, 600 enfants, et 11000
blessés, civils et enfants en majorité-,
sans oublier la destruction massive de
l'infrastructure civile de la bande de
Gaza.

Je ne vais rappeler
ce drame, parce que le monde entier le
connaît, mais je veux seulement dire à
ce monde que rien n’a changé dans notre
région oubliée, un an après ce nouveau
massacre contre nos civils.
Ces jours-ci, les
Palestiniens en général, les habitants
de Gaza en particulier et avec eux, tous
les solidaires internationaux,
commémorent le premier anniversaire de
l’agression israélienne de l’été 2014
Difficile
d’oublier- et il sera difficile
d’oublier, même après des années et des
années-, difficile de sortir de nos
mémoires ces images bouleversantes de 50
jours de bombes, de missiles et
d'attaques sanglantes.
Il est impossible
pour nous Palestiniens de Gaza d’oublier
la guerre, les morts et les blessés, les
maisons et les écoles détruites, les
massacres, et les crimes commis par
cette armée d’occupation, contre nos
femmes et nos enfants, contre nos biens
et nos structures, contre notre volonté
et notre résistance, contre notre avenir
et notre existence.

Un an après : aucun
projet de reconstruction privé ou public
n’a commencé dans les rues de Gaza qui
témoignent de la barbarie subie pendant
ces 50 jours. Partout, ce ne sont que
ruines des maisons, des immeubles, des
mosquées, des écoles, des stades, des
usines ou des bâtiments détruits et
visés par les bombardements israéliens.
Un an après : les
attaques et les agressions se
poursuivent jour et nuit provoquant la
mort de civils et des dégâts importants.
Et cela se poursuivra tant que ces
crimes resteront impunis, et tant que
cette état d’apartheid et d’occupation
ne sera pas jugé pour les crimes de
guerre commis contre les enfants de
Gaza.
Un an après : rien
n’a changé pour les sans abris, plus de
10.000 habitants vivent toujours sous
des tentes ou à côté des ruines de leurs
maisons détruites dans des conditions
très difficiles, aucune habitation n’a
été réparée, à cause du maintien du
blocus et de l’interdiction d’entrée,
par ordre militaire israélien, des
matériaux de construction.
Un an après :
beaucoup d’événements se sont passés en
Palestine, dans la région, et dans le
monde, mais pour la population civile de
cette région abandonnée : rien n’a
changé.
Un an après : Gaza
est toujours sous blocus, Gaza subit les
bombardements et les raids israéliens,
Gaza est plus que jamais une prison à
ciel ouvert. Et l’armée de l’occupation
interdit et attaque les flottilles de
liberté internationales qui visent à
briser ce blocus inhumain.
Un an après cette
nouvelle offensive, la situation
stagne, rien ne bouge. Pour plus de 1,8
millions Gazaouis toujours
enfermés, cette situation reste très
grave à tous les niveaux, surtout sur le
plan humanitaire, malgré, partout dans
le monde, la mobilisation internationale
contre les crimes israéliens et malgré
les promesses de reconstruction rapide.

Un an après, suite
à leur résistance remarquable contre les
armes de l'aviation, de la marine et la
force terrestre israéliennes, rien ne
semble différent pour les Palestiniens
de Gaza, toujours à la recherche d'une
solution politique et pas seulement
humanitaire. Les passages et les
frontières avec l'extérieur sont souvent
fermés par ordre militaire israélien et
les produits alimentaires et autres qui
entrent à Gaza sont rares. Les autorités
israéliennes ouvrent le seul passage
commercial qui relie la bande de
Gaza à l’extérieur deux ou trois fois
par semaine pour permettre l'entrée de
300 camions et de quelques convois
humanitaires. Parmi ces camions, 5
à 6 seulement contiennent
des matériaux de construction, souvent
destinés aux projets internationaux. Ce
passage se ferme sous n’importe quel
prétexte, par décision israélienne, sans
prendre en considération les besoins
énormes de la population civile.
Chaque foyer à Gaza
n’a droit qu’à 8 heures
d’électricité par jour, car la seule
centrale électrique, qui a été détruite
en juillet dernier, ne fonctionne pas,
par manque de fioul et de carburant. Les
conséquences sont dramatiques pour les
hôpitaux, les centres médicaux, et les
institutions éducatives.
L’armée israélienne
viole presque tous les jours l’accord du
cessez le feu et ne respecte pas la
trêve. Souvent, les chars mènent des
incursions dans la bande de Gaza. Les
soldats contrôlent toujours les
zones tampons sur les zones frontalières
et tirent sur les paysans. La marine
empêche l’extension de la zone de pêche
et tire sur les pêcheurs palestiniens et
leurs bateaux. Malgré la retenue des
factions de Gaza, l’armée d'occupation
poursuit ses provocations.
Les Palestiniens de
Gaza craignent la reprise des attaques
israéliennes à n’importe quel moment et
sous n’importe quel prétexte, car la
communauté internationale officielle qui
a gardé un silence complice durant
l’offensive israélienne de l’été
dernier, n'exerce pas de pressions sur
le gouvernement israélien afin qu'il
lève le blocus imposé à la population
depuis plus de 8 ans.
Les habitants de
Gaza, épuisés à la fin de cette
nouvelle agression, ont peur pour leurs
enfants et leur avenir. Ils espèrent le
début rapide des projets de
reconstruction, notamment après les
promesses internationales.
L’aspect le plus
grave de toute cette situation
difficile, aspect qui marque l’esprit de
la majorité des habitants, est l’absence
de perspectives pour ces gens qui ne
voient aucun changement. C’est un
sentiment horrible qui va influencer
l’avenir de cette génération, surtout
des jeunes.
Les Palestiniens de
Gaza attendent, attendent. Ils attendent
une ouverture, ils attendent la levée de
ce blocus inhumain, imposé depuis plus
de 8 ans, ils attendent une réelle
réaction internationale qui mette fin à
l’impunité de cet occupant. Ils
attendent avec un courage à toute
épreuve, une sérénité exemplaire et une
volonté remarquable.
En attendant, à
Gaza, la vie continue, ses habitants
confiants et déterminés s’adaptent
et montrent une patience extraordinaire,
ils tiennent bon, persistent,
patientent, résistent, restent à côté de
leurs maisons détruites, mais surtout,
ils continuent d’espérer, espérer
un changement radical, une solution
politique. Ils espèrent en un lendemain
meilleur, un lendemain de liberté, de
paix, mais, avant tout et surtout, un
lendemain de justice.
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