«C’est horrible ce qui se passe en
Palestine, c’est inhumain», s’est
exclamé l’ambassadeur de Palestine en
France, lors d’une rencontre informelle
avec la presse, pour expliquer ensuite
que la stratégie guerrière du
gouvernement israélien est «suicidaire»
pour la société israélienne elle-même.
Nous sommes en face d’un génocide
avec une complicité internationale.»
«Ce qui se passe sur le territoire
palestinien, c’est plus que des
crimes de guerre au sens de la
convention de Genève», affirme Yael
El Fahoum, ambassadeur de Palestine
en France. Il dénonce un «niveau
d’aveuglement grave» de la part des
soutiens inconditionnels de la
politique du gouvernement ultra
conservateur de Tel-Aviv, tout en
précisant qu’il ne s’agit pas d’«un
conflit confessionnel», en voulant
pour preuve qu’«il y a des juifs qui
soutiennent la cause palestinienne
parce qu’ils ont la volonté de
soutenir les opprimés». Il ne s’agit
pas non plus d’«un problème
humanitaire», c’est «un problème
politique
de droit international».
Concernant la position de la
France sur l’agression israélienne
contre Ghaza, le diplomate
palestinien s’estime «un peu déçu
par les hauts responsables français,
ils ne veulent pas parler
d’occupation, or c’est le cœur du
problème. La France peut être un
élément utile à la paix». Et de
noter que «par milliers, des lettres
et des messages d’élus, de
responsables politiques parviennent
au chef de l’Etat français choqués
par le manque d’action de
l’Exécutif. Cette mobilisation se
produit pour la première fois».
La communauté internationale
est-elle inactive ? «Plus
qu’inactive, la communauté
internationale est complice», répond
l’ambassadeur. «Après le massacre de
nos enfants, le Congrès US décide
d’octroyer une nouvelle aide
militaire à Israël. Est-ce pour
donner à l’armée israélienne plus de
moyens pour tuer ?» Et de rappeler
que «ce ne sont pas les Palestiniens
qui s’en sont pris aux juifs pendant
la Deuxième Guerre mondiale, mais
des Européens».
«Les Palestiniens ont payé le
prix fort. Ce n’est pas aux
Palestiniens de payer pour les
crimes commis contre les juifs»,
insiste M. El Fahoum.
«Les Palestiniens sont agressés
depuis plus de 70 ans». Et aussi :
«On n’a pas besoin de déclarations
mais d’actes. D’acteurs neutres, non
partisans. Il y a trop d’acteurs qui
tentent d’utiliser le problème
palestinien pour leur propre
intérêt.» «Nous demandons à la
communauté internationale de
défendre une paix juste.»
Le scénario de l’agression
israélienne contre Ghaza a été bien
préparé à l’avance, estime Yael El
Fahoum. «Netanyahu a besoin de
l’argument de la violence et nous,
nous ne voulons plus tomber dans ce
piège.» «Pour Netanyahu, tous les
Palestiniens sont des terroristes.
Il tente de présenter les
Palestiniens comme un peuple
agressif, violent, qui ne veut pas
la paix, ce n’est pas vrai. On a
accepté un Etat sur 22% de notre
territoire», soit 60 km2 pour 2
millions d’habitants !
«L’objectif de Netanyahu est de
casser la dynamique diplomatique
pacifique de l’Autorité
palestinienne, de diviser les
Palestiniens et de faire échouer les
négociations», estime le
représentant de l’Autorité
palestinienne. «Le gouvernement
israélien veut empêcher toute forme
de rapprochement entre les parties
palestiniennes. Le peuple
palestinien est uni sur les mêmes
objectifs : un Etat sur les
frontières de 1967 avec Jérusalem
comme capitale et le retour des
réfugiés.» «Nous avons choisi
l’action pacifique, sous toutes les
formes possibles, à la réaction.»
Le plan de l’Autorité
palestinienne repose sur la levée du
blocus, la libération des
prisonniers, une protection
internationale, l’ouverture d’un
débat sur une protection
humanitaire. «Sinon, nous irons
devant la Cour internationale pour
tous les crimes commis par Israël.
La Palestine a le droit d’accéder au
Traité de Rome.»
Appel pour une protection
internationale du peuple palestinien
«A Ghaza, une force d’occupation
militaire tue et blesse des enfants,
des femmes et des hommes innocents
enfermés dans ce qu’il est convenu
d’appeler une prison à ciel ouvert.»
Des enfants sont massacrés sur la
plage, des ambulances pilonnées, des
écoles et des hôpitaux éventrés, des
quartiers sont rasés.
«On ne peut laisser faire plus
longtemps ! On ne peut laisser
tranquilles les gouvernements et
l’Union européenne, qui ont les
moyens de faire cesser ces crimes.
Ils disposent des outils juridiques,
politiques, commerciaux pour faire
entendre raison au gouvernement
ultra-droitier et guerrier de
Tel-Aviv. Ils peuvent également
prendre immédiatement la décision
d’envoyer une aide humanitaire,
médicale et sanitaire d’urgence pour
aider les victimes et en premier
lieu les nombreux enfants touchés
par cette tragédie.
Ils ont une lourde responsabilité
face à l’histoire !», estime Patrick
le Hyaric, directeur de l’Humanité,
député européen et citoyen d’honneur
de la Palestine, pour expliquer
l’appel publié lundi par l’Humanité
«Pour une protection internationale
du peuple palestinien» , porté par
une centaine de personnalités
et ouvert à signature. Les
initiateurs de la pétition appellent
le gouvernement français et les
autorités européennes à «prendre des
initiatives à la hauteur du drame
qui se noue et pour obtenir un
cessez-le-feu immédiat.
Que les armes se taisent et que
l’on prenne le chemin du dialogue,
de la diplomatie et de la
politique ! La base de celui-ci est
le droit international, la fin du
blocus de Gaza, l’arrêt de la
colonisation, la fin de l’occupation
et la libération des prisonniers
politiques palestiniens.
C’est la condition de la paix et
de la sécurité pour les peuples
israélien et palestinien». Et de
demander que le peuple palestinien
soit «placé sous protection
internationale et que la France et
l’Union européenne proposent
d’urgence une aide humanitaire,
médicale et sanitaire pour les
victimes, en commençant par les
enfants».
N. B.