Palestine
Ha’aretz salit la famille Tamimi
pour contrer
la solidarité mondiale avec Ahed, 16 ans
Yoav Litvin
Jeudi 11 janvier 2018 Article paru en
anglais sur Mondoweiss le 5 janvier 2018
"Promouvoir
l’accusation de meurtre ? Fait.
Glorifier le terrorisme ? Fait. Fêter
les morts israéliens ? Fait. Ahed Tamimi
et sa famille ne se battent pas pour la
paix, et ils ne combattent pas seulement
l'occupation : ils se battent pour
détruire Israël, et leur combat est
assaisonné de haine des Juifs." (~
Haaretz 1/4/18)
Voilà comment Petra Marquardt-Bigman
commence son article publié hier par
Ha’aretz, le principal quotidien
libéral d’Israël.
Intitulé «
Ahed Tamimi et sa famille ne sont pas
les saints palestiniens que vous
voudriez qu’ils soient», l’auteur
monte un dossier contre toute la famille
Tamimi et présente une histoire infestée
de supposée haine juive, d’apologie du
terrorisme et de vilénies générales
anti-Israël et anti-paix.
Et comme dans toute trollerie (1)
moderne et blog professionnel qui se
respectent, Marquardt-Bigman l’orne
d’une série de captures d’écran de
Twitter (apparemment maintenant
supprimés), de témoignages et de vidéos
comme preuve de cette malveillance.
Comme s’il était extrait d’un manuel de
hasbara(2) ou du programme de
cours
Polisci101 sur la propagande,
l’article utilise un éventail de
techniques alarmistes pour présenter un
récit décontextualisé et partial dans
lequel les Tamimi en général, et Ahed en
particulier, méritent tout ce que les
forces israéliens leur font subir.
Rien sur l’occupation ou le droit
international, pas un mot sur les
nombreuses tragédies vécues par les
Tamimi du fait des soldats israéliens,
aucune mention sur l’intégralité de
l’incident qui a conduit à l’arrestation
d’Ahed, à savoir la bousculade du soldat
qui a précédé la fameuse gifle d’Ahed.
L’article existe dans la réalité
sioniste dans laquelle les juifs
(représentés par les soldats israéliens)
ont été brutalement traqués et attaqués
par une petite vipère palestinienne,
ennemi n°1 de l’Etat et du peuple juif,
rien de moins – Ahed Tamimi.
Et c’est un article de propagande
particulièrement efficace pour trois
raisons :
1. L’article a été publié sur
Ha’aretz, la principale source
libérale d’informations d’Israël,
juste après qu’Israël ait inculpé
Ahed Tamimi d’une série d’infractions, y
compris la grave accusation d’ «
incitation ». Il est donc destiné à
étouffer toute forme de résistance
israélienne et juive à ses inculpations
et à l’incarcération en cours, qui peut
durer de nombreuses années, en
particulier venant des libéraux et des
centristes qui constituent la majorité
du lectorat du Ha’aretz.
2. Contrairement à la couverture
ouvertement misogyne et aux déclarations
scandaleuses
faites par Ben Caspit dans le
quotidien de droite Ma’ariv à
propos d’Ahed Tamimi elle-même,
Marquardt-Bigman essaie de ternir la
réputation de toute la famille Tamimi,
et implicitement d’Ahed. Elle le fait en
utilisant un éventail de techniques
alarmistes, qui comprennent des
accusations de terrorisme et de
sympathie nazie. Cette technique reflète
la diabolisation de tous les
Palestiniens par Israël, des «
terroristes », des « serpents » et même
un « cancer », en omettant de présenter
leur résistance dans son contexte
historique approprié et d’assumer ainsi
la responsabilité des crimes du
sionisme.
Marquardt-Bigman essaie de salir tous
les partisans d’Ahed comme soutiens
terroristes en impliquant le militant
israélien pro-palestinien Miko Peled.
L’auteur a notamment déjà
calomnié Peled par le passé.
