Opinion
Massacre à Gaza et dépeçage des pays
arabes
Xavière Jardez
Photo:
D.R.
Vendredi 1er août 2014
(AFI-Flash – août 2014)
Gaza - Plus de 1450 Palestiniens tués
en trois semaines - 85% étant des
civils, et 242 des enfants selon
l’UNICEF -, des milliers de
blessés, de réfugiés, à la suite, entre
autres, de l’appropriation de 40% de la
bande de Gaza par Israël. Côté
israélien, 61 soldats tués (normal)
et deux morts de civils sans aucune
information sur la cause. Cette «
intervention » ou « cette
offensive » (ô que la presse
française a la vertu des mots !) se
justifierait par la mort des trois
jeunes colons juifs enlevés et tués. Or,
ni le Hamas, ni aucun groupe de
résistance palestinien n’a revendiqué le
crime et Israël n’a fourni aucune preuve
ou information liant les organisations
palestiniennes ou un Palestinien à la
mort des trois colons.
Cela ne fait rien : Israël, occupant
et colonisateur de la Palestine, possède
le droit inaliénable de se défendre,
comme reconnu par les puissances du
moment, contre les Arabes, car, ne
l’oublions pas, les Palestiniens n’ont
pas droit à ce nom en Israël car ils ne
sont que des Arabes, des musulmans, et
des terroristes, cibles de la vindicte
du peuple juif pour les roquettes qu’ils
tirent sur le sud d’Israël qui ne font
guère de victimes car le plus souvent
détournées ou arrêtées. Mais, la vraie
raison de cet abominable massacre est de
torpiller l’accord conclu, il y a
quelques mois, entre le Hamas
et l’OLP pour un gouvernement
d’union et de vider le Hamas de
sa substance politique et militaire.
Et Israël se défend dans un carnage
sans nom, une barbarie (ça ne vous
rappelle rien) qui n’épargne ni
enfants, ni femmes, ni écoles, ni
hôpitaux, ni habitations – rien
- pour faire de la bande de Gaza une «
terre brûlée » comme l’avoue
Dany Danon, vice-ministre israélien de
la Défense, ajoutant qu’Israël ne
s’arrêtera « que lorsque le Hamas
aura été détruit ». Et pour ce
faire, les armes lourdes parlent et on
peut se demander si, tout comme pour
Falloujah en Irak, lors de l’assaut des
Américains contre cette ville, en
2004-2009, où une arme nouvelle a été
testée, la bombe thermobarique, les
Israéliens, dotés des armes les plus
sophistiquées par les Etats-Unis, n’y
ont pas recours, comme ils le font pour
mater les manifestations en Cisjordanie,
ces jours-ci, avec leur « dirty
water » (Le Monde, 29/07/2014),
un mélange de produits toxiques qui, de
la rue, infeste ensuite les maisons et
incommode les habitants.
Pour mémoire, au cours de la période
2009-2019, les Etats-Unis vont fournir à
Israël pour 30 milliards de dollars
d’armement (et continuent à l’heure
actuelle à lui adresser le matériel
nécessaire pour ses frappes sur Gaza,
RFI 30/07/2014). Les pays européens
ne sont pas en reste avec des
exportations d’équipements militaires
pour des milliards d’euros et des prêts
de recherche à des sociétés d’armement
et universités de ce pays pour des
centaines de millions d’euros. Il est
vrai qu’Israël est la plaque tournante
du commerce des armes vers d’autres
pays, ceux qui, par exemple, sont
l’objet d’un boycott ou de sanctions.
Et l’on s’étonne ainsi que ni les
Etats-Unis, ni l’Europe, ni l’ONU
ne s’élèvent contre cette guerre atroce
aux relents de vengeance, contre cette
volonté de réduire à néant les
Palestiniens et la Palestine, contre
cette sempiternelle violation du droit
international par Israël, sauf quand des
bâtiments de l’Organisation des
Nations unies ont été touchés. Dans
ce cas, c'est le Hamas qui est suspecté
d’y cacher des armes…
Cette indifférence, cette
insensibilité des gouvernants comme des
gouvernés rappelle douloureusement la
révolte du ghetto de Varsovie en avril
1943 dont un des chefs, Samuel
Zygielbojm, écrivait avant de se
suicider « La responsabilité du
crime... incombe en premier lieu aux
fauteurs du massacre, mais elle pèse
indirectement sur l’humanité entière,
sur les peuples et les gouvernements des
nations alliées qui n’ont, jusqu’ici,
entrepris aucune action concrète pour
arrêter ce crime... Par ma mort, je
voudrais, protester contre la passivité
d’un monde qui assiste à l’extermination
du peuple juif et l’admet. ».
Pour Israël et ses alliés proches, il
ne s’agit pas seulement de détruire
physiquement la Palestine, les Arabes et
les Musulmans. La propagande doit y
contribuer. C’est ainsi qu’une fausse
rumeur a été répandue par nul autre
personnage que la représentante de l’ONU
en Irak, Jacqueline Badcock, à savoir
que l’Etat Islamique (EI), dont
l’influence ne dépasse pas deux poches
de territoires autour de Mossoul
entendait, par une fatwa, y introduire
l’excision pour les femmes. Or, cette
pratique n’a jamais existé en Irak, sauf
pour une petite minorité chez les
Kurdes. On aurait pu penser que Mme
Badcock avait vérifié ses sources avant
d’être démentie par les journalistes et
l’AFP d’autant que ce faux
était déjà paru en 2013 sur les réseaux
sociaux. D’autres rumeurs sur l’Etat
Islamique circulent comme celle de
l’église Saint Ephrem, à Mossoul,
incendiée alors que la vidéo diffusée
sur You Tube était celle d’une
église copte brûlée en Egypte… ou d’un
supposé hold-up de 400 millions de
dollars lors de la libération de la
ville, début juin. Comme si la réalité
n’est pas suffisamment dramatique avec
ses nettoyages religieux de chrétiens,
de chiites turkmènes, de yézidis et de
mandéens, d’autres rumeurs circuleront
encore en Irak et en Syrie sur Daash…
et en Palestine sur le Hamas et
l’OLP… ou sur les musulmans en
général pour participer au dépeçage des
pays arabes et à l’islamophobie
ambiante.
Photo : Gaza,
l’horreur des bombardements israéliens
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 1er août 2014 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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