Mais Marquardt-Bigman n’en est pas à son
coup d’essai en matière d’attaque des
opposants à Israël et au
sionisme. En fait, elle en a fait
une carrière. Comme tous les autres
propagandistes, elle confond souvent
antisémitisme et antisionisme et publie
régulièrement de piètres articles sur
des faits historiques réels et riches en
exagérations et attaques ad hominem.
Dans
un article récent publié par The
Algemeiner, elle accuse Max
Blumenthal d’avoir :
« (…) des fans sur des forums néo-nazis
et nombreux autres organes médiatiques
qui s’adressent à ceux qui haïssent les
juifs. »
Mais c’est en fait Marquardt-Bigman qui
obéit au doigt et à l’œil à la ligne
sioniste qui a inspiré des groupes
d’extrême-droite en Europe et des
fascistes d’extrême-droite aux
Etats-Unis comme Richard Spencer, qui se
qualifie lui-même de « sioniste
blanc ».
Elle exprime également son entichement
pour les nazis dans le même article, où
elle poursuit aussi l’historien de
l’Université de Columbia, Joseph Massad,
qui discute avec Blumenthal de la
collaboration sioniste-nazie dans les
années 1930 connue sous le nom d’accord
Haavara. Marquardt-Bigman ne présente
aucun élément de preuve pour réfuter les
affirmations de Massad, mais continue à
l’appeler le « professeur tourmenteur de
juif » et tord méchamment ses propos,
indiquant que : « L’incidence évidente
de l’opinion de Massad est qu’il est
dommage que les nazis aient tué
seulement six millions de juifs – après
tout, si ces juifs sionistes
maléfiques ne s’étaient pas échappés
d’Europe à temps et n’avaient pas fait
tout leur possible pour permettre à
d’autres de les rejoindre, les nazis
auraient réussi à en tuer davantage. »
La question est pourquoi Ha’aretz,
un organe soi-disant libéral,
publie-t-il un article sur les Tamimi
diffamatoire, partial et décontextualisé,
écrit par une propagandiste connue, en
ce moment, c’est-à-dire alors qu’Ahed et
Nariman Tamimi sont toujours en prison ?
La réponse semble être que Ha’aretz
essaie désespérément d’apparaître «
équilibré » en s’adressant aux lecteurs
de droite. Mais ce qu’il fait, c’est
préparer l’opinion publique à la réalité
potentiellement dystopique dans laquelle
une adolescente palestinienne de 16 ans
ira peut-être en prison pour le crime
d’avoir giflé son oppresseur, pour une
période beaucoup plus longue que Elor
Azaria, - un soldat des forces
israéliennes qui a été filmé exécutant
sommairement
un Palestinien désarmé et gisant au sol
[Abed al-Fattah Yusri al-Sharif, ndt],
et qui va être bientôt libéré et
recevoir un accueil de héros.
L’article de Marquardt-Bigman est une
réponse au soutien large et croissant
pour les Tamimi et pour Ahed en
particulier. C’est une tentative de
minimiser la résistance des sionistes
libéraux dans le cas d’une incarcération
prolongée d’Ahed Tamimi, 16 ans. De
plus, il discrédite ceux qui ont adopté
Ahed comme un symbole de la résistance
en tant qu’ennemis des juifs, des
sionistes et de l’Etat d’Israël.
Les juifs libéraux de partout doivent
faire un choix – soutenir l’oppression
et la propagande sioniste
alarmiste, qui se confondent ouvertement
avec la montée des forces néofascistes
dans le monde entier, ou embrasser
l’appel à l’égalité et à la justice pour
les Palestiniens et tous les peuples
opprimés.
(1) Trolling : sur Internet, «
troll » se dit d’une personne qui aborde
et relance à plaisir des sujets
polémiques.
(2) Hasbara : terme utilisé par
Israël et les groupes
pro-israéliens pour désigner des
opérations de communication et de
propagande qui cherchent à défendre le
point de vue et la politique de l’État
d’Israël auprès de l’opinion
publique internationale. Le ministère
des affaires étrangères israélien
propose ainsi à la diaspora juive des
cours en ligne de hasbara (Wikipédia)
Source :
Mondoweiss
Traduction : MR
pour ISM
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